Migrations - Frontières

[Genève] Stop aux renvois, Ayop restera

Pierre Maudet persiste dans ses renvois de réfugiés blessés lors de l’incedie du foyer des Tattes. Retour sur une fin de semaine de mobilisation contre les renvois de requérants d’asile déboutés à Genève, et sur le cas d’Ayop en particulier.

Genève |

Arrestation scélérate

Jeudi 26 mars à l’aube, la police se rend au Foyer des Tattes pour arrêter Ayop - un requérant d’asile qui s’est fracturé le crâne en voulant échapper aux flammes du foyer en novembre passé. Ayop n’est alors pas présent dans sa chambre et la police repart bredouille. Mais il revient quelques heures plus tard au foyer pour préparer sa confrontation avec les agents de sécurité du foyer dans les cadre de la procédure judiciaire qui suit l’incendie. Un des agents de Protectas le voit arriver et appelle la police pour leur dire de venir l’arrêter. Ayop se fait coffrer et emmener à l’aéroport en vu de son renvoi dans les heures qui suivent.

Dès que la nouvelle est connue, un appel à protester contre ce renvoi est lancé. Une quarantaine de personnes se retrouve à l’aéroport de Genève pour dire non aux renvois et pour exiger qu’Ayop reste à Genève. Le groupe de manifestants fait du scandale devant le passage des douanes pour les passagers. La police réagit violemment, frappe et agrippe tout ce qui bouge. Puis la nouvelle qu’Ayop a refusé de se faire expulser tombe. Les gens quittent l’aéroport et appellent à un nouveau rassemblement, le soir même, à la Place Neuve.

À l’assaut du poste

À 18 heures, plusieurs centaines de personnes s’amassent autour de la statue du Général Dufour à la Place Neuve. Deux prises de paroles font le point sur la situation. On y apprend les détails de l’arrestations du matin, tout comme le fait que la police a refusé aux avocats d’Ayop de le voir jusque là. Après les discours, c’est au tour de l’action. Les manifestants partent en cortège sauvage, direction la plaine de Plainpalais, puis le quartier de la Jonction pour se retrouver au pied du commissariat de Carl-Vogt où Ayop était emprisonné plus tôt dans la journée. L’ambiance est forte, les slogans sont repris en cœur, la police ne pointe pas le bout de son nez - si ce n’est un fourgon caché derrière le commissariat et les habituels civils. Fin d’une première journée de mobilisation.

Vendredi, un nouveau rendez-vous est donné en fin de journée sur la zone piétonne du Mont-Blanc, à la sortie de la gare. C’est l’occasion de nouvelles prises de parole et d’une distribution de tracts qui résument la situation aux passants. C’est aussi le moment de constater que la mobilisation ne faiblit pas et qu’une dynamique est bien lancée autour de ces questions.

À l’assaut des barreaux

Samedi, c’est au même endroit que le jour précédent que les gens se rassemblent à 17h. L’objectif du jour est de partir en groupe jusqu’à la prison de la Favra où est détenu Ayop pour lui manifester un soutien déterminé. La Favra se trouve en bordure du complexe carcéral genevois de Champ-Dollon. Cette visite sera aussi l’occasion de saluer tous les autres prisonniers entassés dans la prison genevoise. Les manifestants prennent le bus 9 jusqu’à l’hôpital psychiatrique de Belle-Idée avant de se lancer en petit cortège à l’assaut des hauts murs de Champ-Dollon. L’ambiance est bon enfant, poussettes et sourire se font de la concurrence.

À l’entrée de Champ-Dollon, les pétards et les cris commencent à fuser. De “Stop renvois, Ayop restera” à “Murs par murs, pierre par pierre, détruisons toutes les prisons”, les tubes du répertoires militants sont scandés à l’unisson. Les murs de tôle qui entourent le chantier de la Brennaz 2 sont utilisés comme caisses de résonnance géante pour marquer la solidarité avec ceux qui sont coincés à l’intérieur. Finalement le cortège se retrouve dans un champ entre Champ-Dollon et la Favra. Là, un vacarme retentissant résonne des deux côtés des murs. Et Ayop parvient même à parler avec les gens présents. Les manifestants lui présentent toute leur solidarité. La nuit tombe peu à peu. Au milieu du champ, un monospace banalisé avec trois policiers en civil surveille la situation. Le cortège repart vers la ville après les salutations d’usage.

Dimanche, l’heure est à la rencontre avec les requérants d’asile logés au foyer des Tattes. Après quelques jours de lutte contre les renvois, c’est le moment du réconfort, de la musique et des petits plats.

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