Travail - précariat - lutte des classes Grève

[Genève] 11 novembre : la ville est aux grévistes

Alors que la grève de la fonction publique entrait dans son deuxième jour, c’était au tour des maçons de faire la grève aujourd’hui. Avec un désormais traditionnel blocage du Pont du Mont-Blanc.

Genève |

Certains se sont levés tôt pour aller bloquer des chantiers avec plus ou moins de succès, mais le gros des manifestants et grévistes de la journée se sont retrouvés entre la Place des 22-Cantons et la zone piétonne du Mont-Blanc sur le coup des 8h. L’ambiance était à la casquette marquée du mot “grève” et aux drapeau rouge-bleu-blanc des syndicats des maçons. Difficile de montrer beaucoup d’enthousiasme ou d’offensivité quand la grève relève avant tout d’une démonstration de force des centrales syndicales pour mener des négociations qui aboutiront certainement. Personne ne veut voir la paix du travail disparaître, ni les patrons, ni les syndicats.

À 8h25, les maçons envahissent la rue de Chantepoulet et commencent à descendre vers le Pont du Mont-Blanc. Ils sont rejoints par le cortège des fonctionnaires à la hauteur du Plaza. Un syndicaliste lance des : “Travailler sous la pluie, c’est fini ; notre santé n’a pas de prix” qui reçoivent un accueil tiède comme leur rime. Déchirant un stratus tenace, le soleil pointe le bout de son nez sur les plus de 8000 personnes présentes - “public, privé, solidarité” est le slogan du moment. À 9h15, le cortège s’engouffre sur le pont sous le regard de policiers en civil équipés d’appareils photos, perchés sur le balcon de l’Hôtel des Bergues.

À 9h22, le blocage du Pont du Mont-Blanc - et par extension de la ville - démarre. Ça discute dans tous les sens. Les fonctionnaires se mêlent peu à peu aux maçons grâce à l’appel d’air créé par une distribution de sandwiches et de bières fraîches. Les syndicalistes tournent comme des MCs à un open mic. Puis c’est au tour de la musique. Une légère euphorie gagne tous ceux qui sont présents, suspendus là, au milieu de la rade. Une euphorie qui a du mal à décoller vu la présence de flics grévistes dans tous les coins. On parle de beaucoup de colère au micro, mais personne ne se risque à lui laisser libre cours.

Les flics grévistes s’improvisent en service d’ordre une fois que le cortège repart après deux 2 heures de blocage du pont. Alors que les manifestants traversent les Rues Basses et leurs boutiques de luxe, ils s’installent devant des rues et des magasins pour bien avoir la situation sous contrôle. Flic un jour, flic toujours.

À la hauteur de la Place du Cirque, quatre jaunes en habits orange ont pris la manifestation à contre-courant par le trottoir. Les huées fusent, puis une course poursuite entre grévistes et briseurs de grève se lance. Les secrétaires syndicaux se dépèchent de la juguler, quitte à pousser des grévistes. Ce gros sprint pour jaunes et syndicalistes était un des moments forts de la manifestation.

Sur ses manchettes, le Courrier annonce “Le retour de la question sociale”. Il est certain que ça fait bien longtemps que Genève n’avait pas autant frémi. Mais puisque seule la grève des fonctionnaires a été reconduite aujourd’hui, on est pas encore sûr que ce retour soit gagnant.

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