Migrations - Frontières

[Chevrilles] Action contre le futur centre fédéral de migration

En 2017, la Confédération helvétique prévoit de construire son premier centre fédéral pour migrant-e-s doté de 300 places à Chevrilles dans le Canton de Fribourg. Dans le cadre de la réstructuration de la loi sur l’asile, plusieurs de ces centres doivent être construits en Suisse. Une phase test a commencé il y a une année à Zürich.

Chevrilles / Giffers |

À Chevrilles, où la résistance locale contre la construction de ce centre a pour l’instant eu une très forte composante réactionnaire et raciste, un groupe de “postiers et postières anarchistes” a envoyé une fausse lettre de la Confédération aux habitants et habitantes de la région, annoncant l’abandon du projet ainsi que l’arrêt de toute criminalisation des personnes migrantes en fonction de leur originie.

Voir la lettre en allemand :

Et voici le communiqué posté pour l’occassion :

Ces lettres devaient être un miroir que nous voulions mettre devant le visage de tous celles et ceux qui ont pris position publiquement ou personnellement par rapport à la construction prévue du centre fédéral de migrations dans la commune de Chevrilles. Nous espérions que les accusations indirectes seraient au moins lisibles pour quelques un-e-s et pourraient créer une certaine consternation.

Que ce soit parce que certain-e-s racistes ont été gênés pour un bref instant dans leur courte pensée égoïste ou parce que certains bons citoyens ont du réfléchir à leur hypocrite attitude humanitaire. Eux et elles qui ont cru, compte tenu du racisme tant répandu, qu’il est totalement humain de se positionner en faveur des centre fédéraux prévus. Cette réaction, qui implique l’acceptation passive des conditions de domination, est bien trop facile.

Il y a beaucoup de raisons de rejeter les centres prévus, et celles-ci n’ont rien à voir avec Chevrilles ou tout emplacement géographique, qu’il soit central ou isolé.

De plus ça n’est pas parce que nombre de résidents et résidentes du lieux se sont opposé-e-s à la construction du centre sous des prétextes racistes que ce projet devient subitement plus désirable.

Ces centres sont un moyen d’oppression, ils isolent les migrants et migrantes du reste de la population afin de pouvoir mieux les contrôler.

Ils et elles sont réparti-e-s en tant que requérant-e-s d’asile dans diverses catégories, selon leur provenance et selon si, durant les entretiens on juge qu’ils et elles se soumettront au systüme de l’asile. Dans les centres, toute la routine quotidienne est déterminée par des tierces personnes ; où l’on peut se tenir, ce qui est mangé, quand est-ce qu’il faut dormir. Les migrants et migrantes ont peu de chance d’échapper à la domination complète de leur vie. Un chantage qui profite de leur position de personne demandant l’asile. Ceux ou celles qui ne collaborent pas complètement, ont peu de chance de recevoir un réponse positive à leur demande d’asile. Toute forme d’indépendance financière est interdite et empêchée par la loi et par divers règlements. Il est uniquement permis de participer à du travail d’occupation, forme des plus hypocrites de l’exploitation. Les participants et participantes doivent la plus part du temps nettoyer les déchets et s’occuper des ordures des lieux publics, en échanges d’une « récompense symbolique » et d’une « reconnaissance sociale ».

Cette situation n’est pas une réalité qu’amène les nouveaux centres fédéraux, c’est une réalité qui existe déjà depuis longtemps à travers l’actuel régime de la migration. Toutefois, les nouveaux centres créent une centralisation qui permet un meilleur contrôle, une encore plus grande exclusion de la société et un traitement plus efficace, presque mécanique des migrants et migrantes.

Lorsque nous disons que nous nous battons contre les centres fédéraux prévus, nous entendons non seulement ces nouveaux endroits mais aussi toutes les institutions faisant partie d’un régime qui surveille, contrôle et sépare les personnes les une des autres. À ces institutions appartiennent également la Suisse ou tout autre État, instruments de pouvoir pour exclure ou inclure des humains et les exploiter de la façon la plus rentable.

Cette semaine, l’indignation concernant les migrants et migrantes noyé-e-s dans la mer Méditerranée était grande et, probablement en raison du grand nombre de mort dans une courte période, tout le monde semble s’efforcer de trouver des solutions. La nouvelle catastrophe en Méditerranée n’est pas un hasard ni pas une exception, elle est la règle d’une politique qui accepte consciemment de tels scénarios. C’est précisément la classe dirigeante qui est responsable de cette situation quotidienne qui demande à présent que l’on augmente les ressources des programmes qui ont justement amené à de tels catastrophes. Non pas parce ce que ça serait l’option la plus simple pour éviter de tels catastrophes (la solution à cela serait l’abolition des frontières) mais parce que c’est la seule option pour maintenir leur domination en place ainsi que pour satisfaire la dépendance du système économique à l’exploitation mondiale et ä la redistribution inégales de ressources et richesses.

Cela ne changera pas, tant que la croyance dans la politique, l’économie et la démocratie ne se sera pas affaiblie.

Ce système n’est pas fait pour le bien-être de tous les humains, il n’a pas été organisé et développé dans cette direction, et maintenant que cette crise permanente a connu une nouvelle dramatisation, les dirigeants réagissent à la résistance avec une répression accrue. Cette répression se voit le mieux chez les personnes en situation précaires, ainsi que chez les migrants et migrantes qui veulent venir ici.

Il semble très naïf de se reposer sur ceux qui sont à l’origine des problèmes existants pour en trouver les solutions.

Nous n’avons pas beaucoup à dire à la présidente de la Confédération, le SEM (Secrétariat d’Etat pour les migrations), le DFJP (Département fédéral justice et police) et toutes les autres institutions qui sont associés avec le régime de la migration. La seule chose que nous attendrions d’eux serait leur propre abolition et comme ce scénario nous paraît peu vraisemblable, nous préféreront œuvrer à leur perte.

Nous désirons un monde dans lequel chaque être humains peut vivre en liberté en ayant le pouvoir sur sa vie, et chaque jour nous avons l’occasion d’agir pour ce monde.

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