Le 8 mars, un collectif de personnes migrant-e-s menacé-e-s de renvoi et de personnes solidaires ont occupé l’église de Saint-Laurent à Lausanne. Voici le communiqué publié.

Un collectif de migrant-e-s menacé-e-s de renvoi et de personnes solidaires occupe depuis ce matin les locaux de l’église St-Laurent à Lausanne. Appuyé par un groupe de personnalités politiques et culturelles de la région, il demande aux Eglises et aux autres communautés religieuses d’accorder l’hospitalité à ces exilé-e-s. Malgré les graves persécutions subies dans leur pays d’origine et les horreurs endurées sur le chemin de l’exil, la Confédération et le canton refusent de les protéger et les soumettent à un harcèlement permanent. Obligées pour certaines de se cacher depuis des mois, ces personnes ont un besoin urgent de soutien et de paix en attendant la régularisation de leur situation en Suisse.

Le refuge de St-Laurent accueille actuellement six migrant-e-s originaires d’Erythrée et d’Ethiopie, dont plusieurs menacés de renvoi vers l’Italie. Leurs parcours sont emblématiques des situations de dizaines d’autres personnes dans ce canton qui vivotent dans la peur, reléguées dans les marges de la société par le régime de l’aide d’urgence. Le refuge est aussi créé pour interpeller les autorités et la population sur cette détresse massive, qui reste le plus souvent cachée.

Les personnes réfugiées à St-Laurent et leurs soutiens appellent les autorités à décréter immédiatement un moratoire sur tous les renvois en Italie, comme le demande une pétition nationale, et à examiner les demandes d’asile des personnes concernées. L’Italie ne peut plus faire face à la pression des accords de Dublin, qui stipule que les requérants d’asile doivent déposer leur demande dans le premier Etat signataire où ils sont arrivés. Selon le Haut-Commissariat aux Réfugiés (HCR), fin juin 2014, seul un réfugié ou demandeur d’asile sur quatre pouvait prétendre à un toit ! Malgré la récente mise en garde de la Cour européenne des droits de l’homme, la Confédération et les cantons poursuivent les renvois, y compris de familles, vers ce pays.

Au-delà du cas de l’Italie, les autorités doivent renoncer à déplacer des hommes, des femmes et des enfants traumatisé-e-s ou malades comme s’il s’agissait de cargaisons encombrantes. Un nouveau déracinement mettrait en danger leur santé physique et psychique et les arracherait aux liens sociaux qu’ils et elles ont commencé à créer ici.

Le collectif du refuge demande aux autorités fédérales et cantonales d’utiliser leur marge de manoeuvre (principe de non-refoulement et clause de souveraineté des accords de Dublin) pour accorder un droit de séjour aux personnes concernées. Face aux persécutions qu’elles ont subies et à la situation catastrophique en Italie, il n’est plus possible de se cacher derrière une machine administrative anonyme. Les droits humains doivent l’emporter sur la loi Dublin !

Le président du Conseil synodal vaudois Xavier Paillard a directement condamné le coup de force, Ce n’est pas un refuge, c’est une occupation. Nous sommes placés devant le fait accompli, ces méthodes sont inadmissibles. Malgré la sensibilité de son Eglise pour le sort des migrants., dit-il. On peut se poser des questions sur cette fameuse sensibilité, sachant que les discussions entre les églises – protestantes et catholiques – en vue de l’ouverture d’un refuge durent déjà depuis plus d’une année, cela notamment à cause d’une volonté des églises de pouvoir choisir selon le cas de migrant-e-s lesquels ils vont accueillir dans leur refuge et lesquels non. Une claire volonté de séparation donc entre “les bons et les mauvais migrant-e-s” et une sensibilité sélective.

Il ne nous étonne guère donc, que les occupant-e-s se soient passé-e-s de l’accord de l’église pour ouvrir leur refuge.

Deux rassemblement de soutien en déjà eu lieu, le premier mardi 10 mars sur les marches du Grand Conseil et le second le mercredi 11 mars devant l’église occupée.

En outre une action de solidarité à eu lieu à la gare de Berne.

Mardi 17 mars, une manifestation de soutien est organisé. Rendez-vous à 17h30 devant l’église occupée de Saint-Laurent

Appel de la manifestation