Répression - Enfermement Violences policières

[Lausanne] “Plus jamais !” Une marche exceptionnelle pour Hervé et contre les violences policières

Plus de 1000 personnes ont participé samedi après-midi à la marche contre la violence policière à Lausanne. Un hommage à Hervé Mandundu, jeune de 27 ans abattu par la police le 6 novembre à Bex (VD).

Lausanne |

En début d’après midi, sur l’esplanade de Montbenon à Lausanne, les personnes qui ont répondu à l’appel de la Marche “stop à la violence policière”, lancé sur facebook, se rassemblent gentiment. La mobilisation de la communauté noire de Lausanne est spectaculaire, certains se sont même déplacés d’autres villes de Suisse comme Berne, Neuchâtel, Fribourg ou Genève. Lorsque les discours commencent, environ une heure plus tard, on compte déjà environ 800 personnes. Parmi eux, beaucoup de parents d’enfants en bas âge, qui confient que l’histoire d’Hervé, leur “frère”, a été un déclic, comme une projection de ce qui pourrait arriver à n’importe quel noirE dans le contexte actuel. Une personne du collectif naissant, “À qui le tour ?” prononce un discours.

“Nous faisons cette marche pour que la famille puisse faire son deuil dans la paix et la sérenité. Mais c’est aussi l’occasion de pouvoir dénoncer certaines pratiques que nous connaissons tous. Elles ont été démontrées par plusieurs actes ces derniers jours, notamment par l’affaire Claudio, qui a été aggressé sauvagement par la police se retrouvant incapable de travailler quelques jours. Nous souhaitons que ce genre de pratiques n’arrivent plus. Que ce soit la perte d’un être cher, d’un frère, d’un père d’un cousin, d’un ami, d’un fils. Ou simplement le fait d’être lésé, d’être constament pris de haut, de ne pas être considéré. Nous voulons que toutes ces choses là cessent.”

Puis la marche, au moins 1000 personnes, s’élance en direction de St. François au cri de “la vie des noirs compte aussi”, “la justice, pour Hervé”, “la justice pour Claudio”, “la Suisse c’est nous aussi” et “plus jamais”. Des poings noirs gantés s’élèvent dans le ciel. Une manifestante s’amuse de la réaction des passantEs - majoritairement blanchEs - au passage du cortège : “y en a [certainEs] tu vois à leur visage qu’ils flippent de nous voir !”. Après avoir traversé le centre ville, la marche se dirige vers la place du tunnel. C’est là, devant le restaurant “chez Xu”, que Claudio, un jeune Cap-verdien à été tabassé sauvagement par la police alors qu’il faisait son jogging capuche sur la tête. La police lausannoise a d’ailleurs complètement assumé la responsabilité de cette agression basée sur la couleur de peau ; d’après elle, le contrôle s’expliquait du fait qu’il correspondait “en partie aux critères des personnes recherchées, notamment [la] couleur de peau”. Après un bref arrêt devant le restaurant, la manif se dirige vers l’Hôtel de police de la rue Saint-Martin où la tension s’élève quelque peu. CertainEs crient “policiers assassins” ou encore “nique la police” et une femme se couche sur le sol pour symboliser les crimes policiers. Des portraits d’Hervé Mandundu sont brandis par la foule devant des policiers en faction qui restent imperturbables. Ces quelques minutes devant l’Hôtel de police ont sans doute été le moment le plus significatif de la marche, le moment où la guerre larvée menée par les forces de l’ordre suisses à l’encontre des noirEs s’est révélée dans toute sa vérité : la police est seule responsable de ces violences, elle doit payer.

Puis la manifestation retourne vers l’esplanade Montbenon à un rythme lent, comme si ce moment intense devait durer le plus longtemps possible. Après avoir remercié les participantEs, un membre de la famille Mandundu invite les personnes présentes à venir faire le deuil avec eux la semaine prochaine puis les gens se dispersent tranquillement. On croise un groupe de jeunes, on discute un peu, ils nous disent que “le travail des médias n’a pas été sérieux. Ils n’ont pas interviewé les voisins qui d’ailleurs ne disent pas la même chose que la version officielle.” Par exemple, “selon les voisins, il n’avait pas de couteau.”. Leur sentiment, c’est qu’avec “trois balles !... Trois balles ! Ils voulaient le tuer.”

L’hiver dernier, le collectif Jean Dutoit, composé de sans-papiers, manifestait contre le harcèlement policier. Aujourd’hui c’est la communauté d’Hervé qui descend dans la rue en masse contre la violence policière. La violence raciste de la police n’est pas nouvelle, seulement, aujourd’hui, il semble que les premièrEs concernéEs ne veulent plus se laisser faire. Depuis quelques années, aux Etats-Unis puis en France on assiste à une résurgence des mouvements qui s’opposent au racisme de la police. Pour une fois, ces cris de colère résonnent aussi en Suisse. Tant mieux.

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