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[Genève] Sibos ou la réunion suprême de la galaxie financière

Bien que l’heure ne soit pas encore à la question de leur recyclage, espérons voir venir le jour ou nous pourrons enfin jeter ces ordures loin du monde. Afin qu’elles ne servent plus jamais.

Genève |

“Détruire ce monde est possible” [1]

will trade bankers for refugees - sibos fuck off !

Qui a donc entendu parler de Sibos ? L’événement ne semble pas faire beaucoup d’émules au bout du lac ; la Tribune et le Matin dimanche y ont consacré exactement le même article, probablement commandé pour l’occasion. Et il est vrai que cette “conférence” ne fait que s’ajouter à la longue liste de rassemblements crapuleux qui ne cessent de se dérouler à Genève.

Sibos est une conférence qui se tiendra à Palexpo ces prochains jours et qui rassemblera environ 200 exposants tous liés directement au monde de la finance : banquiers, financiers, traders, spécialistes des marchés, créateurs de start-up et pontes de la sécurité informatique. Créée en 1978, cette conférence se déroule une fois par année dans différentes grandes villes du monde et réunit plus de 8000 personnes qui s’occupent à dominer la place financière internationale. Elle se présente comme un point névralgique pour “faciliter le débat, la mise en réseau et la collaboration autour du futur des payments, de la sécurité, de la gestion d’argent, du commerce”, etc.

Le “Primary business focus” montre la participation d’un net pourcentage d’entreprises développant les moyens de paiement de demain, notamment le paiement sans contact via smartphone, qui de leurs point de vue, annonce un avenir radieux de dématérialisation continue de la consommation. Tout les arguments y passent : la practicité du tout-en-un, l’ergonomie des applications, la sécurité des transactions, la facilité et la rapidité accrue de paiement, mais aussi et surtout l’écologie. En effet, plus besoin de produire des cartes de crédits, des quittances à imprimer, ou même de la monnaie ! Il suffira de batteries au lithium et de quelques centrales nucléaires pour faire tourner à fond la machine à acheter. Plus besoin de sondage non plus ; chaque consommateur et consommatrice se transforme en statistique en participant malgré elle à des collectes de données sur ses habitudes de consommation, permettant ainsi aux grandes entreprises de mieux cibler le marché.
C’est d’ailleurs sur le thème de "Transforming the landscape” (transformer le paysage) que s’ouvre cette nouvelle édition : un paysage lisse comme un écran de smartphone, connecté en permanence via 4G, étendu à tous les coins du monde. Un monde évidemment plus beau, plus neuf, plus jeune, plus dynamique.

Jeunesse et dynamisme sont parties intégrantes de Sibos : en effet, la conférence accueille un espace spécialement dédié à “24 start-ups helvétiques actives dans les technologies financières (fintech)” qui pourront présenter leurs innovations fascinantes à de potentiels acquéreurs. Le respect du terroir et du lien avec le local sont les arguments développés pour montrer l’altruisme sans limite de la conférence : on apprend sur son site internet son magnifique investissemnt dans des oeuvres locales, tel que l’Anouk Foundation, qui s’amuse à améliorer les conditions de vie des personnes hospitalisées en peignant les murs des institutions “de scènes ludiques, humoristiques et rassurantes”. La belle affaire en vérité de récolter les miettes de Sibos pour enjoliver des réalités sociales diffciles. Délicates attentions de la part de personnes qui ne s’encombrent pas au quotidien d’une touche d’intérêt pour l’humain et la solidarité, mais qui professent un monde entièrement libéralisé, personnifié et individualiste.

Craignons que ce type d’épisodes se répète avec d’autres : en effet, Sibos loue sur son site la “Capitale de la Paix”, cette Genève qui offre “un environnement économique, politique et social stable, attractive pour un nombre toujours plus croissant de start-up et de PME et qui accueille environ 200 mulinationales”. Ne gardons aucune fierté de cette réputation. Si Genève met son énergie à conserver son rayonnement international, c’est seulement aux vues de se maintenir dans la place dans un circuit financier qui n’a pour seul objectif que de grossir des fortunes qui ne se comptent même plus. Quel est notre interêt ? Dans son article commandé, Sibos insisite bien sur les retombées économiques pour Genève ; se serait plus de 65 millions de francs dépensés à enrichir ces mêmes fortunes...

Espérons que les temps prochains nous apportent un vent de changement soufflant en tempête sur ce genre d’événements. La Genève que nous voulons se passera volontiers de ces ”retombées économiques” et de ces immenses bandes de sacs-à-merdes. Construisons une ville libérée du chantage perpétuel à la compétitivité, qui saura bâtir autre chose qu’une propreté de façade masquant la pourriture.

Collectif Autonome D

Notes

[1tag inscrit rue du Mont-Blanc à Genève lors du la manifestation anti-OMC du 28.11.2009

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