Migrations - Frontières

Coulons les architectes de la répression dans leur propre béton !

Mise au concours de la conception du centre fédéral pour requérants d’asile (CFA) du Grand-Saconnex, ainsi que des nouveaux locaux de la police internationale (PI), du centre de coopération policière et douanière (CCPD), et du centre de détention administrative et de déportation de Bois-Brûlé.

Genève |

Dans la foulée du durcissement du régime migratoire en suisse (notamment des procédures accélérées ou « fast track ») et dans le contexte général d’un souci d’« efficacité » au sein de toutes les institutions responsables de la gestion, du controle et de la répression, de nouvelles structures répressives devraient etre créées dans la ville frontalière de Genève au cours des prochaines années.

Concrètement, les autorités cantonales et fédérales, main dans la main, prévoient de construire deux bâtiments (pour un total d’environ 63 mio CHF) :

  • un centre fédéral pour requérants d’asile (CFA) aux fonctions « d’attente et de départ » (250 places), comme prévu dans le plan de restructuration de l’asile (PSA) par le SEM ;
  • de nouveaux locaux 1) pour la police internationale (PI) [1] ; 2) pour le centre de coopération policière et douanière (CCPD) ; ainsi que 3) pour le centre de détention administrative et de renvoi de Bois-Brûlé, destiné aux personnes illégalisées et considérées comme indésirables par l’État. Les autorités genevoises considèrent la nouvelle infrastructure prévue pour Bois-brulé comme « une première en Suisse car aucune structure d’hébergement n’est actuellement prévue pour ce qui est de l’organisation du dispositif spécifique de renvoi intégré en bordure immédiate d’un Aéroport » [2].

A Genève, comme souvent ailleurs, les prisons vouées aux expulsions (détention administrative) sont surpeuplées, les temps d’attente interminables, les conditions de détentions infectes,… et on voit souvent des tentatives d’évasion, parfois heureusement réussies. Dans le nouveau projet, les consignes sont claires : des bâtiments qui font office de cloture, des chemins de fuite qui ne donnent pas sur la rue, une seule entrée sous haute surveillance, des vitrages blindés, des parkings séparés, des zones invisibles, une optimisation des flux pour assurer des procédures « cadencées », des locaux spécialement conçus pour les fouilles et la prise d’empreinte, des cellules d’isolement sans lumière du jour, des accès directs pour la police, etc.

C’est sur une parcelle jouxtant la piste de l’aéroport, sur la commune du Grand Sacconex, que les autorités veulent réaliser ce grand complexe de bâtiments, placé sous très haute surveillance. Un centre fédéral pour traiter les procédures d’asile de façon accélérée, une prison administrative prévue pour des attentes de « courte durée » avant les expulsions, une concentration des services de police et de douane, le tout construit cote à cote et relié par des « vestibules »… et intégré au complexe de l’aéroport. Comme on peut le lire dans le cahier des charges de la mise au concours, il s’agit de limiter les fuites, d’écraser les résistances, et de faciliter la mise en œuvre des expulsions ; ainsi, « les programmes des deux bâtiments sont étroitement liés à l’activité de l’aéroport ». L’infrastructure prévue est coordonnée, interconnectée, à l’image de sa fonction sociale : les personnes qui ne sont pas conformes aux normes, qui ne sont pas assez exploitables, qui n’ont pas les privilèges d’etre riche ou d’avoir des papiers valables, qui se défendent ou qui se rebellent, sont criminalisées, concentrées dans un meme lieu, emprisonnées, et finalement, expulsées.

D’ici le début des travaux, et d’ici à ce que ces prisons puissent etre matérialisées dans du béton, il reste un peu de temps… Mais le délai du concours d’architecture et de la planification des travaux pour la réalisation du complexe est bientôt échu. Les architectes et les ingénieurs civiles ont jusqu’au 20 octobre 2017, à 12h00, pour remettre leur sale contribution aux organisateurs du concours (l’état de genève), par la poste :

adresse des organisateurs :

REPUBLIQUE ET CANTON DE GENEVE
Département des finances (DF)
Office des bâtiments Direction des constructions
Concours PI-CFA
Boulevard St. Georges 16
Case postale 22
1211 Genève 8

adresse du secrétariat du concours :

MIDarchitecture Sàrl
“Police internationale et centre fédéral pour requérants d’asile/fonctions attente-départ”
27 rue Louis-Favre
1201 Genève
e-mail : pi-centrededepart@midarchitecture.ch

Sabotons la réalisation de toutes ces immondices, elles ne doivent pas voir le jour. Pour l’instant, on peut déjà envoyer nos propres propositions, quels que soient la forme, le bruit, et l’odeur de nos colis, aux responsables de ces projets, aux concepteurices et aux planificateurices de l’enfermement, de la violence d’État, de l’exclusion, de l’exploitation et des déportations.

Jusqu’à ce que leur boite aux lettres craquent !
Feu à toutes les prisons !

P.S.

La liste des collabos est longue… on en profite pour vous inviter à aller remettre votre nez dans celle qui avait été publiée dans l’appel « Bloquons la machine à expulser ! » : https://renverse.co/Suisse-Bloquons-la-machine-a-expulser-612 | Liste des collabos (à mettre un peu à jour) : https://renverse.co/home/chroot_ml/ml-geneve/ml-geneve/public_html/IMG/pdf/liste.pdf

Notes

[1La PI est composée de 320 collaborateurices et regroupe différentes unités aujourd’hui réparties à divers endroits de l’aéroport, comme l’Etat Major (EM), Centre administratif (ADM), Centre opérationnel (COPSI), Unité groupe diplomatique (DIPLO), Détachement protection rapprochée (DPR), Unité de patrouille diplomatique (PADI), Agents de sécurité publique (ASP).

[2Le cahier des charges du concours, édité par l’état de genève : https://fr.scribd.com/document/357269384/01-Cahier-Des-Charges-Concours-PI-CFA-16juin

DANS LA MÊME THÉMATIQUE

À L'ACTUALITÉ

Publiez !

Comment publier sur Renversé?

Renversé est ouvert à la publication. La proposition d'article se fait à travers l’interface privée du site. Si vous rencontrez le moindre problème ou que vous avez des questions, n’hésitez pas à nous le faire savoir
par e-mail: contact@renverse.co