Les peuples indigènes d’Amérique se soulèvent contre le « Grand Capital », analyse de la situation mexicaine
Si cela semble être de plus en plus le propre des peuples autochtones que d’assumer ce rôle de résistance, ce n’est de loin pas circonscrit au Mexique. On a pu voir ces dernières semaines les peuples autochtones du Canada s’unir et se soulever contre le nouveau projet de pipeline de l’entreprise « Transcanada », par exemple. Malgré l’invisibilité médiatique globale, le blocage fut intense puisque les marchandises et les traversées d’Est en Ouest (et inversement) furent bloquées. Et puis, évidemment il faut rappeler les récents et massifs mouvements sociaux au Chili, en Équateur, en Colombie. Un article récemment publié déplore que l’on est déjà à 44 leadeurs sociaux assassinés depuis le début de l’année 2020. ou au Brésil où dans chacun des cas, selon les particularités nationales, les peuples autochtones jouent un rôle de résistance (pour ne pas dire le principal rôle, en ce qui concerne l’Équateur et le Brésil). Même si l’œil du cyclone (tinté de racisme) des médias dominants préfère jeter son dévolu sur le « Coronavirus », n’oublions pas que ces luttes sont en activité et subissent toujours une répression terrifiante. [3]
Au Mexique, la situation est complexe et éparpillée, ne serait-ce que par la quantité des fronts à mener en même temps. Pour tout observateur extérieur ou militant local, surgit le sentiment de ne plus savoir où donner de la tête tellement les attaques sont nombreuses, généralisées et que les ennemis se démultiplient. Par ici le narcotrafic, par là les militaires officiels (et la nouvelle "Garde Nationale" on y reviendra) qui répriment en toute « légitimité », par là-bas des paramilitaires qui se démultiplient, etc. La complexité de la répression désoriente et c’est à coup sûr le but recherché. Pourtant tout est lié, lié à une politique néolibérale, et nous tenterons ici de faire un peu de lumière sur ce panorama nébuleux.
Le dangereux caractère réactionnaire d’AMLO/MORENA
Le parti MORENA (« Mouvement de régénération nationale ») au pouvoir depuis un peu plus d’un an aujourd’hui est le gouvernement le plus populaire depuis bien longtemps au Mexique. Ce pays était connu pour subir depuis plus d’un demi-siècle une « dictature oligarchique », notamment à travers le corrompu PRI (Parti révolutionnaire institutionnel), issu de la Révolution du début du siècle passé. C’est pourquoi au moment de sa candidature, ce « nouveau » parti de « gauche » (fondé il y a un peu moins d’une dizaine d’années), avait nourri bon nombre d’illusions pour le peuple mexicain. Ce parti a pu surfer allègrement sur la vague du « changement ». C’est pour ça qu’il se présente comme la « 4T », à la suite de l’Indépendance (1810), la Réforme et la Constitution (1857-1861), puis la Révolution mexicaine (1910). Il s’autoproclame donc représentant d’une « 4e transformation » historique du pays (2019).
AMLO (Andrès Manuel Lopèz Obrador) Président et représentant du parti MORENA s’est présenté, lors des élections précédentes, comme une véritable alternative à la gauche, « anti-corruption », son discours était si bien ficelé et particulièrement progressiste [4] que son score a été l’un des plus unanimes dans l’histoire des élections mexicaines avec plus de 53% des voix, soit plus de 30 millions de mexicains qui ont voté pour lui (sans avoir eu besoin, semble-t-il, de truquer les scores). [5]
L’espoir fait vivre, et cet intelligent orateur (avec tout son parti) a su en berner plus d’un. Évidemment, la première conséquence regrettable est la division à la gauche que son élection a entrainé. En fonction du degré d’illusion qu’AMLO parvient encore à entretenir, cette division qui se creuse chaque jour un peu plus, est réelle et belle et bien inquiétante, puisque tous ceux qui le critiquent sont catégorisés de réactionnaires de droite (et il y en a évidemment pour lui donner raison). Pourtant, à qui veut bien le voir, son double discours et ses propres contradictions ne se sont pas fait attendre. [6]
La répression des mouvements sociaux
Après un an de législature, l’addition est salée. On pouvait lire il y a quelques jours la lettre d’Amnesty international au Président AMLO pour lui demander audience, afin de lui faire part de son inquiétude quant à la « crise des droits humains » que traverse le pays. On pouvait notamment y lire : « Au lieu de fuir ses responsabilités et d’attaquer les personnes et les organisations qui mettent en lumière la crise à laquelle est confronté le Mexique, nous appelons le Président à se rapprocher de la société civile afin de trouver des solutions à cette grave situation et à faire des droits humains l’axe central du reste de son mandat présidentiel. » Pour qui veut bien ouvrir les yeux, la répression sociale est donc bien présente. Analysons ensemble de plus près certains faits allant dans ce sens.
La création de la garde nationale
La création de la GN (Garde Nationale), ce nouveau corps armé hybride (entre la police fédérale et les militaires) a fait couler beaucoup d’encre. Et pour cause, qui aurait pu penser que l’une des premières mesures (le 26 mars 2019) d’un gouvernement « de gauche » serait de créer un nouveau corps de répression. L’argument officiel était une volonté de « combattre le narcotrafic », sauf que son plus grand déploiement est dans le Chiapas, État à la frontière Sud avec le Guatemala. La GN sert donc dans les faits à contrôler et réprimer la migration centre et sud-américaine, comme Trump le souhaitait. [7] Il est d’ailleurs de notoriété publique que le Chiapas ne fait pas partie des États contrôlés par le narcotrafic.
La GN sert donc dans les faits à contrôler et réprimer la migration centre et sud-américaine, comme Trump le souhaitait.
En revanche, il y a bel et bien la présence d’une autorité autonome parallèle à l’État, celle des zapatistes. On y reviendra plus bas, il est de plus en plus clair que la stratégie d’AMLO consiste à mettre l’EZLN dans le même panier que le narcotrafic, et de faire passer ces indigènes soulevés en 1994 et luttant pour leur dignité et autonomie, pour une force « anti-démocratique », conservatrice, pratiquement de droite. Dans ce sens, on ne peut s’empêcher de penser qu’il prépare l’opinion publique à une future répression. [8]
Le combat des femmes
Comme l’Histoire le prouve, les premiers à payer l’addition sont les plus pauvres, et plus pauvre qu’un pauvre, c’est une femme pauvre. Et au Mexique, on peux rajouter indigène, comme dirait la Comandanta zapatiste Esther. À quelques jours de la grève générale des femmes appelée dans tout le Mexique, les 8 et 9 mars (le 8 étant un dimanche, pour des raisons évidentes la grève a été convoquée pour le 9), il est bon de se souvenir de la répression qu’ont subi les groupements féministes un peu partout dans le pays l’année passée, particulièrement dans la capitale.
Comme l’Histoire le prouve, les premiers à payer l’addition sont les plus pauvres, et plus pauvre qu’un pauvre, c’est une femme pauvre.
Les mouvements de femmes prennent de la puissance dans le monde entier, mais ici, le mouvement est particulier, probablement motivé par les féminicides dont les chiffres ne baissent pas, bien au contraire. Même la UNAM, la grande université publique de la ville de Mexico, a été bloquée plusieurs semaines. En novembre dernier, les manifestations étaient intenses et la répression aussi bien physique que médiatique (l’attention et les débats n’étaient portés qu’aux dégâts matériels que les féministes avaient causés) a été toute aussi intense.
La dernière en date des attaques contre les mouvements féministes est la déclaration d’AMLO tentant de diviser le mouvement de grève. Quelques jours après une déclaration où le Président se déclarait presque plus féministe que les féministes, (dans ses fameux « 10 points contre les féminicides », le jour de la Saint Valentin) il n’a pas hésité à annoncer que la grève était une attaque de la droite contre son gouvernement. [9] Et puis comme si ça ne suffisait pas il s’autoproclame « non-machiste », [10] puisqu’il est « de gauche » et ne fait pas partie des conservateurs qui « eux sont de vrais machistes ».
La répression des parents des 43
Pour ceux qui avaient encore des doutes, le dimanche 16 février passé, il y a eu une brutale répression contre les parents des 43 étudiants de l’École Normale Rurale d’Ayotzinapa disparus en septembre 2014. S’il y avait une seule affaire qui était devenue ultra populaire (on se souviendra des manifestations massives pour réclamer la justice et la vérité) et qui illustrait on ne peut mieux à quel point l’État mexicain était corrompu, c’était bien celle-ci : voir à ce sujet les deux « grands » documentaires produits par Netfix l’année passée, pour les cinq ans de la disparition des étudiants, qui sont un point de départ pour comprendre cet événement.
Le Président avait commencé à reprendre le « dossier des 43 » en leur « donnant l’avion », [11] comme on dit ici, mais sans rien n’entreprendre de très concret pour relancer l’enquête bâclée (pour ne pas dire plus) par le gouvernement d’Enrique Peña Nieto. Enquête qui n’a jamais satisfait ni les scientifiques (qui ont montrés les faiblesses de la version étatique), ni les parents des victimes. L’évidente manipulation de l’enquête n’a rien fait d’autre que de protéger tous les coupables (étatiques et militaires) et responsables de la disparition forcée des 43 jeunes étudiants.
Puis, en novembre 2019, AMLO s’est aventuré à déclarer que ce n’était pas un « crime d’État », se rapprochant dangereusement des discours de ses prédécesseurs du PRI. [12]
la police [...] a été envoyée contre les familles qui manifestaient une fois de plus pour « la vérité » sur les disparus
Mais c’est dernièrement, à la mi-février 2020 surtout, que sa politique de faux semblants a éclaté au grand jour puisque la police chiapanèque (de l’État du Chiapas) a été envoyée contre les familles qui manifestaient une fois de plus pour « la vérité » sur les disparus. Bien qu’AMLO ait par la suite « condamné officiellement cette répression », cela s’est tout de même soldé par 6 blessés graves, dont deux mères des 43. [13] Quelques jours plus tard, ces derniers étaient reçus, en soutien à leur combat, par les zapatistes, à San Cristobal de Las Casas. Il est permis de douter qu’il s’agit là d’une simple coïncidence.
Samir Flores et les journées de mobilisation des 20, 21 et 22 février
En février 2019, Samir Flores Soberanes, activiste environnemental fut assassiné alors qu’il luttait dans l’État de Morelos, avec sa communauté d’Amilcingo, contre une grande centrale thermoélectrique plus connue sous le nom de PIM (Projet intégral Morelos, mégaprojet qui consiste entre autres à rajouter à la centrale, un gazoduc et aqueduc).
Une mobilisation internationale (suivie un peu partout sur le continent et jusqu’en Europe) fut organisée les 20, 21 et 22 février derniers, un an après l’assassinat du défenseur, intitulée « Nous sommes toutes et tous Samir ». Cette campagne de mobilisation fut impulsée par le CNI, Congrès National Indigène (dont Samir faisait parti), et l’EZLN (« Armée Zapatiste de Libération Nationale », ou mouvement zapatiste) en décembre passé, durant leur « Assemblée pour la défense du territoire et de la Terre mère ».
Samir Flores est devenu un symbole important de la lutte, car il est le premier militant social assassiné sous le gouvernement MORENA
Le but était bien sûr d’exiger une fois encore la justice et une véritable enquête pour identifier les coupables et responsables de l’assassinat (l’impunité étant la porte ouverte, comme on le sait, à une escalade de violences), [14] de rendre visible les luttes pour la défense du territoire et de la Terre mère qui ont lieu un peu partout et sont trop souvent tues médiatiquement, mais aussi de lutter contre l’oubli des résistants assassinés (on parle d’amnésie collective…). Enfin, il s’agissait aussi symboliquement de ne pas permettre aux assassins de Samir de « gagner » en acceptant de céder à la peur, et de faire entendre la voix de ceux qui osent dire ce qui est. [15]
En un an, Samir Flores est devenu un symbole important de la lutte (on en voudra pour preuve le buste placé sur la place « des Beaux-Arts » à la ville de Mexico durant la mobilisation), car il est le premier militant social assassiné sous le gouvernement MORENA, mais il représente aussi tous les autres, avant lui, qui font partie d’une « blessure collective » pour l’histoire du peuple mexicain. Le sociologue et militant R. Romero a rappelé à juste titre qu’une dizaine de jours avant l’assassinat de Samir Flores, le futur Président AMLO avait rétorqué aux militants anti PIM « pour moi vous n’êtes rien que des conservateurs » lors d’une conférence de presse organisée par le gouvernement et pendant laquelle avait été pointé du doigt les investissements étrangers nécessaires au mégaprojet. Dans ce même article de R. Romero est dévoilée une des stratégies discursives d’AMLO qui consiste à invisibiliser les logiques d’exploitation : « Dans le discours d’AMLO, les exploitants et détenteurs du capital, auparavant parties prenantes de la mafia au pouvoir, sont dorénavant protégés par la popularité du Président. » Face à une telle politique nous dit l’auteur : redoubler de vigilance et surtout d’imagination pour les militants de gauche, dont le cap n’est pas facile à tenir.
Les morts du CNI et des défenseurs de la « Terre mère »
Samir n’est malheureusement que la « première » victime d’une longue série, dont on peut légitimement craindre qu’elle se prolonge. [16] Depuis un an, le CNI est en ligne de mire de la répression. Et si dans certains cas, la responsabilité d’AMLO peut être édulcorée derrière les groupements paramilitaires (qui œuvrent bizarrement dans son sens), certains faits nous démontrent que l’État n’est pas en reste en ce qui concerne la répression des cadres du CNI, on peut citer un exemple parmi d’autres : les quatre récentes arrestations des membres du CNI qui ont eu lieu le lendemain de leur participation à la manifestation dans la capitale, en mémoire de Samir Flores, le dimanche 23 février. Et en parallèle, la même chose au Chiapas : d’autres délégués du CNI incarcérés, tabassés et menacés, par l’État et les paramilitaires dont les rôles se confondent toujours.
Le CNI au Mexique pourrait être vu comme un équivalent moderne des soviets russes du début du siècle passé. Ce rassemblement en Congrès de peuples organisés (à des degrés différents d’échelle et d’autonomie) à travers tout le Mexique, représente un contre-pouvoir organisé et grandissant face à l’État moderne et au gouvernement officiel. La plupart de ses membres sont très engagés contre les projets extractivistes à l’œuvre dans tout le pays.
Il est vrai que la résistance des peuples indigènes du Mexique donne une forte leçon de respect de la digne souveraineté des peuples.
Le CNI mériterait un article à lui tout seul, mais pour comprendre son important rôle et à la fois sous-estimé, il faut prendre en compte que plus de 20% de la population mexicaine est considérée comme indigène (soit une population de plus de 25 millions d’âmes), mais que la culture raciste et néocolonialiste du Mexique leur nie toujours un certain nombre de droits. Historiquement, ces peuples gardent une tradition d’auto-organisation forte, notamment à travers leurs « us et coutumes » qui sont comme des lois locales, qu’ils appliquent en assemblée populaire. Cette culture indigène, avec le temps, s’est confondue avec la culture mexicaine générale puisque beaucoup de quartiers bénéficient d’une assemblée populaire. [17]
Il est vrai que la résistance des peuples indigènes du Mexique (mais pas seulement) donne une forte leçon de respect de la digne souveraineté des peuples. Notamment face à l’idéologie « néocolonialiste », ou impérialiste, dans laquel la culture globale capitaliste baigne profondément, puisque sous couvert de « développement » les gouvernements se permettent d’imposer brutalement ce qui leur convient aux « pauvres arriérés ruraux conservateurs » qu’il faut éduquer au « progrès ».
Le discours anti-zapatiste
La place des Zapatistes, au Chiapas donne l’impression d’une épine dans le pied du gouvernement supposée de « gauche » d’AMLO (comme des gouvernements précédents). Son discours anti-zapatiste, comme nous l’avons vu plus haut, est sans cesse présent. Évidemment, puisque les zapatistes font partie de ceux qui s’opposent à ses mégaprojets de « développement », ça n’est pas de son goût. Le Président a même été jusqu’à traiter les zapatistes de conservateurs de gauche. [18] C’est sans nul doute un révélateur de l’importance que ce mouvement autonome détient. Face à cela, on a pu voir, en décembre dernier, la force d’organisation et de mobilisation (locale, nationale et même internationale) des zapatistes dans leur fameux « combo pour la vie ». [19] Et malgré le contexte, ils n’ont pas hésité à donner une place centrale aux arts (avec les festivals de danse et de cinéma) qui occupent un véritable rôle dans leur résistance, voir pour la résistance mondiale. La deuxième “rencontre des femmes qui luttent” fut un des événements importants également de décembre 2019, on a pu y voir plusieurs courants du féminismes réunit dans un endroit enfin “safe”, puisque les territoires zapatistes peuvent se venter d’être les seuls endroits du Mexique (voir du monde) où il y a ZÉRO féminicides.
Si les zapatistes ne sont qu’une des multiples composantes du CNI, il est clair que le poids historique dont bénéficie ce mouvement, en fait un des moteurs principaux du regroupement. Et la lutte contre les mégaprojets, est sans cesse alimentée par l’autonomie grandissante de l’EZLN dans le Chiapas. Rappelons que y’a six mois, ils déclaraient l’ouverture de 11 nouveaux centres autonomes. Eux-mêmes en sont très conscient, une grande urgence : s’organier ! Et appeler à s’organiser partout. Ils ne font que de répéter dans chaque discours : organisez-vous ! Et vous quoi ?
Renverser l’opinion publique est clairement une stratégie pour préparer une future répression.
C’est peut-être pour encourager cela que les femmes zapatistes viennent d’annoncer qu’elles allaient aussi s’unir à la grève nationale le lundi 9 mars.
Il est limpide que ça dérange le gouvernement. Cependant, plus subtile (et dangereux) que ces prédécesseurs AMLO adopte une autre attitude. Renverser l’opinion publique [20] est clairement une stratégie pour préparer une future répression (que la répression soit d’AMLO directement ou d’un futur gouvernement cela ne change pas grand chose).
En conclusion : la lutte continue
Malgré son discours de gauche le nouveau gouvernement mexicain continue la répression contre tous ceux qui le dérangent : les féministes, les membres du CNI, les zapatistes ou toutes formes de résistance populaire « en bas à gauche », pour emprunter une expression zapatiste. Dernière les beaux discours "progressistes" la situation est véritablement inquiétante et l’antagonisme est toujours le même : les riches capitalistes qui veulent toujours plus de bénéfices, et qui n’hésitent pas pour cela à diffuser la peur, contre les pauvres en résistance pour leur survie. Pour autant, la conscience de tout cela, et surtout le chemin de résistance est emprunté par bon nombre d’âmes qui préfèrent penser qu’il vaut mieux "mourrir debout que de vivre à genoux". Alors ensemble oeuvrons à cela : "Samir vive, la lucha sigue" ("Vive Samir, la lutte continue !")