À Lausanne, comme ailleurs en Europe, la « crise migratoire » est gérée par un appareil politique et médiatique bien rodé. Les mêmes personnes parlent des mêmes « problèmes » en proposant les mêmes « solutions ». Et pourtant rien ne change. Et pourtant la « crise » ne passe pas. Les efforts redoublent pour cacher la misère mais la misère persiste. Elle réapparaît ailleurs. On devrait le savoir depuis le temps : la souffrance niée devient colère, révolte.
In Lausanne, as everywhere else in Europe, the “migrant crisis” is managed by a well-established political and media apparatus. The same people talk about the same “problems”, proposing the same “solutions”. Yet nothing changes. Yet the “crisis” doesn’t disappear. Tremendous efforts are put into hiding misery yet misery persists. It shows up elsewhere. We should know that by now : repressed suffering becomes anger, revolt.
C’est pourquoi, dès l’été 2018, révoltés par les meurtres de Mike, Lamin et Hervé, nous avons décidé.e.s de nous unir. Nous voulions trouver un moyen de prendre la parole dans l’espace public, de raconter notre version des faits, celle que l’on ne nous demande pas, celle que l’on ne présente pas.
That is why, in the summer of 2018, revolted by the murders of Mike, Lamin and Hervé, we decided to join forces. We wanted to find a way to speak out in the public space, to tell our version of the facts, the one we’re never asked, the one that’s not told.
De ces rencontres est né le film No Apologies, tourné en 4 nuits d’octobre 2018, dans les locaux du collectif St-Martin au Flon, à Lausanne. « Nous voulons pouvoir être qui nous sommes, sans avoir à nous excuser, à montrer qu’on est un « bon noir » » (Ebuka Anokwa). Pour nous assurer que nos voix ne soient pas policées, que ce film serait celui que nous voulions faire, nous avons décidé de n’accepter aucune subvention. Le film, fruit d’une collaboration avec le collectif d’artistes Zooscope, est donc financé par le soutien des collectifs alliés, d’ami.e.s ainsi que d’évènements de soutien.
Out of these gatherings was born the film No Apologies, shot in 4 nights in October 2018, in the premises of the St-Martin collective in Lausanne Flon. "We want to be who we are, without having to apologize, without having to show that we are a "good black man"" (Ebuka Anokwa). To make sure that our voices were not policed, that this film would be the one we wanted to make, we decided not to accept any subsidies. The film, the result of a collaboration with the artist collective Zooscope, is therefore financed by the support of allied collectives, friends and support events.
Le dispositif du huis clos et le port de masques répondent à l’impératif de protéger les personnes qui ont accepté de participer au film, en sachant pertinemment que leur parole pouvait aisément être retournée contre eux par les autorités suisses, et leur image utilisée à des fins de profiling dans la rue.
Malgré le danger, la situation est trop grave pour que nous nous taisions plus longtemps. Des amis sont morts, nous souffrons encore quotidiennement du harcèlement de la police ; il est temps de prendre la parole.
Venez voir le film dès le 9 octobre dans les salles romandes.
The closed space in which the movie takes place as well as the masks both answer the imperative we were confronted with to protect those who agreed to participate, knowing their word could be used against them by the swiss authorities, and their image used for profiling on the streets.
Despite the danger, the situation is too serious for us to stay silent any longer. Friends have died, we still face daily harassment from the cops ; it is time to speak out.
Come see the film from October 9th in Swiss Romandie cinemas.
Kiboko est un collectif composé de personnes concerné-e-s par le racisme anti-noir et la précarité ainsi que de personnes solidaires. Il s’est formé dans le but de pallier à l’information médiatique souvent trompeuse, voire néfaste, concernant le racisme et les personnes vivant dans la rue. À travers divers médiums artistiques et de communication, nous voulons montrer comment ces oppressions et ces luttes sont vécues et ce qu’elles représentent au quotidien.
Kiboko is a collective composed of people concerned by anti-black racism and precariousness as well as people in solidarity. It was formed to counter the often misleading and even harmful media information about racism and people living on the streets. Through various artistic and communication media, we want to show how these oppressions and struggles are experienced and what they represent on a daily basis