Antifascisme - Extrême-droite

Répression contre les antifascistes à Turin

Ce matin (23/07/20) à l’aube, la police de Turin est entrée dans les maisons de nombreux étudiant.e.x.s de l’UniTo pour notifier l’assignation à résidence et d’autres mesures de précaution pour les événements qui se sont produits en février de l’année dernière.

Italie |
Texte trouvé sur le site autonome italien InfoAut traduit en français.

A cette occasion, de nombreux.ses étudiant.e.x.s avaient commencé à protester contre une distribution de tracts par FUAN, une organisation raciste, sexiste et xénophobe qui fait référence aux “Frères d’Italie”. Les six militants de l’organisation d’extrême droite ont été escortés par un important déploiement policier, comme d’habitude.

Pendant la manifestation, les forces de l’ordre ont arrêté un premier étudiant à froid. Les étudiant.e.x.s ont protesté vigoureusement pour le faire libérer en essayant d’empêcher la voiture de la Digos (police politique italienne) avec l’étudiant à bord de partir, les carabiniers se sont alors mis à charger, arrestations et passages à tabac à l’intérieur du campus. Le reste de la journée, trois étudiant.e.x.s de l’UniTo ont été arrêté.x.s, emmenés en prison à la Vallette puis libéré.x.s.

Ce jour-là, l’usage disproportionné de la violence par la police, l’octroi d’un espace par l’université à une poignée de racistes, la subordination totale des institutions universitaires aux actions de la direction générale de la police, avaient donné lieu à d’importants moments de réflexion collective au sein de l’université qui avaient impliqué des professeurs et des enseignant.e.x.s, des chercheurs et toute la communauté de l’UniTo. Il y avait une prise de conscience que la provocation constante de ces organisations d’extrême droite, assistées par les quartiers généraux de la police, n’était plus acceptable et qu’il fallait prendre clairement position contre ce qui s’était passé et la façon dont les institutions universitaires avaient traité le problème.

Aujourd’hui, pour cette journée, plusieurs étudiant.e.x.s antifascistes, certains proches de différents collectifs animant des initiatives, des débats et de la socialité sur le campus, d’autres qui ont simplement ressenti le besoin de participer à la journée touché.e.x.s par ce qui se passait, ont été touché.e.x.s par des mesures de précaution disproportionnées et absurdes. Les arrestations à domicile, les obligations de signature et les interdictions de séjour à partir de Turin sont signalées aux étudiant.e.x.s qui sont né.e.x.s et ont vécu dans cette ville, qui ont leur famille et leur domicile ici et qui étudient à l’UniTo. Puni.e.x.s parce qu’illes sont des antifascistes avec un bannissement de la ville, mesures du passé.

Naturellement, comme c’est le cas depuis un certain temps déjà, toute l’opération policière de ce matin a une grande couverture médiatique avec les journaux qui publient les journaux habituels des commissariats et qui jouent une fois de plus à la construction du monstre, en essayant de circonscrire la colère et l’engagement de ces jours-là aux antagonistes et aux anarchistes, en proposant le récit désormais fatigué d’une bande de perdants dévoués à la violence qui retiennent l’université en otage. Une narration ridicule qui voudrait transformer les agresseurs en agressés, absurde pour quiconque a vécu cette journée qui a vu une grande partie de la communauté universitaire prendre position par rapport à ce qui s’est passé. Pour souligner l’absurdité de cette reconstruction, ce sont les mêmes mesures de précaution qui ont touché les étudiant.e.x.s et les élèves de différents collectifs et même n’appartenant à aucun d’entre eux.

Il est évident que l’objectif est d’annihiler l’engagement de celleux qui, ces dernières années, ont produit pour essayer de construire une université plus accueillante pour les étudiant.e.x.s, plus attentive à contrer la rhétorique raciste et sexiste qui est propagée par des individus louches à la recherche d’un consensus électoral.

Tout cela se produit à un moment où le monde entier est secoué par les mobilisations antiracistes qui ont commencé aux États-Unis. Des mobilisations qui ont révélé une nouvelle sensibilité sur ces questions qui a amené des milliers de personnes à descendre dans la rue en Italie également.
Il est caricatural qu’à un moment comme celui-ci, avec une pandémie en cours, la police et le ministère public de Turin s’engagent à poursuivre les étudiant.e.x.s antifascistes. Il est gênant que les institutions régionales du Piémont, dirigées par l’actuel centre d’urgence de droit, aient eu le temps de discuter de mesures ad hoc pour exclure de l’aide sociale universitaire les jeunes qui prennent parti contre la rhétorique raciste. Des images en plastique de la misère dans laquelle ces institutions se déversent sont les sceaux placés sur la salle d’étude C1 où les étudiant.e.x.s se rencontrent depuis des années pour étudier, débattre et imaginer une université différente. Des scellés placés en guise d’avertissement, dans une université fermée à cause de la pandémie et dont on ne sait pas encore quand et comment elle rouvrira.

Nous joignons ci-dessous le communiqué commun des réalités universitaires de Turin qui ont vécu ces jours-là :

Pluie de mesures de précaution pour les étudiant.e.x.s et antifascistes.
Une nouvelle opération honteuse de la préfecture de police de Turin ce matin, suite aux événements survenus au Campus Luigi Einaudi en février dernier, au cours desquels les étudiant.e.x.s de l’université ont montré leur dégoût pour la présence de Fuan, une organisation néofasciste, à l’intérieur des espaces universitaires. Au total, trois arrestations à domicile, sept mesures d’interdiction de séjour dans la municipalité de Turin et neuf obligations de signature quotidiennes au poste de police, le beau cadeau de la Digos en plein été. Été inauguré par la lutte NO TAV qui voit de jeunes et très jeunes protagonistes de la mobilisation. Et il se trouve que le quartier général de la police a décidé de les frapper.

Souvenons-nous des événements de cette époque. Le 13 février, Fuan se présente pour distribuer des tracts contre la conférence “Fascisme, Colonialisme, Foibe”, escorté par la police, comme d’habitude. La réaction des étudiant.e.x.s ne se fait pas attendre, et beaucoup d’entre elleux se mobilisent pour montrer que les néofascistes, accompagnés par les carabiniers et légitimés par les Frères d’Italie et le quartier général de la police, ne sont pas les bienvenus à l’université. Les accusations de la police sont suivies de trois arrestations, Maya, Carola et Samuel sont traduits à la prison de la Vallette. Dans les heures et les jours qui ont suivi, la mobilisation ne s’est pas déclenchée, bien au contraire. Un cortège du soir occupe le rectorat, appelant à une manifestation le lendemain de son occupation des locaux de l’université formellement affectés à Fuan.

Ni le recteur ni les autres services institutionnels n’ont pris position. En effet, quelques jours plus tard, le célèbre Maurizio Marrone demande la révocation des bourses des étudiant.e.x.s concernés. Le président Alessandro Sciretti d’Edisu, l’organisme pour le droit à l’étude, déclare qu’il veut révoquer les bourses “aux étudiante.x.s violents” de celleux qui ont été dénoncé.e.x.s et arrêté.e.x.s. C’est le droit d’étudier ? Lorsque nous parlons des valeurs de l’antifascisme, de la résistance, que signifie être du bon côté ?

Aujourd’hui encore, le quartier général de la police de Turin donne le meilleur de lui-même. Interdiction de séjour pour les jeunes qui sont né.e.x.s dans cette ville, qui y étudient et y vivent depuis des années, assignation à résidence pour celleux qui travaillent pour une université libérée de la logique de l’exploitation et de l’oppression, contre les racistes et les homophobes, pour une connaissance libérée des intérêts du pouvoir et des podiums électoraux. Pas encore satisfait du travail de ce matin, le poste de police applique les scellés pour saisir la salle de classe C1, une salle d’étude occupée par des étudiant.e.x.s sur le campus.

Juste au cours d’un été où la lutte NO TAV voit de jeunes de tous horizons participer à la construction d’une autre possibilité d’avenir, pour un modèle de développement durable, la lutte contre la prédation de l’environnement. Une fois de plus, la police et la Digos et les fascistes vont de pair en pensant qu’ils étouffent le désir d’être du bon côté.

Nous voulons que tout le monde soit libre maintenant.

Étudiant.e.x.s antifascistes de l’Université

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