Droit à la Ville

Oh chic une occup’

Communiqué de Prenons la ville après sa super manif.
Le matin du 18 mars, la police est venue et les personnes ont quitté les lieux occupés le soir du 17 mars.

Genève |

OH CHIC UNE OCCUP !

Une nouvelle étape est franchie par le mouvement Prenons la ville dans la lutte pour le droit à la ville.

Aujourd’hui, 17 mars 2018, plus de 2000 personnes ont pris la rue afin de manifester pour le droit à la ville. Char karaoké et char électro, fumigènes et slogans oscillant entre humour et colère légitime étaient de la partie. Le mouvement ne faiblit pas au grand dam des crapules qui nous gouvernent.

Lors de cette manifestation nous, le mouvement prenons la ville, avons ouvert et occupé le bâtiment situé au 40 rue de la Coulouvrenière, appartenant à la société Swiss Life depuis janvier 2015 et vide depuis sa construction. Il est temps de prendre des mesures concrètes pour sortir les immeubles vides de l’abandon !

Plutôt prendre qu’attendre

Cette occupation fait suite aux trois manifestations d’ampleur ayant eu lieu en moins d’une année autour des questions urbaines à Genève. Face aux revendications du mouvement pour le droit à la ville, l’État persiste à se terrer dans un silence qui ne berne personne.
Nous occupons ce bâtiment pour lui redonner vie, pour dénoncer la spéculation immobilière, mais aussi car nous refusons d’attendre les solutions d’un État qui se préoccupe moins de loger ses habitante-x-s que d’investir dans des projets inutiles et coûteux. Ce faisant, nous réalisons les revendications portées par le comité unitaire pour le droit à la ville qui sont : 1. Expropriation des bâtiments laissés indûment vides par leur propriétaire, comme prévu par la loi et 2. Liberté d’occupation des bâtiments vides par la population si le conseil d’État n’applique pas l’expropriation.

Prenons la ville occupe le 40 rue de la Coulouvrenière en particulier, car ce lieu est un symbole, et pas des moindres.
Depuis sa construction en 1990 le bâtiment est resté vide, au point qu’à l’exception d’une salle, les murs sont restés de béton nu. Malgré trois occupations en 1996, 2007 et 2010, ayant fait les frais d’évacuations musclées, le vide semble bien installé.

Scandale vous dites-vous ! Un immeuble vide depuis 30 ans !
Vous n’avez encore rien vu : il s’agit là d’un exemple spectaculaire de la complaisance de l’état avec des promoteurs décomplexés au dépens des besoins des habitante-x-s, un symbole flagrant de la mégalomanie immobilière.

Rapide explication : à la fin des années 80, une bande de riches promoteurs décide de faire du fric en construisant à Genève. Ils décident du haut de leurs châteaux que ce qui sera le plus rentable à louer sont des bâtiments commerciaux de haut standing pour de grandes entreprises désireuses de s’implanter à Genève. Malheureusement, si grandes entreprises il y eut, les riches promoteurs furent plus nombreux encore, et beaucoup de leurs constructions grandiloquentes ne trouvèrent pas preneurs. Or, sans les milliers de francs que devaient rapporter les loyers, impossible de rembourser les emprunts faits aux banques pour la construction desdits immeubles.

Les banques perdirent beaucoup de sous. Dans le cas du 40 rue de la Coulouvrenière et de beaucoup d’autres bâtiments, l’argent venait de la Banque Cantonale Genevoise. Pour éviter la banqueroute à sa banbanque préférée, l’Etat de Genève crée la « fondation de de valorisation des actifs de la BCGE ». En 2004, elle rachète ce bâtiment et tous ceux dans le même cas dans l’idée de les revendre. Clou de l’histoire : le trou creusé dans les finances de la BCGE par la différence entre l’argent perdu lors du prêt et celui gagné lors de la vente est épongé par l’État himself, c’est à dire par nos impôts. Fin de l’histoire, le bâtiment est revendu à une société hollandaise, puis a Swiss Life, le numéro 1 des assurances vie en Suisse, qui n’a visiblement pas trouvé comment l’utiliser...
Ces immeubles inutiles ont pris la place qui aurait du être dévolue a des logements, ceux-ci sont devenus rares et leur prix est monté en flèche. l’État, les promoteurs et les banques sont les premiers responsables de ce fiasco, mais ont encore le culot de nous présenter la crise immobilière comme un phénomène économique non maîtrisable qui surgirait ici et là, quand bon lui semblerait et contre lequel il n y aurait d’autres solutions que de se serrer la ceinture.

Nous occupons car nous pensons qu’il faut maintenant prendre ce qui nous est vital et qu’on nous refuse. Parce que nous refusons de voir comme une fatalité un monde où certains se remplissent les poches du désespoir des autres.
Nous voulons des lieux de rencontre et d’organisation, pour reprendre le pouvoir sur nos vies et sur l’organisation de la ville. Nous voulons des espaces hors des logiques marchandes, pour manger, faire la fête, se cultiver, à plein et de manière solidaire.
Nous voulons des habitations autogérées ou il fait bon vivre ensemble et que le fric ne soit pas la condition pour cela. Nous ne sommes pas désolé-e-x-s que cela desserve les intérêts des régies, des spéculateurs, des banques et des politiciens, pour qui nos vies ne comptent que dans la mesure de ce qu’elles leur rapportent.

Nous continuons aussi de croire que toute autre sorte d’action qui revendique le droit au logement et à la ville pour toute-x-s est légitime et nécessaire.

Bisous
Prenons la ville

P.S.

L’article sera mis à jour dès que possible, tiens toi au courant !

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