Déroulement d’une journée de moins à payer les fonctionnaires
La journée a commencé par des piquets de grève épars dès 7h30, plus ou moins réussis. En effet, si la mobilisation a été importante dans les écoles primaires, cycles d’orientation et collèges, les étudiantEs et professeurEs de l’université et des hautes écoles ont pour leur part brillé par leur présence assidue en salle de cours. Un piquet organisé par le SSP et des étudiantEs à l’Uni Mail a vaillament et sans faillir tenté, à force de tractage, de mobiliser une population universitaire de toute évidence infiniment plus interessée par l’acquisition de savoirs tels que le droit ou les relations internationales qu’à participer à une grève d’ampleur les concernant.
Mais faisons fi de ces hautaines personnes pour se concentrer sur les meilleures surprises de la journée. Le personnel de l’université s’est bien passé du soutien étudiant et s’est réuni en grand nombre à 10h30 en parlant déjà de reconduire la grève. De plus, les étudiantEs de différents campus, rassemblés à 200 à 13h30 devant Uni Mail ont finalement réussi à drainer 400 personnes vers Uni Bastions, non sans ramasser au passage des étudiants égarés d’Uni Dufour pour les entrainer dans leur folle chevauchée. Ils ont donc pu tenir leur propre assemblée dans une aula occupée et ont décidé de continuer de soutenir la grève le lendemain, en se retrouvant cette fois directement dans la rue. L’assemblée du personnel, qui s’est tenue à 14h30 dans un Palladium manifestement trop petit pour l’engouement général, a également pris la décision de reconduire la grève et de manifester son soutien aux maçon.ne.s grévistes du lendemain.
Mais la palme revient surement aux collégienNEs qui ont mobilisé partout et ont rejoint le cortège des étudiantEs par petit groupe enthousiastes, amenant une énergie teintée d’une pointe de naïveté dans un défilé parti un peu déprimé. On raconte même qu’un groupe de collégienNEs aurait eut à faire avec la police alors que ses militantEs en herbe quittaient joyeusement leur établissement au volant d’une voiture-sono surement vrombissante…
Le pic militant de la journée a évidememnt été la manifestation prévue à 17h00. Elle a rassemblé une foule d’environ 11’000 personnes, à grand renfort de drapeaux aux couleurs invraisemblables et discours prononcés sur un ton révolté (et parfois pas moins invraissemblables que la couleurs des drapeaux qui les couvaient). On aura eu droit à tous les slogans les plus agaçants, du « Je suis prof » (évoquant l’histoire de Charlie que nous pensions enfin enterrée) au « Pour une justice de qualité » des fonctionnaires du département de la justice.
Il est par ailleurs fort étonnant que la présence d’autant de flics et de matons ne fasse tourner le sang que de si peu de gens. Le Groupement des Associations de Police (GAP) regroupe des syndicats parmis les plus puissants dans le canton, et ne cesse de rendre meilleures les conditions de travail de ses affreux membres. Les policierEs n’ont jamais été solidaires de quiconque et ne le seront jamais : leur égocentrisme n’a d’égal que leur bêtise, et c’est dire à quel point ils et elles n’ont aucune utilité dans une lutte, sinon pour la réprimer. Leur participation à cette manifestation relève exclusivement de l’opportunisme et non d’un quelconque interêt pour le sort de l’ensemble du service public. Alors quand une pancarte du Syndicat Inter-Travailleur/Travailleuses (SIT) demande si nous voulons moins de policierEs dans la rue, nous répondons : volontiers et jusqu’à plus du tout.
Cette manifestation a donc été un grand moment et ce mouvement naissant mérite que l’on s’y interresse. Il est rare de voir autant de personnes dans les rues de Genève, et celle-ci est apparue soudainement bien petite pour contenir une telle foule. La manifestation était déjà dissoute officiellement par les discours dirigeants qu’arrivaient encore des gens par milliers sur la place de la cathédrale. Il est bien dommage que la messe dite, la jeunesse ait échoué à lancer une manifestation moins légale et plus libre pour continuer la fête.
Voyons maintetant comment se profile la suite…
Un lecteur nous a écrit mercredi pour apporter quelques précisions sur la journée de mardi :
Je bosse à Uni Dufour et je fais partie de la “poignée” en grève depuis hier matin.
Je tiens quand même à vous dire qu’on était pas loin d’une centaine à la réu, et qu’il y avait pas mal d’étudiants motivés ; les bibliothèques étaient notamment assez présentes à la manif d’hier et j’ai même eu la surprise d’y voir quelques collègues informaticiens, et ce matin il y en avait même un peu plus, dingue dingue.
L’uni est traditionnellement peu mobilisée et peu mobilisable. Là c’est presque un succès, or votre article tend à faire croire le contraire... Dommage, et vive la nuance !