Après 10 ans de crise, où en est-on ? Quelle est la véritable nature de cette crise ? S’agit-il d’une crise financière ou de profitabilité du Capital ? Comment affecte-t-elle les couches les plus défavorisées de la population, notamment les femmes (jeunes, migrantes, salariées, etc.) ? Comment expliquer la dimension écologique et politique de la crise qui affecte les principaux pays du monde ?
L’éclatement de la crise financière le 9 août 2007, le jour où BNP Paribas a gelé les retraits de ses clients dans trois de ses fonds monétaires, a plongé le monde dans la plus grande crise financière et économique depuis la Grande Dépression des années 1930. Celle-ci se déclenche aux États-Unis dans les activités des prêts hypothécaires (subprimes). La hausse des actifs immobiliers entraine le défaut de paiement des milliers des ménages, ce qui les plonge dans la pauvreté suite à la saisie de leurs logements. Les « plans de relance », qui se sont succédés dans les pays touchés, n’ont fait qu’aggraver la situation en faisant exploser les dettes souveraines. Conséquence ? La mise en place d’une austérité sociale généralisée dont le but était de garantir les profits des banques et assurances exposées. Le chômage, la précarité et les inégalités ont augmenté. Dans de nombreux pays, on assiste à l’effondrement pur et simple des systèmes de santé, d’éducation, transports publics…
Ces « solutions » censées relancer l’économie ont échoué. La crise n’est pas terminée. La croissance potentielle d’un grand nombre des pays a diminué durant ces dernières années, la production industrielle est orientée à la baisse tandis que le commerce mondial et la croissance ralentissent fortement. De plus, la masse de liquidé déversée dans le système bancaire (quantitative easing) et la situation « précaire » de certaines grandes banques européennes en Italie, Espagne, Allemagne annoncent une nouvelle crise à l’horizon… Le déclenchement de cette crise a engendré une situation inédite dans l’histoire du capitalisme. D’une part, les contradictions profondes du système débouchent sur une crise multiple qui est à la fois économique et financière, sociale et écologique. D’autre part, elle se traduit en crise politique dans la mesure où les classes antagonistes semblent incapables à « orienter » la sortie de crise.
Alors que les économistes mainstream considèrent la crise comme étant un phénomène « exogène », causé par un « choc externe » qui n’aurait pas des liens directs avec la structure de base du système économique, l’histoire du capitalisme nous raconte toute autre chose. La régularité et l’intensité des crises capitalistes indiquent que, plutôt qu’une exception, celles-ci constituent l’ADN du capitalisme. En comprendre les dessous implique donc d’aller au cœur des problématiques sociales actuelles dans le but de saisir ses mécanismes ainsi que sa possible « sortie » dans une perspective d’un véritable progrès social pour tous et toutes.