Le collectif Perce-Frontières conteste une fois encore les décisions de l’Hospice général et de M. Poggia. Les résident.e.s, dont certain.e.s sont locataires de l’Hospice général, s’opposent quant à eux.elles par la voie légale à leur transfert, soutenus dans leur démarche par l’ASLOCA, laquelle avait obtenu l’assurance de l’Hospice général du respect des droits des personnes logées il y a quelques années pour des cas déjà liés au foyer Frank-Thomas. La Coordination asile dénonce quant à elle la manière dont le déménagement est effectué et le manque manifeste d’anticipation qui a prévalu.
Alors que M. Poggia s’est engagé durant l’été 2015 à fermer les bunkers d’ici la fin de l’années 2016, ils sont aujourd’hui brandis comme une menace pour justifier le transfert immédiat des habitant.e.s. S’ils n’acceptent pas de déménager dès aujourd’hui, il n’auront plus que des places sous-terre fin 2016 à l’issue du bail du foyer Frank-Thomas. Les autorités avouent donc que, bien loin de trouver des solutions pour faire cesser l’hébergement en abris PCi, elles attendent une dégradation de la situation. Elles s’apprêtent donc à remplir le foyer Appia, ouvert grâce au mouvement No Bunkers pour vider les abris Pci, avec les résident.e.s d’un autre foyer qu’elles vont raser.
Les clarifications attendues de M. Poggia quant aux raisons de la destruction du foyer Frank-Thomas n’ont jamais été apportées. Alors que le bail de l’Hospice général court jusqu’à fin 2016, tout laisse à penser qu’il pourrait aisément être prolongé sans gêner les chantiers en cours sur la parcelle. Une fois encore, les personnes en exil font les frais de l’absence de volonté politique de les accueillir et héberger dignement à Genève.
Le collectif Perce-Frontières dénonce le chantage aux bunkers que subissent les habitant.e.s de Frank-Thomas.
Il exige l’annulation immédiate des transferts en cours des résident.e.s du Foyer Frank-Thomas et exige que des solutions de relogement qui ne péjorent pas les conditions d’existence de personnes en exil accompagne tout démémagement.
Il est inacceptable de détruire un centre d’hébergement hors-sol quand des centaines de personnes vivent sous-terre, et alors que l’Hospice général recherche des milliers de places d’accueil. Pas de destruction de foyer tant qu’il y aura des bunkers !
Rendez-vous mardi 14 juin et jeudi 16 juin à 8h, 6 ch. Frank-Thomas devant le foyer pour soutenir les résident.e.s contre leur évacuation.
Le collectif Perce-Frontières
Ci-dessous, vous trouverez une lettre écrite par les habitant.e.s alors que les déménagements étaient encore suspendus et dans laquelle ils et elles parlent de leur situation :
LA SITUATION DES RESIDENT.E.S DE FRANK-THOMAS
La plupart d’entre nous, résident.e.s de Frank-Thomas, venons de différents pays et avons obtenu le statut de réfugié en Suisse. Nous tous vivons dans ce pays depuis plus de deux ans et nous avons des permis de résidence (permis B, C, F, N). Concernant nos activités, certain.e.s d’entre nous travaillons et d’autres prenons des cours de français. Ce faisant, nous sommes sur la voie de nous intégrer dans la société suisse.
Nous sommes reconnaissant.e.s que le gouvernement suisse, qui comprend le fond des problèmes que nous avons rencontrés dans nos pays respectifs, nous permette de vivre en paix. Mais depuis notre arrivée, nous avons rencontré le plus fondamental des problèmes : le logement à Genève. Au début, la plupart d’entre nous a fait l’expérience de vivre sous terre en bunkers, partageant une chambre avec 20 personnes, avant d’être transféré à Frank-Thomas. A Frank-Thomas, nous vivons tous dans de petites chambres, seuls, et nous partageons cuisine et toilette. Cette situation était relativement agréable comparée à ce à quoi nous étions habitués.
Mais le mois dernier, l’Hospice général a décidé de nous déménager dans un nouveau Foyer nommé Appia où les personnes logent à 4 par chambre. Avec l’aide de nos bons amis de Perce-frontières, nous avons contesté la décision et elle a été reportée. Mais depuis, aucun prochain projet n’est clair qui expliquerait quand et où nous allons être transféré. Nous sommes dans une situation instable. Appia a l’origine a été ouvert pour remplacer des bunkers. Par conséquent, nous espérons qu’Appia permettra à de nombreuses personnes logeant dans les bunkers d’en sortir. Nous espérions trouver un meilleur lieu pour notre futur et notre intégration que là où nous sommes à présent. Mais la réalité va à l’encontre de nos attentes.
Dans notre mouvement d’opposition à la décision de l’Hospice général, nos représentants ont eu la chance de discuter avec le conseiller d’Etat genevois M. Mauro Poggia. Nous apprécions qu’il ait pris de son précieux temps pour écouter, en personne, notre problème. Nous sommes reconnaissants de son inquiétude.
Nous, résident.e.s de Frank-Thomas, poursuivons notre rêve d’être des résidents productifs et indépendants dans la société suisse. Et bien que nous ayons peut-être besoin d’assistance jusqu’à ce que nous puissions nous reposer sur nos propres pieds, nous avons confiance que nous pouvons atteindre notre objectif et nous désirons contribuer, de différentes façons, à la société suisse.
Finalement, nous aimerions attirer l’attention sur les souhaits suivants :
1. compte tenu du nombre années que nous avons vécus dans ce pays et de nos expériences passées à vivre en groupe, nous pensons que nous méritons un meilleur logement, qui constitue un droit humain de base.
2. compte tenu des biens en notre possession et de l’intimité dont nous bénéficions actuellement, nous avons besoin d’un lieu mieux que Frank-Thomas ou au moins un lieu équivalent.
Merci.
Les habitant.e.s du foyer Frank-Thomas