Répression - Enfermement

[Genève] Chasse aux pauvres : l’Hôpital universitaire n’aime pas partager sa cafétéria

Un homme a été condamné à un mois de prison ferme par le procureur Marco Rossier pour violation de domicile. Son délit : avoir choisi de boire ses cafés plusieurs fois par semaine aux Hôpitaux Universitaires Genevois, où il est moins cher qu’ailleurs, et d’y avoir profité du WIFI.

Genève |

Extraits de l’article paru le 21 avril dans Le Courrier :

Le 26 janvier, comme deux à trois fois par semaine depuis au moins un an, A. V. se rend avec son ordinateur aux HUG pour y boire un café – « il est moins cher qu’ailleurs » – et relever ses mails en profitant de la connexion gratuite. Dans le hall d’entrée, il prend, comme à chaque fois selon ses dires, la précaution de demander à un agent de sécurité s’il peut venir. Il faut dire qu’il fait l’objet d’une interdiction d’entrée notifiée par le service de sécurité des HUG le 2 janvier 2016. Le document stipule : « Lors d’une patrouille, nous interpellons pour la énième fois M. V. Nous lui expliquons à nouveau les règles de l’institution.

Bien que notifié en date du 1 juin 2014 d’une interdiction d’entrée, nous lui signalons verbalement ainsi qu’avec le document présent qu’en cas de récidive, une plainte pénale sera déposée auprès de la police. » « On m’a expliqué que ce document permettrait de me mettre dehors facilement si j’abusais. Il n’y avait pas de traducteur et je n’étais pas conscient que je risquais la prison. Je suis ensuite souvent revenu. Parfois un agent de sécurité me permettait d’entrer, parfois pas. »

Fin janvier, il a affaire à toute une patrouille, raconte-t-il. Un premier agent lui donne son feu vert, un second dit le contraire. Puis la police est appelée. Il passe alors deux jours en détention préventive. A sa sortie, une première ordonnance pénale lui est remise en mains propres. Elle est signée par le procureur Marco Rossier, qui condamne le prévenu à 30 jours de prison ferme pour violation de domicile.

La juriste demandera aux HUG qu’ils lèvent l’interdiction d’entrée. « Il est choquant que des gens avec peu de moyens ne puissent prendre un café bon marché, en particulier dans une institution publique », pointe cette avocate, qui s’est occupée de cas similaires mais concernant des entreprises privées comme la Migros, la Coop ou encore Balexert. « Quelle sera la prochaine institution publique à renoncer à être un lieu ouvert pour tous ? L’université ? »

A. V., lui, craint pour le manque à gagner durant son mois de prison. Me Maulini juge la peine totalement disproportionnée pour le prévenu, mais pas seulement : « Champ-Dollon est surpeuplée et un jour de prison coûte 485 francs à la collectivité. » Près de 15 000 francs, sans compter les frais du Ministère public et de la police. « Tout ça pour un café aux HUG »

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