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[Genève] Un cas de tuberculose à Champ-Dollon

Ce samedi matin (13 août) parraissait sur le site de la Tribune de Genève un article au sujet du cas de tuberculose détécté à la prison de Champ Dollon. Plutôt long et fourni en détails scientifiques inutiles péchés sur wikipédia, le texte traite le sujet avec tant de distance qu’il en devient abject, inhumain, reléguant les personnes à des risques de contagion, traitant le détenu tuberculeux comme criminel à nouveau.

Genève |

Etrangement l’article est classé dans la rubrique santé, alors que “détention” aurait sûrement mieux convenu. Mais il s’agit de traiter le risque d’une épidémie de tuberculose comme le veut la psychose perpetuelle alimentée par le sensationalisme journalistique, pas de parler des raisons pour lesquelles cela arrive à Champ Dollon et pas dans un groupement de villas à Cologny.

Déjà mis en cage dans une taule dont le scandale de la surpopulation est ravivé tous les deux mois, maintenus en cellule 23 heures par jour dans un bâtiment prévu pour des détentions préventive mais qui sert aussi pour des peines longues, les détenus sont maintenant un risque pour l’administration pénitentiaire (AP) parce qu’ils répandent des épidémies !

A tel point que le stress éprouvé par les gardiens nécéssite la mise en place d’une cellule psychologique... Rappelons nous, ce sont les détenus qui sont malades.

Dans le discours des autorités comme dans celui de l’article, puisque Antoine Grosjean et Celine Garcin ne font que répéter bêtement ce qu’on leur dit, à fortiori le champ lexical policier de l’enquête : “identification”, etude d’entourage“, les détenus sont traités comme un poids pour l’AP, faisant courrir le risque d’une épidémie de tuberculose. Mais ne nous inquietons pas, la police fait son travail, une hotline a été ouverte pour rassurer les gardiens.”Une situation courante qui n’a rien d’alarmant" d’après les deux compères de la TDG. Celine et Antoine, la déontologie ça n’a rien à voir avec le fait de répéter en continu les phrases des porte-parole des autorités.

Si l’état accablant d’insalubrité de Champ Dollon est cité à quelques reprises, rien ne le met en cause, aucune étude n’est convoquée, aucune critique n’est formulée. Ce qui est en résulte c’est la sensation que cela est normal, que l’apparition de ce cas de tuberculose est un incident malencontreux et peu dangereux à l’intérieur d’une taule plutôt bien gérée...

Pourtant, quels autres faits, que nos journalistes en carton n’ont pas pris la peine de rechercher, nous cache une phrase comme celle-ci :
“Et elle inquiète [la tuberculose] d’autant plus lorsqu’elle apparaît dans un milieu fermé et surpeuplé abritant des individus aux défenses immunitaires souvent affaiblies.”

Les conditions de détention à Champ dollon ont déjà fait l’objet de procès, dont celui de 2014 rendu par le tribunal fédéral et soulignant les conditions inhumaines et contrevenant à la convention européenne des droits de l’homme. Si même le tribunal le dit... et que vos collègues le publient...

Quelques autres sources d’information étaient encore pourtant facilement accessibles pour écrire un torchon un peu moins mauvais... Sur lsdh.net et plus récemment sur Humanrights.ch

Ici, “L’AP mise sur la communication” veut tout dire. Mécanique traditionelle dans la police et la prison, on traite les symptômes, pas les causes, comme on met en cage les sans papiers parce qu’on leur interdit d’être en Suisse, on les passe à la visite médicale avant l’incarceration dans une taule pourrie et surpeuplée.

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