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World Youth Conference : Retour sur la conférence et déclaration du réseau Youth Writing History

En début novembre 2023, s’est tenu le premier forum internationale de la jeunesse organisé par le réseau Youth Writing History. Les trois jours de conférences et d’ateliers ont réuni 95 organisations révolutionnaires venu de plus de 40 pays différents. Une délégation de Contre-Attaque & Autonomie a pris part à ce week-end, nous revenons ici rapidement sur le contenu et partageons la déclaration finale de l’évènement, un appel à s’unir contre le capitalisme, le fascisme montant, un appel à une résistance internationaliste organisée. Bonne lecture.

Paris |

INTRODUCTION

Le programme du week-end s’étalait sur trois jours, deux jours de conférences et de tables rondes et une journée d’ateliers. Nous y avons discuté de la place de la jeunesse dans les luttes, des crises écologiques et sociales en cours et de leur matérialisation dans les différents pays représentés, de la libération des femmes dans le mouvement de libération du Kurdistan, de la place centrale des personnes LGBTQIA+ et de leur autonomie dans nos combats et finalement des étapes à mener, du chemin devant nous pour aller vers un changement radicale de système.

Douze ateliers étaient données par différent·exs participant·exs. Nous avons eu l’occasion de participer aux suivants : la jeunesse et le problème de l’écologie ; Jin Jiyan Azadî, vers une révolution féministe ; la jeunesse et l’éducation ; les jeunes du Moyen-Orient au coeur de la Troisième Guerre Mondiale ; la jeunesse et l’économie ; la jeunesse et l’internationalisme et les problèmes de la jeunesse autochtones et des peuples oppressés.

Bien que Contre-Attaque & Autonomie ne soit pas une organisation de jeunesse comme celle des partis et que nous ne nous reconnaissions pas forcément dans cette catégorie pour mener nos combats, nous nous retrouvons dans la démarche de cette conférence internationaliste, dans nombreuses des analyses que nous avons partagées et dans les conclusions que nous avons tirées ensembles. La place des jeunes, en Europe, a été central dans la mise en place de mouvement écologistes de masse, notamement avec les grèves pour le climat. Nous devons participer à reprendre cet élan pour construire un mouvement résolument anticapitaliste, féministe, antiracsite et anticolonial, un mouvement à la hauteur des enjeux actuels.

Autre point central, ce genre de rencontres permettent de saisir plus en profondeur les causes et les conséquences des ravages en cours, en échangeant avec les peuples et les militant·exs qui sont en première ligne face à la destructions colossal orchestrée par les États complices et les entreprises capitalistes. L’impérialisme, les guerres, l’extractivisme, l’accaparement des terres, le colonialislme, le néocolonialisme et le pillage généralisé des pays du Sud Global sont sources de violences et de morts chaque jour. Nos luttes doivent en prendre la mesure et s’ancrer dans un réseau internationaliste et solidaire tout en continuant à mobiliser et agir ici, dans la tête du monstre, contre les centres impérialistes Européens, contre la monté du fascisme, contre le capitalisme, le patriarcat et le racsime, contre tous les systèmes de domination.

CLARATION DUSEAU YOUTH WRITING HISTORY

Préambule

En tant que jeunesse du monde, autant que l’humanité dans son ensemble, nous sommes actuellement confrontés à une crise systémique d’une intensité sans précédent. La catastrophe écologique s’aggrave chaque jour, les guerres s’intensifient partout, le nationalisme et les mouvements fascistes se répandent à travers le monde. Pour assouvir sa soif infinie de profit, le système capitaliste mondial détruit l’environnement et, en fin de compte, prive l’humanité de ses bases de vie. Nous en subissons les conséquences partout, que ce soit dans notre vie personnelle ou dans notre entourage : isolement social, féminicides, pauvreté, misère, violence et désastres environnementaux. Nous grandissons dans un monde catastrophique et nous refusons d’accepter la réalité qui nous est présentée. Partout dans le monde, des jeunes s’organisent et se battent pour un avenir meilleur. Pour nous, être jeune signifie rechercher la vérité, un monde meilleur et des lendemains meilleurs. Nous sommes convaincus que nous pouvons y parvenir. Si ce n’est pas nous qui intervenons dans cette crise, qui le fera ? Si nous ne commençons pas à agir maintenant face à ces catastrophes, quand le ferons-nous ? C’est dans ce contexte que nous nous sommes réunis au sein du réseau “Youth Writing History” afin de donner une nouvelle impulsion à notre lutte commune.

Nous voulons discuter, travailler en réseau, nous former et nous organiser ensemble. C’est pourquoi nous, plus de 400 jeunes de 49 pays et 95 organisations, mouvements et partis, déclarons que :

1.

Une solution à la crise mondiale actuelle ne peut être trouvée qu’en dehors du système capitaliste existant et uniquement en construisant un nouvel ordre mondial juste et véritablement démocratique.

2.

Pour atteindre cet objectif, l’unité de toutes les forces démocratiques révolutionnaires et anti-systémiques dans le monde est nécessaire. En tant que “Youth Writing History”, nous travaillons sur la base du respect mutuel de nos différentes formes d’organisation, méthodes de lutte et traditions politiques. En outre, nous travaillons activement à l’unité mondiale de toutes les luttes et résistances qui sont en contradiction fondamentale avec le système dominant et son ordre mondial.

3.

Notre travail en réseau et notre organisation commune reposent sur le principe de “l’unité dans la diversité”. Nous nous concentrons sur les principes qui nous unissent, nos objectifs communs et notre opposition résolue au capitalisme, tout en laissant une place aux différences, aux contradictions et à la diversité dans la théorie et la pratique.

4.

 Notre point de référence commun est l’internationalisme et la prise de conscience qu’un monde différent ne peut être atteint que par la convergeance des luttes de tous les opprimés du monde. Nous défendons la solidarité entre les peuples comme une valeur fondamentale de notre réseau.

5.

Nous luttons contre toutes les formes de domination, d’exploitation, contre le capitalisme et son idéologie, le libéralisme, qui divise la société sous le drapeau d’une fausse liberté et promeut l’individualisme, le patriarcat et la destruction de la nature et nous nous dressons ensemble contre le sexisme, le racisme et toute oppression basée sur le genre, l’identité sexuelle, la religion, les handicaps, la langue ou la nationalité.

6.

Nous sommes unis dans notre lutte contre toutes les formes d’occupation et de colonialisme et nous reconnaissons le droit à l’autodéfense légitime de toute société. Nous considérons que l’un des devoirs internationalistes les plus urgents de la jeunesse en lutte est d’abord de lutter fermement contre les politiques impérialistes qui se propagent à partir de nos patries respectives. Nous défendons le droit à l’autodétermination de tous les peuples et déclarons notre solidarité avec tous les peuples opprimés, en particulier le peuple palestinien et le mouvement de libération du Kurdistan.

7.

Nous considérons le fascisme comme un ennemi commun de l’humanité et la résurgence des tendances fascistes et révisionnistes historiques comme une menace pour la paix et l’avenir de nos sociétés. En tant que réseau, nous nous tenons résolument aux côtés des peuples et des jeunes dans la lutte anti-fasciste.

8.

Nous considérons la jeunesse comme la partie la plus dynamique de toute société et le moteur de tout changement. Nous considérons que l’organisation autonome des jeunes, basée sur leur propre force et leur volonté indépendante, est une garantie du rôle pionnier de la jeunesse et la clé du renouvellement constant de nos luttes et de nos organisations.

9.

Nous nous tenons fermement aux côtés de tous les peuples en lutte et déclarons notre solidarité avec les luttes révolutionnaires dans tous les pays. Nous considérons les territoires libérés et autogérés de ce monde, des régions indigènes d’Abya Yala à l’Administration autonome du Nord et de l’Est de la Syrie, les montagnes libres du Kurdistan, les bastions des mouvements de libération et des luttes anti-impérialistes en Asie, ainsi que les luttes pour l’autodétermination nationale sur le continent européen et la lutte permanente contre le colonialisme et le néocolonialisme en Afrique, comme des avant-postes de l’humanité libre. La défense des acquis des luttes des dernières décennies est notre tâche commune.

10.

Alors que les dirigeants de ce monde agissent ensemble et de manière coordonnée contre nos luttes, que leurs appareils répressifs échangent des informations et persécutent les opposants et les révolutionnaires à travers toutes les frontières nationales, nos mouvements et nos luttes restent souvent isolés les uns des autres. Les dirigeants sont coordonnés à l’échelle mondiale, c’est pourquoi nous comptons sur une cohésion globale et une solidarité internationale. Partout où nos mouvements sont attaqués et persécutés, nous nous soutiendrons les uns les autres. Ensemble, nous œuvrerons à la libération de tous les prisonniers révolutionnaires. Dans le cadre de la campagne mondiale pour la libération du révolutionnaire Abdullah Öcalan, qui a débuté le 10 octobre, nous déclarons notre soutien aux demandes de la campagne "Liberté pour Abdullah Öcalan - Une solution politique pour la question kurde !

Notre coopération et notre collaboration seront fondées sur les principes susmentionnés. Nous pouvons avoir des modes de pensée différents et des méthodes, des manières de travailler et des traditions différentes dans nos mouvements. Nous avons des cultures et des langues différentes, certains d’entre nous viennent de grands mouvements et d’autres de plus petits. Mais nous ne considérons pas nos différences comme un obstacle. Au contraire, nous considérons cette diversité comme une richesse et c’est sur cette base que nous voulons discuter ensemble, apprendre les uns des autres et unir nos forces. Nos différences sont notre force, elles ne nous affaibliront pas mais nous renforceront sur notre chemin commun. Notre terrain d’entente fondamental est notre opposition au capitalisme et notre insistance en faveur de l’humanité. Face à la crise mondiale, aux guerres toujours plus nombreuses, à la catastrophe écologique, à l’asservissement des femmes et à un système qui tente de nous priver de notre droit à un avenir digne, nos différences et nos contradictions doivent être reléguées à l’arrière-plan. En tant que jeunes d’aujourd’hui, nous avons une responsabilité envers l’histoire que nous devons assumer. Nous ne voulons plus attendre demain, nous voulons construire une vie libre ici et maintenant. Et nous sommes prêts à nous battre pour cela.

Ce monde et l’humanité ont besoin d’une jeunesse qui a de la volonté et de la force, qui est organisée, qui croit en elle-même et qui est radicale. Les problèmes actuels ne seront pas résolus dans le cadre du système capitaliste ; chercher des solutions dans la cage du capitalisme n’apporte aucun avantage. Le capitalisme a conduit l’humanité au bord du gouffre. Notre survie n’est possible que par la défaite du capitalisme et la construction d’une autre vie et d’un autre monde. Les conclusions que nous tirons de la situation actuelle montrent très clairement que nous devons nous rassembler et devenir une force organisée dans les plus brefs délais. Ce qu’il faut, c’est une unité d’esprit et de force entre les jeunes en lutte dans le monde entier. Si, en 1848, le Manifeste communiste, qui influence encore des millions de personnes aujourd’hui, proclamait “Prolétaires de tous les pays, unissez-vous”, nous voulons aujourd’hui reprendre cet héritage et crier :

"Jeunes de tous les pays, unissez-vous et changez ce monde !"

Paris, 05 novembre 2023 1re Conférence mondiale de la jeunesse - “Youth Writing History”

P.S.

Nous tenions à mentionner que dans leurs communications et dans leurs discours, les organisateur·icexs de la conférence ont eu tendance à être assez ambigüe au sujet des luttes queer et trans et à invisibiliser celles-ci. Le texte étant une traduction directe de la version originale, nous n’avons pas changer le terme “femmes” mais nous souhaitons préciser et souligner que la lutte contre le patriarcat ne peut pas se faire sans les personnes trans et queer. Cette remaque a été porté à de nombreuses reprises durant le week-end par une multitude de personnes, de groupes et d’organisations qui revendiquent la nécessité d’une lutte féministe queer et révolutionnaire.

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