Comme bien d’autres, la vie alternative biennoise subit injustement, à coup d’expulsions, les conséquences d’une politique d’urbanisme à deux vitesses. Car entre les délais de la vente de terrain et la réaffectation/construction effective du dit projet, les espaces sont généralement laissés en friche durant plusieurs mois voir plusieurs années. Finalement, expulser pour construire n’est valable que sur le papier. Aujourd’hui, la municipalité de Bienne insiste pour que le collectif Escargot Noir quitte avant le 31 mai le lieu qu’il occupe depuis de nombreuses années. Cette expulsion démontre une fois de plus les conséquences de la politique de valorisation urbaine. Nous condamnons la stratégie de la municipalité de Bienne « d’expulsion pour du béton » et nous nous opposons à cette décision, (comme précédemment).
Nous appelons à une manifestation déterminée pour des espaces de vie alternatifs et contre leur évacuation ! Rendez-vous le 27 avril 2019, 15H, à la place Robert Walser à Bienne !
Il semble certain que la municipalité de Bienne souhaite que nous quittions les lieux, indépendamment du fait que nous empiétons ou non sur ces plans de construction. En effet, la demande de construction pour le nouveau siège de Power Intergrations Suisse a été déposée et maintenant que les gabarits sont posés, il apparaît clairement que le squat des Escargots Noir n’empiéterait ni n’affecterait ce nouveau bâtiment. Ce qui était déjà clair sur les plans, l’est désormais sur le terrain.
Suite à notre demande de pouvoir rester sur la parcelle, nous avons été informés que la municipalité de Bienne s’est engagée à ce que tous les baux soient résiliés avant le début de la construction. Ainsi, notre légitimité à occuper ce terrain a été bafoué. Cette décision a été approuvée par le Conseil de Ville.
Évidemment, à travers la privatisation des parcelles, les plans ne sont plus du ressort des autorités biennoises. Dès lors, la municipalité se déleste de toute responsabilité quant au sort des habitants de la zone concernées et de son affectation. De plus, les autorités biennoise n’ont pas cherché d’alternatives pour ces investisseurs, bien qu’il y ai suffisamment d’espaces vierges autour de la parcelle que nous occupons. A l’avenir, cette zone devra être utilisée comme site d’installation et comme point de transbordement pour l’assainissement des sites contaminés.
Finalement, la municipalité de Bienne a planifié notre départ et a, une fois de plus, détruit un projet autonome par le biais d’un contrat avec une grande entreprise. Cette stratégie n’est ni nouvelle ni unique. A Bienne, le projet le plus récent concerne l’atelier culturel autonome de la Johann-Renfnerstrasse. Cet exemple montre exactement ce que nous craignons : déplacement d’espaces de vie alternatifs, démolition, jachère et, pour l’instant, aucun plan quant à la suite des événements. Les projets Tripouze, Biotop, Kultur-Hausmeister, Kübi et Katapult ont également été interrompus prématurément et sans raison. Les squats expulsés sont restés vides ou ont été démolis pour laisser place pendant des années à des terrains en friche. Actuellement, le wagenburg du Schrottbar doit également libérer la place et déménager. Il n’y a également sur ce terrain, aucun projet de construction. On en conclu que le Schrottbar fait obstacle à des visées plus intéressantes sur le plan économique, tout comme nous sur le site de développement des Champs de Boujean. Conformément à sa stratégie, la Ville de Bienne déplace le Schrottbar davantage en périphérie, à côté du wagenburg Pianoplatz. Ainsi, deux des trios habitats alternatifs légalisés de la ville seront ghettoïsés dans le même secteur. Quant au troisième, il sera détruit lors de la constuction de l’axe ouest.
Ces développements montrent clairement que la gentrification qui sévit dans le monde entier est désormais également visible à Bienne. La ville est rendue plus attrayante pour les bons contribuables et les entreprises grâce à de gigantesques projets de construction d’investisseurs privés. Les personnes socialement et économiquement défavorisées, les groupes marginaux et les sous-cultures n’ont plus leur place dans une telle ville (car ils n’en ont plus les moyens), sont réprimés et exclus. Cette politique conduit à une ségrégation fonctionnelle et sociale. Dès lors, tout celles et ceux qui prennent conscience de l’impact de futurs projets tels que Agglolac ou Axe Ouest (où la moitié d’un quartier sera démolit et modernisé) en feront des cauchemars. Et celles et ceux qui connaissent les détails embarrassants des grands chantiers de Bienne n’en dormiront plus....
Nous condamnons fermement cette politique d’expulsion pour du béton et appelons à une grande manifestation pour des habitats alternatifs et contre le déplacement des Escargot Noir le 27 avril 2019, à 15 heures, point de rencontre : Robertwalserplatz à Bienne !
Nous resterons tous ! Nous ne nous volatiliserons pas !