Migrations - Frontières

[Genève] Communiqué de presse et lettre des habitants du Foyer Frank-Thomas

Pour faire un point de la situation et continuer la lutte, les habitant.e.s invitent la population à partager un repas ce mercredi 13 juillet à 19h au foyer Frank-Thomas (6 ch. Frank- Thomas).

Genève |

Communiqué de presse du lundi 11 juillet 2016

Rénovation du foyer Frank­ Thomas : le choix du bon sens pour sauver 135 places d’hébergement pour les personnes en exil ?

Après deux mois de lutte contre la destruction du foyer Frank-Thomas et le transfert des habitant.e.s qui affecte gravement leur conditions d’existence, les autorités cantonales et communales envisagent enfin la possibilité d’une rénovation.

Le Conseiller d’Etat M. Mauro Poggia a rencontré le mercredi 6 juillet 2016 une délégation de personnes en exil résidant au foyer Frank-Thomas et des représentant.e.s de la Coordination Asile GE.

Cette rencontre fait suite aux menaces d’expulsion que subissent actuellement les résident.e.s du foyer. A la fin du mois d’avril, l’Hospice général a ordonné à l’ensemble des personnes en exil d’évacuer le foyer au motif que celui-ci doit être détruit dans le cadre du chantier de la nouvelle gare des Eaux-Vives.

Les habitant.e.s résistent contre cette expulsion qu’ils jugent illégale et absurde et obtiennent un large soutien au sein de la société civile. Pour cause : il s’avère que la Ville de Genève, qui doit à terme construire un complexe sportif sur la parcelle, nous a confirmé par écrit qu’elle ne compte pas entreprendre de chantier avant 2020 !

Dans ces conditions, face à la pénurie de logement à Genève et plus particulièrement de places d’hébergement pour les personnes issues de l’asile, de nombreuses voix ont exigé que l’Etat reconsidère la destruction du foyer. Moyennant un investissement raisonnable pour la rénovation et une solution pour le redéploiement du chantier du CEVA autour du foyer, 135 places d’hébergement hors sol pourraient être conservées et éviter que ne se remplissent un peu plus les bunkers du Canton.

Deux mois de mobilisation auront été nécessaires pour que les autorités cantonales et communales nouent enfin un dialogue qui permettent la conservation du foyer. Ce dialogue doit se poursuivre la semaine prochaine entre Mauro Poggia et Rémi Pagani, en charge du Département des constructions et de l’aménagement à la Ville de Genève.

L’option de la rénovation est aujourd’hui privilégiée et seul des calculs d’épiciers sur les coûts engendrés pourrait la rendre caduque. Il appartient aux résident.e.s de Frank-Thomas et au mouvement de soutien aux personnes en exil d’exiger des autorités qu’elles ne mettent pas en balance l’incomparable : le coût économique, et les coûts humains.

Il nous appartient aujourd’hui, collectifs, organisations et personnes solidaires de maintenir la pression politique nécessaire pour que les bonnes décisions soient prises et appliquées et pour que les résident.e.s de Frank-Thomas soient les bénéficiaires de la lutte qu’ils ont menée.

Le Collectif Perce-Frontières

perce-frontieres@noborders.ch

La situation des résidents de Frank-Thomas (5 juillet 2016)

La plupart d’entre nous, résidents de Frank-Thomas, venons de différents pays et avons obtenu le statut de réfugié en Suisse. Nous tous vivons dans ce pays depuis plus de deux ans et nous avons des permis de résidence (permis B, C, F, N). Concernant nos activités, certains d’entre nous travaillons et d’autres prenons des cours de français. Ce faisant, nous sommes sur la voie de nous intégrer dans la société suisse.

Nous sommes reconnaissants que le gouvernement suisse, qui comprend le fond des problèmes que nous avons rencontrés dans nos pays respectifs, nous permette de vivre en paix. Mais depuis notre arrivée, nous avons rencontré le plus fondamental des problèmes : le logement à Genève. Au début, la plupart d’entre nous a fait l’expérience de vivre sous terre en bunkers, partageant une chambre avec 20 personnes, avant d’être transféré à Frank-Thomas. A Frank-Thomas, nous vivons tous dans de petites chambres, seuls, et nous partageons cuisine et toilette. Cette situation était relativement agréable comparé à ce à quoi nous étions habitués.

Il y a environ deux mois, l’Hospice général a décidé de nous déménager dans un nouveau foyer nommé Appia où les personnes logent à 4 par chambre. Avec l’aide de nos bons amis de Perce-frontières, nous avons contesté la décision et nous continuons de le faire bien que la plupart d’entre nous ont accepté le déménagement à Appia. Cependant certains d’entre nous ont décidé de rester à Frank-Thomas et continue la lutte.

Ce que toutes les personnes concernées par notre situation devraient comprendre est que ceux parmi nous qui ont décidé de quitter Frank-Thomas pour aller à Appia, ne le font pas volontairement. Nous sommes arrivés à cette décision après beaucoup de pression exercée par l’Hospice général : ils nous ont menacé de nous jeter à la rue, de couper notre adresse postale, de couper l’électricité et l’eau, etc.

Jeudi dernier, l’Hospice général a complètement quitté Frank-Thomas. Ils ont fait quelque chose qui nous a stupéfait : l’agent de Securitas en charge de la sécurité a pris tout ce qui leur appartenait même les extincteurs, montrant ainsi à quel point ils sont inhumains.

Nous espérions trouver un meilleur lieu pour notre futur et notre intégration que où nous sommes à présent. Mais la réalité va à l’encontre de nos attentes. Jamais nous n’aurions pensé que l’Hospice général – en tant qu’institution qui répond aux besoins des réfugiés – pourrait prendre position contre notre dignité. De notre expérience, nous n’avons jamais rencontré une seule personne qui soit contente de comment l’Hospice général gère les choses. Nous comprenons qu’il y a une pénurie de logement à Genève, mais nous ne sommes pas contents des méthodes employées par l’Hospice général pour gérer nos problèmes.

Nous résidents de Frank-Thomas poursuivons notre rêve d’être des résidents productifs et indépendants dans la société suisse. Et bien que nous ayons peut-être besoin d’assistance jusqu’à ce que nous puissions nous reposer sur nos propres pieds, nous avons confiance que nous pouvons atteindre notre objectif et nous désirons contribuer, de différentes façons, à la société suisse.

Et avec Perce-frontières, nous continuerons de nous battre pour nos droits et les droits d’autres personnes qui en ont besoin. Et nous croyons que malgré que la plupart d’entre nous quitte Frank-Thomas, ce lieu d’hébergement ne devrait pas être démoli tant qu’il y aura des personnes vivant dans les bunkers !

Les résidents de Frank-Thomas

Et voici l’affiche en meilleure qualité à imprimer.

Agenda

[Genève] Repas soutien au Foyer Frank-Thomas

 mercredi 13 juillet 2016  19h00 - 22h00
 mercredi 13 juillet 2016
19h00 - 22h00

 

6 ch. Frank- Thomas

Notes

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