Jusqu’à peu, la survie de l’espèce humaine était assurée par les paysans, restés connectés à la terre. Ils se nourrissaient de produits sains et vivants issus de leurs efforts. Or aujourd’hui, la majorité des paysans sont assis sur un tracteur toute la journée et mangent des légumes bourrés des pesticides et d’engrais chimiques. Les multinationales agroalimentaires ayant comme seul but l’accumulation de profits se donnent le droit de privatiser la nature et l’univers, faisant des paysans leurs esclaves et de la terre une machine à produire. Afin de réussir à suivre cette course au profit, les fermes familiales, communautaires et autonomes car diversifiées, deviennent des entreprises spécialisées pratiquant la monoculture, traitant avec des produits chimiques, remplaçant les travailleurs agricoles par des machines. La planéte se meurt et notre autonomie alimentaire est gravement menacée.
De nombreux projets en réaction à notre asservissement sont freinés ou refoulés par l’innaccessibilité croissante à la terre, quadrillée en propriétés privées. A Genève, de plus en plus de terres agricoles sont déclassées et vendues à des promoteurs immobiliers pour des projet de constructions. La ville s’étend et la campagne rétrécit à vue d’oeil.
En effet, le besoin actuel de logement à Genève est une réalité, mais il est important de réaliser qu’il existe de multiples autres solutions à ce problème et qu’il est impératif et urgent de songer à la préservation de cette terre qui est la seule capable de nous nourrir.
Pour remédier aux problèmes de logements, il devrait être logique de réaffecter en priorité les bureaux en ville pour en faire des appartements ou de réaménager les nombreux bâtiments inoccupés sur l’ensemble du canton. Nous devons avant tout trouver des solutions de réaménagement des constructions déjà existantes afin de préserver les espaces agricoles.
Mais les promoteurs immobiliers et bureaux d’architectes voient plus d’intérêt à prévoir et mettre en place de nouvelles structures sur ces zones qui disparaissent du paysage à une vitesse effrayante. Cette urbanisation grandissante démesurée fragilise l’équilibre entre la population à nourrir et la production de denrées aléimentaires et va donc, encore une fois, à l’encontre du principe d’autonomie alimentaire.
Les Communaux d’Ambilly sont un exemple concret d’un gigantesque projet d’urbanisation sur des zones agricoles et naturelles. Il s’agit d’un projet d’agrandissement urbain de 40 hectares à but lucratif, dirigé par des promoteurs privés (à 50%), approuvés et soutenus par l’État de Genève (40%) ainsi que par la commune de Thônex (10%).
Ces acteurs imposent la construction d’un “éco-quartier” avec des logements (40% de logement sociaux annoncés), des emplois ainsi que des structures publiques (école, salle communale, poste de police...). Tout ceci étant bien entendu condidéré comme durable et respectueux de l’environnement, d’où par exmple l’utilisation d’énergies renouvelables, la mise en place d’espace verts et l’aménagement de parkings souterrains.
Mais malgré les beaux idéaux que font valoir les promoteurs de ce projet, plusieurs points ne sont pas pris en compte par ceux-ci, comme les conséquences de la production d’énergie grise qu’engendrera la construction, les nuisances liées à 15 années prévues de travaux, l’abolition définitive de pratique agricole sur ces terres et la disparition de la flore et la faune sauvage du lieu, dont plus de 387 arbres (comprenant certains pins centenaires) et 1400 m carrés de surface forestière.
La réalisation de ces travaux n’est donc pas en cohérence avec l’idéologie écologique clamée hypocritement par les fondateurs de cet “éco-quartier”. A l’échéance de ces gros travaux cette surface sera tranformée en 85% d’habitations, 15% de services et activités commerciales et 0% de cultures ou espèces sauvages.
En plus des contradictions écologiques, ce projet est un exemple de décisions imposées par le haut, par des élus ou des technocrates (architectes, urbainstes, experts en tout genres). Il n’est pas prévu de demander l’avis aux gens qui vont vivre ici dans quelles conditions il voudraient vivre. Il serait pourtant essentiel que les gens décident de manière autonome de où et comment ils veulent construire leurs lieux de vies.
Etant donné nos doutes vis à vis du projet des Communaux d’Ambilly ainsi que nos peurs face à la situation actuelle concernant l’agriculture mais également d’une manière plus générale à la destruction massive de la planète par l’évolution du monde moderne, nous projettons d’aller encore plus loin dans la réflexion.
Nous allons créer en ce lieu un espace collectif et communautaire, ouvert à tous. Un lieu intergénérationnel et multiculturel, d’accueil, d’échange et d’aprentissage basé sur l’équilibre et la cohésion entre culture et habitat. Notre but premier étant la préservation de la terre nourricière, nous appliquerons une agriculture diversifiées, accordées à l’écosystème du lieu, un mode d’habitat sans fondations fixes, ainsi qu’une volonté de tendre vers l’autonomie la plus complète.
Afin de bâtir une structure durable et en harmonie avec les uns les autres, l’univers et la nature qui nous entoure, il nous semble actuelement indispensable d’occuper cette terre pour ouvrir le débat tous ensemble !