Luttes étudiantes UNIGE

[Genève] Punaise d’élite !

Nous sommes contre l’Université et son monde !

Vendredi 14 octobre 2016 a eu lieu le “Dies Academicus”, journée universitaire sans cours durant laquelle le Rectorat tente de se montrer ses plus belles parures (avec de belles robes traditionnelles) aux politiques et aux élites de ce monde.

Nous avons donc agit pour que cette fête ne soit pas si belle. Uni-Dufour et ses environs, où se déroulait la cérémonie, a été copieusement recouverte de plus de 300 affiches aux slogans variés et divers, poétiques mais néanmoins critiques.

Genève |

Nous rappelons que l’Université est la seule institution, avec l’Eglise, qui a su survivre plus de quatres siècles, accompagnant de ce fait les différentes formes de pouvoirs politiques et économiques qui ont traversées le temps. Elle est aujourd’hui au service de la propriété privée et du productivisme, des puissants qui ne cherchent que le pouvoir et le profit.

Cette cérémonie, placée sous le signe du développement durable, n’est qu’une mascarade universitaire parmis tant d’autres. Comment une telle institution, censée instruire la société, mais qui en réalité ne fait que créer des élites au service du pouvoir, ose encore se clamer de la scientificité, de la neutralité, du progrès ?
Notre société se trouve actuellement dans la pire situation de son histoire : inégalités sans égales, destruction de l’environement naturel qui l’entoure et qui lui permet de vivre, rejet arbitraire des plus pauvres de ce monde, patriarcat institutionnalisé (cf. Regard critique n.48, Genre et austérité, p.8), impérialisme guerrier et mondialisé, et tout autre type d’oppression qui perdurent.

Nous faisons partie de la première génération de l’histoire de l’humanité à n’avoir jamais eu un niveau de connaissance aussi élevé, et paradoxalement, aucune des institutions qui nous dirigent n’arrivent à faire face à ces terribles problèmes. Où allons-nous pour que l’Université soit si vénèrée alors qu’elle contribue de manière évidente à la dégradation de notre société ?

Capitalisme austère, dogme universitaire !

Un des exemples les plus évidents pour illustrer l’arbitraire universitaire se trouve au sein de l’enseignement de l’économie que notre Université propose. Economie qui, on le sait bien, détermine les diverses forces matérielles de notre société. Ainsi, lorsque vous suivez cette filiale, l’on va vous présenter les “principes” de base de l’économie lors des quelques premières semaines de cours que vous suiverez ; individu rationnel, marché conccurentiel, optique de production, maximisation du profit, facteurs/moyens de productions (travail, ressources, connaissances). Ce sont les axiomes de la “science” économiques et ceux-ci - car l’orthodoxie est reine au sein de GSEM (Geneva School of Economics and Management) - ne seront jamais remis en question au cours de votre cursus. Ainsi, vous n’aurez la possibilité de connaître les résultantes d’une interaction économique, qu’à condition que celle-ci soit faite pour faire du profit. Ainsi, vous imaginerez l’organisation économique que sous l’égide de la propriété privée des moyens de production. Ainsi, vous considérerez les agents économiques que dans l’optique de leur rationnalité à maximiser leur utilité.
Au sein de cette faculté, imaginer un autre type d’organisation économique relève donc de l’impossible (par exemple d’une économie qui ne serait pas basée sur la propriété privée des moyens de production et par le productivisme) alors que ce devrait être le but premier de notre humanité en déclin. Le formatage que vous aurez subit vous demandera une gymnastique intellectuelle telle que la remise en question des axiomes susmentionnés ne sera quasi faite par personne.
A ce stade là, trop d’éducation tue l’éducation.

Ainsi, l’auto-éducation, collective si possible, revient à être le seul moyen à adopter si l’on veut un tant soit peut avoir une éducation pluraliste, critique et subversive. Nous sommes de celleux qui tentons de nous émanciper du pouvoir intellectuel que l’université nous impose.

Dies Academicus, bientôt au marché aux puces !

L’extrême néolibéralisme rapace et sa vague de privatisations passe gentiment outre-atlantique et ronge un ensemble de bien communs (déjà corrompu) que sont l’“éducation”, la “santé”, ... et bientôt la “démocratie” (TAFTA, CETA, TTIP, ... ). Nous ne pouvons ignorer ce basculement, le même qui touche les fonctionnaires du canton et les prestations qu’illes proposent, dont la partie visible représente, pour les étudiant.e.s, une hausse des taxes maquillée. L’austérité ne soignera pas les problèmes auxquels fait face notre société, elle permet juste au dominants de s’accaparer encore plus des quelques prestations encore au service de la population.

#Shanghai, aïe aïe aïe !

Donner des distinctions donc, tel était l’une des principales excuses de cette cérémonie. Il s’agit ainsi d’institutionnaliser une élitisation, de faire bonne figure auprès de ce public séléctionné sur mesure. Il faut à tout prix figurer en bonne position au sein des classements universitaires internationnaux, eux-mêmes productivistes, et mettre en avant le plus de personnalités, si possibles mainstream et orthodoxes, qui ne dérangent pas trop et qui ont bonne figure auprès des dominants de ce monde. Autre objectif : leur permettre d’humaniser ou de verdir leur blason pourri de l’intérieur, comme cela a été le cas lors de ce Dies Academicus. Vous devez donc vous soumettre au marché de la propriété intellectuelle, lui même guidé par le capitalisme, pourvoyeur de fonds de ce dernier...pas étonnant quand ce système économique semble être l’unique modèle enseigné.

Bon Cal vin blanc pour eux, hausse des taxes pour nous !

L’arrogance de vos verrées bien fournies sont pour nous un terrible affront à l’heure où vous nous demandez de serrer la ceinture (cf. Le Courrier du 13.10.16, L’inscription à l’université de Genève devient payante). Economisez donc dans le budget de vos pratiques bourgeoises, dans les salaires exorbitants que vous vous octroyer, dans la compétition internationale pour laquelle vous ne cessez de vous prostituer !

Ils veulent qu’on s’univers si taire, moi j’ouvre ma gueule !

Il est de notoriété publique que certain.e.s étudiant.e.s subissent des pressions de la part du Rectorat, de certains Décanats pour qu’illes pondèrent leurs discours parfois critiques, que ce soit au sein des instances universitaires ou lors de débats publiques, au point de réprimer par la forces certaines actions directes de protestation (cf. venue de J. M. Barroso au Dies Academicus 2010). Ces pratiques sont innaceptables pour une institution qui se veut démocratique et libre (ce qui n’est évidemment pas le cas). Refusons toute forme de dictat des instances universitaires, unissons-nous pour leur rendre la vie infernale !

Nous serons de celleux VNR lors du rassemblement du 3 novembre. Nous ne voulons pas d’une hausse des taxes qui ne fait que renforcer la précarité d’une population déjà en difficulté. Nous ne voulons pas d’une Université au service du capital et de l’Etat-nation !

A bas l’Université ! Vive l’auto-éducation collective !

On concluera par cette citation d’Errico Malatesta qui nous permet de situer le pouvoir universitaire au sein du sytème d’oppression capitaliste qui l’entoure.

"Tout au long de l’histoire, tout comme à l’époque actuelle, le gouvernement a été synonyme soit de la domination brutale, violente, arbitraire d’un petit nombre d’individus sur la population, soit un instrument destiné à garantir domination et privilège à ceux qui, par force, ruse ou héritage, ont accaparé tous les moyens d’existence, dont la terre, et s’en servent pour tenir le peuple en esclavage et le faire travailler pour leur propre compte.
On opprime les hommes de deux façons : directement, par la force brutale, par la violence physique, ou indirectement, en leur enlevant les moyens de subsistance et en les réduisant ainsi à l’impuissance. La première façon est à l’origine du pouvoir, c’est-à-dire du privilège politique, alors que la seconde est à l’origine de la propriété, c’est-à-dire du privilège économique. On peut aussi opprimer les hommes en agissant sur leur intelligence et sur leurs sentiments : c’est là le pouvoir religieux ou universitaire ; mais comme l’esprit n’est jamais que la résultante des forces matérielles, le mensonge et les corps constitués pour le propager n’ont de raison d’être qu’autant qu’ils sont la conséquance des privilèges politiques et économiques, et un moyen pour les défendre et les consolider."

Errico Malatesta, L’anarchie, Lux Editeur, collection instinct de liberté, p.30-31

P.S.

Vous trouverez joint à cet article le pdf des 54 punchlines qui ont étés produites pour l’occasion. L’époque est propice à la diffusion massive de ces missives dans les rues de notre ville. A vos pinceaux et pots de colle d’amidon !

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