DES NOUVELLES DE LA LUTTE À NDDL
Aujourd’hui, tout le monde sur la Zone à défendre (ZAD) de Notre-Dame-des-Landes est expulsable depuis qu’en janvier le verdict du procès a été prononcé en faveur de l’expulsions des « habitant·e·s historiques ». Pour le moment cette expulsion n’est pas mise en œuvre mais les choses se préparent pour l’automne. « Le mouvement de lutte appelle à venir massivement le week-end du 8-9 octobre pour défendre la zone. »
Le gouvernement a réussi a mettre en place une consultation locale fin juin 2016 pour demander à la population son avis sur le projet. Cette consultation, qui s’est soldée par un "oui" à l’aéroport à 55%, est utilisée par le gouvernement et Vinci comme un argument pour la poursuite du projet. Ce référendum est une immense magouille de plus. Tout d’abord parce que le gouvernement a choisi l’échelle à laquelle la question a été posée (le département et non pas le pays ni la région ou la commune) pour que le "oui" ait le plus de chance de passer. Mais aussi, parce que la question simpliste n’avait pas de sens sortie de son contexte et que les armes médiatiques n’étaient de loin pas égales.
Il s’agit d’une nouvelle tentative des porteurs de projet de faire passer leurs intérêts financiers avant toute autre considération. Ces dernières années, les arguments qu’ils ont avancés n’ont cessé d’être contradictoires et incohérents. Les motifs de sécurité aérienne,de nuisances sonores ou d’engorgement du trafic aérien ont tous été démontés par les opposantes. Il ne leur reste actuellement que la force médiatique et financière et la promesse absurde d’un"développement économique" qui ne fait pas vraiment rêver.
ET ALORS
Cette lutte contre l’aéroport de NDDL n’est pas qu’une lutte locale contre un projet en particulier, mais bien une lutte contre tout le monde capitaliste de sur-consommation, de fuite en avant technologique, de sur-exploitation de la planète et des être humains. Les enjeux qui se jouent autour des projets d’aménagement du territoire et de planification urbaine sont les mêmes partout notamment dans la région lémanique.
Parlons notamment du CEVA de Genève. Vinci, à travers sa filiale de construction Eaux-Vives Infra, construit la liaison ferroviaire “Cornavin-Eaux-Vives-Annemasse” qui n’a pas pour intérêt de faciliter les relations sociales entre les différents points de l’agglomération “franco-valdo-genevoise” mais plutôt de faciliter la captation par le “Grand Genève” des flux de travailleu.r.se.s bon marché. Voir l’article : http://renverse.co/Zad-partout-Vinci-aussi-621
Dans la même logique, nous dénonçons aussi d’autres projets tels que Léman 2030 (transformation des gares de Renens et de Lausanne), les grands projets d’éoliennes industrielles dans le Jura ( voir le site http://www.voisinedeoliennesindustrielles.com/ ), les projets de forage pour le gaz de schiste, le projet « Aile est » d’agrandissement de l’aéroport de Genève.
Nous voulons aussi critiquer la politique d’urbanisme locale qui bétonne le canton à coup d’ "écoquartiers", l’idée mégalo d’un pont sur la rade, la construction d’une nouvelle autoroute entre Thonon et Annemasse, etc.
Si, en apparence, la population a plus de pouvoir décisionnel en Suisse (référendum, initiative), ce sont les mêmes logiques qui sont à l’œuvre. Les porteurs de projets s’accommodent aisément des modalités démocratiques en place grâce notamment à la maîtrise des outils médiatiques. De plus, le vote a tendance à restreindre les possibilités de lutte et à confiner le débat dans les moments codifiés du référendum. Une fois le verdict de la consultation prononcé, plus personne ne se permet de s’opposer à ces projets.
Le gouvernement français semble s’être d’ailleurs inspiré du modèle suisse avec la consultation du mois de juin 2016. Il espérait par ce biais pacifier le débat et délégitimer la lutte contre l’aéroport de NDDL.
À Genève, l’échec du référendum de 2011 sur le déclassement de la zone agricole des Cherpines près de Plan-les-Ouates avait mis fin à toute critique envers la construction de cet écoquartier tinté d’un beau verni écologique et participatif
LUTTONS PARTOUT
Le comité de soutien se tient informé des grands projets nuisibles pour en déconstruire l’image mise en avant par les politiciens et les médias. Il a pour but de favoriser les luttes qui s’y opposent. NDDL est un exemple de lutte qui nous rappelle qu’il est possible de s’opposer à ces projets dont nous ne voulons pas, ces projets qui incarnent les logiques capitalistes qui nous écœurent.
BREF HISTORIQUEDE LA LUTTE DE NDDL
Le projet de construction d’un nouvel aéroport en Loire-Atlantique est né dans les années 1960. Au départ, le but affiché était d’anticiper le futur engorgement de l’aéroport de Nantes. Le choix du lieu s’est porté sur une zone agricole de 1650 hectares, près du village de Notre-Dame-des-Landes (NDDL) à 20 km au nord de Nantes (zones humides, hameaux et terres agricoles).
Après des années de dormance, le projet d’aéroport est relancé en 2000 par un ministre des transports dans l’idée de mettre en place une "plate-forme économique du Grand Ouest", entre Nantes et Saint-Nazaire. Déjà active dans les années 60, la résistance à ce grand projet nuisible refait surface. Des associations se créent ,mènent un travail d’information et d’argumentation important et plusieurs oppositions juridiques sont déposées.
En 2008, un appel à venir occuper la zone est lancé par des habitantes du coin. A partir de ce moment, des maisons, des champs, des forêts sont occupées et de nombreuses personnes viennent s’installer sur la zone.
A l’automne 2012, la mobilisation « contre l’aéroport et son monde » parvient à travers les occupations et réoccupations, les barricades mais également grâce aux nombreux soutiens logistiques extérieurs à mettre en échec l’offensive policière qui visait à expulser les occupants illégaux de la zone. Ces semaines d’expulsions et la grande manif de réoccupation qui a suivi le 17 novembre restent comme un moment important de cette lutte.
Depuis l’été 2014, Vinci et le gouvernement reviennent à la charge. Là encore, la lutte s’organise à travers une large mobilisation composée depaysan·ne·s qui ne veulent pas quitter leur terres, d’associations militantes, d’occupant.e.s installées depuis quelques temps sur lazone, de militant·e·s anticapitalistes, etc.