M. Maudet semble considérer que les bunkers constituent une solution acceptable pour l’hébergement des migrants. Il s’inscrit ainsi contre l’avis des médecins, contre l’avis de son collègue M. Poggia, contre l’avis de l’Hospice général, contre l’avis du Conseil Administratif de la Ville de Genève et de la Ville de Carouge. M. Maudet doit se sentir bien seul dans la lutte pour la poursuite de l’hébergement en abris PCi.
M. Maudet nous traite d’imposteurs : nous aurions caché à la population genevoise que les migrants de notre Collectif sont des requérants d’asile déboutés ce qui est faux. Les catégories de migrants créées par la politique migratoire raciste de la Suisse n’entrent pas ici en considération. Quel que soit le type de permis, la taille du casier judiciaire ou encore l’origine ou la couleur de peau des personnes, l’hébergement en bunker est une pratique indigne !
M. Maudet allègue que 80 % des migrants du Collectif ont un passé pénal et qu’ils ont donc purgé leur peine. Mais cela ne lui suffit pas ! Le fait d’avoir un passé pénal semble constituer pour M. Maudet un argument de choix pour légitimer le logement sous-terre. Son incompréhensible désir de vengeance poursuivra les migrants qui ont osé refuser d’être maltraité par les autorités. Il est inquiétant qu’un Conseiller d’Etat use de son pouvoir pour rendre sa justice, elle qui devrait pourtant rester indépendante. Nous réaffirmons qu’il est inacceptable de sous-entendre que le respect de la dignité humaine s’arrête à des questions judiciaires.
Depuis le début du mouvement, nous dénonçons des pratiques systématiques d’intimidation et de répression policière à l’égard des migrants du Collectif. Lors du passage à tabac d’un migrant le 19 juillet et après publication de son témoignage et des photos de ses blessures, M. Maudet a tout bonnement décidé de ne pas entrer en matière, couvrant ainsi les brutalités policières. La personne en question a ensuite été emprisonnée et est en grève de la fin et de la soif depuis le 27 juillet, dans l’attente de son renvoi.
Les nombreux rendez-vous avec M. Poggia, qui ont d’ailleurs permis de dégager la principale solution d’hébergement hors des bunkers, en l’occurrence les 200 places dans le bâtiment ONUSIDA, montrent que le Collectif a été un interlocuteur de confiance et une force propositionnelle majeure. Le dialogue avec la Ville de Genève, salué par les autorités municipales, le montre également. Plutôt que de profiter des solutions offertes par la mobilisation et de reconnaître l’action du Collectif, comme l’ont fait tous les autres magistrats s’étant exprimé sur le sujet, M. Maudet se met dans la position de rompre un dialogue qu’il n’a jamais mené.
De nombreuses personnes ont répondu à notre appel pour un logement solidaire « chez l’habitant » en attendant l’ouverture de places hors bunkers. Mais M. Maudet sape cet élan de solidarité, en invoquant le confort de l’action policière : ce confort serait mis à mal par un hébergement chez des particuliers. Le regard de la population sur les pratiques policières semble poser problème à M. Maudet. La police aurait-elle quelque chose à se reprocher ? Par ailleurs, cette solution d’hébergement solidaire, pourtant facile dans la démarche et peu coûteuse, n’est pas illégale du moment que l’adresse des migrants est déclarée à l’Hospice général. Ce dernier a déjà fait usage de cette pratique par le passé, l’opposition de M. Maudet concerne donc bien uniquement le Département de la sécurité et non celui des affaires sociales.
Nous attendons pour l’heure notre prochain rendez-vous avec M. Poggia, pour continuer à travailler en bonne intelligence, et espérons que les propos tenus par M. Maudet, portés par des considérations politiciennes et visant principalement à contenter son électorat, resteront anecdotiques.
Collectif No Bunkers