Au royaume des aveugles les borgnes s’en foutent plein les poches
En aout 2017 un sondage mené par la Confédération révélait ce que certaines ne savaient déjà que trop : en Suisse, au cours de l’année 2016, 1 personne sur 4 aurait renoncé à se faire soigner pour des raisons financières. Ce constat, tempéré par des “économistes de la santé” dont on imagine qu’ils n’ont pas une franchise à 2500 balles, bien que sans surprises reste parfaitement scandaleux. Les populations les plus touchées sont évidemment les “étrangers” (les articles de presse ne donnent pas plus de précisions) et les personnes déjà précarisées. Sans Déc’.
1 habitante de la Suisse sur 4, ça veut dire plus de 2 millions de personnes. Plus de 2 millions de personnes qui, malgré des primes toujours plus chères, n’ont PAS accès aux soins dont elles ont besoin. Par ailleurs, on estime que entre 300 000 et 500 000 personnes sont aux poursuites pour des retards de paiements ou non paiement de leurs primes d’assurance. Ces chiffres, déjà ahurissants, ne décrivent même pas réellement l’ampleur du problème puisqu’ils ne disent rien des soins dentaires et des appareils de correction de la vue, qui ne sont pas remboursés du tout par les assurances de bases.
Sois pauvre et crève
Malgré les beaux discours et les jolis dépliants en papier glacé des caisses privées, il faut bien se rendre à l’évidence : la situation se dégrade d’année en année. Se pourrait-il que l’ultra-libéralisation de la santé ne profite qu’à ceux chez qui elle s’accompagne de gros bonus de fin d’année ?
Bien sûr, il existe toujours des combines pour payer moins cher : adopter la franchise la plus haute et croiser les doigts pour ne pas tomber malade, renoncer à choisir son propre médecin et s’accomoder de praticiens débordés ou en inadéquation avec nos besoins personnels, faire une croix sur les médecines “douces”, les soins alternatifs, la prise en charge libre et consentie de la santé mentale, l’auto-médication... Conséquence directe de ces politiques, les plus pauvres n’ont pas accès aux soins préventifs et aux tests, tous plus couteux les uns que les autres, qui leur permettraient de se soigner à temps. Combien d’hospitalisations d’urgence, de pathologies et blessures qui dégénèrent mais également de décès pourraient être évités si ce n’était pas le cas ?
Le système de franchises, la qualité des soins à géomètrie hyper variable et la privation de l’auto-détermination des patientes les plus précaires sont des réalités intolérables. Il nous appartient de faire front ensemble afin d’obtenir une prise en charge de la santé équitable, qui corresponde réellement à nos besoins et non plus aux calculs prévisionnels, aux des marges de profit, d’entreprises véreuses et répugnantes à tous les niveaux.
Pour gagner du pouvoir sur nos vies, pour nous faire soigner à chaque fois que nous en avons besoin, pour ne plus avoir peur d’être foutues sur la paille à chaque prise de sang, pour pouvoir avoir recours à des soins préventifs et à des contrôles réguliers, pour pouvoir choisir ceux qui auront accès à notre corps et les conditions dans lesquelles ils y auront accès, pour en finir avec le système de classes qui nous tue, organisons nous !
Rendez vous samedi 18/11 à 14h à la zone piétonne du Mont-Blanc !
Collectif Autonome D