Vers 14h20, le cortège se mit en branle. Le défilé qui traversa le centre-ville fut court, calme et étonnamment silencieux. On entendit peu de slogans, de chants ou de musique. Après une ballade d’environ vingt minutes, le cortège arriva devant le siège européen de Monsanto, un building moderne et gris de cinq étages. Des barrières Vauban avaient été disposées tout autour du bâtiment afin d’en bloquer l’accès. Les manifestant-e-s s’agglutinèrent donc le long de ces barrières pour crier leurs slogans vers le bâtiment et, accessoirement, vers la demi-douzaine de fonctionnaires de police qui tenaient la garde. Certain-e-s parvinrent à débloquer des barrières et quelques manifestant-e-s s’engouffrèrent dans la brèche. La réaction policière ne se fit pas attendre : sous les huées de la foule, une vingtaine de policier-e-s en armes (casques, boucliers, flashballs, etc.) surgit du bâtiment et se disposa en cordon face à celles et ceux qui avaient pénétré l’enceinte.
À partir de là, la disposition spatiale en cercles concentriques n’a plus changé : le bâtiment, un cordon de robocops, une ligne de manifestants, les barrières Vauban, puis les manifestants moins téméraires. On se regardait en chien de faïence. Certain-e-s essayèrent sans succès de titiller ou de dévoyer les policiers. Vers quinze heures, les différents organisateurs prirent successivement la parole. Parmi d’autres vérités inéluctables, on peut relever ce passage qui clôturait le discours des Verts : « Par le vote, mais aussi par la consommation, vous pouvez choisir. » Une fois les discours politiciens terminés, l’animation manquait. De temps à autres, une rumeur s’élevait pour s’éteindre quelques secondes plus tard. La foule se faisait de plus en plus clairsemée. A seize heure, il ne restait plus guère que trois cent personnes.