Une fausse crise pour de vraies difficultés
Si l’on en croit les chiffres de l’Office des statistiques, en 15 ans, le taux de vacance des logements n’a jamais été aussi élevé à Genève. On constate que Genève compte 200’000 mètres carrés vides de locaux commerciaux, selon les derniers relevés disponibles. Pourtant, malgré tous ces espaces vides recensés, les genevois·es peinent à se loger à des prix décents. Par ailleurs, l’Hospice Général continue de loger les personnes en difficulté dans des abris de la protection civile ou dans des hôtels. Cette pratique, en plus d’être extrêmement onéreuse, n’est pas une solution durable pour loger dignement les personnes dans le besoin.
Aujourd’hui, seule une frange marginale de la population est privilegiée par le simple fait de bénéficier d’un logement qui ne l’étrangle pas financièrement. La liste des personnes en difficulté, par contre, ne cesse de grandir. Nous parlons ici des locataires précaires qui vivent avec la peur d’une résiliation de bail faute de pouvoir payer leur loyer. Des étudiante-x-s dont le loyer constitue 100% de leurs dépenses mensuelles et qui n’ont droit qu’à des baux de courte durée, afin qu’ils ne soient pas un obstacle à la réalisation des plans localisés de quartier. Nous parlons surtout des personnes en exil qui vivent - depuis la fermeture des bunkers - dans des foyers en ruine, loin du centre et du regard indifférent des autorités.
Nous ne voulons pas de ce constat. Il est important de se rassembler et de faire face, ensemble contre la “fausse fatalité” d’être des mal-logés.
La pratique de l’occupation politique : un outil de lutte
L’ouverture de lieux et l’occupation doivent aujourd’hui être envisagées comme un véritable outil de lutte. Qu’on se le dise, la spéculation des milieux immobiliers dans le seul but de l’enrichissement personnel est une violence. Une violence insinueuse, psychologique, une violence de caste qui s’exerce sur les populations précaires. À travers ce constat, il est utile de rappeler que la classe politique - de droite ou de gauche - a souvent plus d’affinités et de connexions avec les milieux bourgeois qu’avec les milieux populaires. Il est facile pour eux de s’en faire des alliés, car ils jouent sur les mêmes terrains.
Dans cette situation où les milieux de la promotion immobilière orchestrent une prétendue “crise” du logement en générant artificielement une situation de manque, pour faire augmenter le prix de l’ensemble du marché immobilier, occuper des lieux est le seul moyen pour obliger l’Etat à redevenir l’élément central des négociations : un Etat médiateur plutôt que profiteur.
Plus largement, occuper des lieux vides c’est porter un message contre la proprité privée. A Genève, outre les bureaux vides, la répartition des espaces est un vrai scandal. En effet, combien de riches cabinets d’avocat, de médecin occupent la place de logements potentiels, car ceux-ci leur appartiennent et sont trop chers pour tout le reste de la population ? Combien de proprietés sont vides ou occupées deux mois par année par un vague héritier ?
Tous ces espaces, les vides, les sous et les mal-occupés doivent être rendu à la population de cette ville. Nous n’allons plus nous entasser au profit d’une classe d’hyperriches.
Pour quoi faire ?
Occuper n’est pas forcément synonyme de “squatter”. Occuper, c’est se réapproprier des espaces illégitimement vide pour favoriser une ville plus égalitaire. C’est donner un hébergement pérenne et digne aux personnes en exil et en situation précaire, baisser le loyer moyen genevois, promouvoir de nouvelles façon de penser et de vivre ensemble. Occuper, c’est découvrir ensemble des alternatives non monétaires, enclencher des dynamiques de décroissance et revenir à une vie plus humaine. C’est chanter, partager, vivre. Occuper pour se former, pour grandir et pour évoluer. Tout simplement. C’est ça le mouvement “prenons la ville” : permettre aux personnes qu’on n’entend pas de vivre comme elles l’entendent, en prenant le contre-pied d’un monde capitaliste qui court à sa perte.
Bisous
prenons la ville
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