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COMMUNIQUE DE PRESSE
Mesdames, Messieurs,
Les précédents dialogues avec les représentants des autorités de la Ville de Lausanne et de Renens au sujet de l’occupation du jardin du Sleep-In à Renens n’ont mené à aucune solution pour le relogement des ses occupant-e-s. Nous avons donc décidé d’agir par nous-mêmes en occupant le bâtiment sis à la Route de Berne 50, propriété de la Municipalité de Lausanne.
Ce communiqué pour définir notre geste, nous restons à votre disposition pour tout renseignement par le biais de ce mail.
Qui nous sommes
Lorsqu’on dépasse les discours catastrophistes affirmés, à leur propre manière, par la droite et la gauche, on remarque que les termes de migrants-réfugiés-requérants masquent difficilement le fait que ceux-ci sont avant tout des gens et donc qu’il est possible de les rencontrer, peu importe s’ils fuient leurs pays, sont mandatés pour y ramener de l’argent ou ont envie de découvrir d’autres réalités que celle dans laquelle ils sont nés. C’est donc de ce type d’interaction qu’est né le collectif en question, formé d’une partie des anciens habitants du Jardin du Sleep-in et de toute une bande d’autres gens qui, d’abord heurtés par la situation matérielle choquante de ces derniers, ont petit à petit rencontrés des gens. De cette rencontre, née et nourrie de multiples moments passés ensemble, s’est construite une énergie commune et avec elle, l’impossibilité que celle-ci s’éteigne avec l’évacuation du jardin.
Plus concrètement, il nous est désormais inconcevable de nous croiser le soir, l’un-e arpentant la rue pour rentrer dans sa maison, et l’autre y cherchant un endroit un peu à l’abri du froid et de la police pour y passer la nuit.
Pourquoi une occupation
Les municipalités de Renens et Lausanne ainsi que les représentants du Canton présents lors des différentes rencontres organisées dans le but de résoudre le « problème » de l’occupation du jardin du Sleep-in, ont, dans un demi-aveu, déclaré leur impuissance face à ce qu’ils définissent comme relevant du « Problème » de la Migration. Demi-aveu puisqu’ils ont proposé comme « solution » l’intégration des gens au système du SPOP et de l’EVAM dans le but d’y recevoir l’aide d’urgence et de se faire loger dans des bunkers le temps qu’ils reçoivent leur avis d’expulsion (une durée de quelques jours pour les déboutés de l’asile en suisse, quelques semaines pour les « cas Dublin », à quelques mois pour les rares personnes n’ayant encore jamais eu à donner leurs empreintes). Car, que ces personnes passent par l’asile ou non, leur condition reste la même : l’État leur ordonne de partir ou d’être invisible.
Nous ne voyons pas qui pourrait être intéressé par cette « solution » de division, de découragement et de logement asphyxiant. La rue n’est pas habitable et nous n’avons malheureusement pas de ressources immobilières suffisantes.
Nous répondons donc dans l’urgence, mais ensemble, par l’occupation d’un espace inutilisé dans l’immédiat et capable d’abriter les membres du collectif dans son entier.
Pourquoi cette maison
D’après nous, la vie des gens, quel que soit l’endroit d’où ils-elles viennent et quelle que soit leur situation administrative, ne peut être dédaignée et réduite au statut de dégât collatéral d’un « Problème de la Migration ». S’il est clair pour nous que la municipalité lausannoise n’est en rien responsable des mouvements migratoires - qui, soit dit en passant, ne sont pas chose nouvelle -, il nous semble hypocrite et démissionnaire de se cacher derrière ceux-ci pour ne pas avoir à chercher des solutions aux besoins vitaux et aux demandes des gens arrivés sur son territoire.
C’est en réponse à l’évacuation du jardin ordonnée par les autorités locales, que nous occupons aujourd’hui un bâtiment appartenant à la municipalité de Lausanne. Notre volonté est de rendre visible le fait que lorsqu’on les chasse, les gens ne disparaissent pas mais cherchent un autre espace et que nous refusons désormais que cette quête soit solitaire et sous-terraine. Nous répétons que cette action se fait dans l’urgence et que l’ex-collège de Petit-Vennes s’est profilé comme l’unique bâtiment appartenant à la Municipalité qui soit vide dans l’immédiat. Nous savons qu’un plan de réaffectation y est effectif et notre but n’est pas de nous opposer au projet plutôt honorable qui y est en cours. Mais, de fait et dès aujourd’hui, plusieurs dizaines de personnes ont besoin d’un endroit pour dormir et vivre ensemble au quotidien, et ce bâtiment est le seul qui permette cette visibilité pour l’instant.
Nous souhaitons donc que la municipalité accepte l’occupation de ces locaux, ou qu’elle nous en mette d’autres à disposition.
Ce que nous voulons
Nous ne croyons pas à la théorie prétendant que la création d’un espace de confort crée à son tour un ‘appel d’air’, un soi-disant afflux ingérable de personnes. Des gens arrivent et d’autres partent et nous trouvons crucial de créer des espaces où ceux-ci peuvent passer, créer des liens, se reposer, décider de s’ils ont envie où non de rester, tâter l’ambiance de la région dans laquelle ils sont arrivés…
Nous voulons pouvoir dormir en paix sans être harcelé-es par la police.
Nous voulons que les gens soient conscients de notre réalité.
Nous voulons que les autorités nous offre des conditions de vie dignes et convenables.
Nous voulons travailler et nous avons besoin de papiers.
Le Collectif des Jean Dutoit