Migration Droit à la Ville

Prenons la ville contre les politiques de ségrégations racistes de l’OCPM

Le texte qui suit est issu d’un tract distribué à l’occasion d’un rassemblement le 28 mars 2018 devant le Grand-Conseil. Il appelle le mouvement pour le droit à la ville qui se développe à Genève à lutter contre l’obligation faite au migrant.e.s exclu.e.s de l’aide sociale (“papier blanc”) de pointer à la police des renvois à l’aéroport. Un prochain rassemblement est prévu ce mercredi 11 avril devant l’OCPM à 13h.

Genève |

[English below]

Le 7 octobre 2017, le collectif Perce-frontières exigeait une ville agréable pour tout.e.s dans le cadre de la deuxième manifestation pour le droit à la ville à Genève.

Or pour certain.e.s, la ville est un environnement ségrégé, où il est impossible de se loger et où le contrôle policier est un risque permanent.

Certaine.e.s sont plus vulnérables par leur statut administratif et sont ciblé.e.s pour leur couleur de peau, leur appartenance culturelle ou religieuse.

Et certains en meurent, comme Mike Ben Peter, décédé suite à une interpellation policière violente à Lausanne le 28 février 2018.

Parmi ces personnes vulnérables, il y a celles qui sont soumises au régime de “l’aide d’urgence”. Cette “aide” est un système qui vise à maintenir des personnes non-suisses dans un état d’inconfort et de vulnérabilité pour les inciter à quitter le pays. Plus insidieuse que l’enfermement à la prison de Champ Dollon, moins spectaculaire que les campings insalubres comme en France ou en Italie, c’est une forme terrifiante de contrôle policier par l’utilisation du chantage aux prestations sociales.

A Genève, ce chantage consiste notamment à forcer les personnes à pointer au contrôle de l’habitant (OCPM) pour obtenir à peine de quoi survivre. Depuis le 1er mars 2018, dans le but assumé de faciliter les renvois et de mieux contrôler les personnes en exil, ce pointage doit en plus avoir lieu jusqu’au dans les locaux de la police de l’aéroport !

N’agonisons plus, organisons-nous !

L’Etat individualise les situations et le pouvoir s’abat de manière différenciée sur chaucun.e. Or, seule une réponse collective qui part des besoins des personnes concernées peut changer les choses ! La protestation des associations et collectifs contre le pointage à l’aéroport est un signal fort, mais ne suffira pas s’il ne s’inscrit pas dans un rapport de force plus large.

En 2015, un groupe autonome de migrants soumis à l’aide d’urgence et leurs soutiens avaient occupé le théâtre de Grütli. Pendant près de deux mois, l’Etat a été mis en échec par l’intensité et la visibilité de cette mobilisation. Une particularité de celle-ci est qu’elle est partie d’un refus collectif formulé par des personnes en exil elles-mêmes, sans que l’impulsion première vienne des milieux institutionnels de défense des personnes en exil.

En 2018, un front large est réuni autour de la question du droit à la ville possède la force et la visibilité pour faire bouger les lignes. Là encore, une des caractéristiques de ce mouvement est qu’il part d’un refus autonome de se faire imposer une ville hostile.

Elargissons encore ce front, en continuant à unir nos collectifs sur le principe de ceux et celles qui prennent la ville, c’est à dire qui s’organisent de manière autonome et en partant de leurs besoins. Tissons des alliances au sein de ce mouvement. Exigeons non seulement la fin du pointage à l’aéroport ou ailleurs, le droit à l’aide sociale et enfin, une vie agréable pour tout.e.s.

Contre tous les chantages de l’Etat,
contre les ségrégations racistes
Prenons la Ville !

------

On October 7, 2017, the Perce-frontières collective demanded a nice city for everyone in the context of the second demonstration for the right to the city in Geneva.

But for some people, the city is a segregated environment, where it is impossible to find housing and where police control is a permanent risk.

Some are more vulnerable by their administrative status and are targeted for their skin color, cultural or religious affiliation.

And some die, like Mike Ben Peter, who died following a violent police arrest in Lausanne on February 28, 2018.

Amongst these vulnerable people, there are those who are subject to the regime of “emergency aid/white paper”. This “aid” is a system that aims to keep non-Swiss people in a state of discomfort and vulnerability to incite them to leave the country. More insidious than the confinement in the prison of Champ Dollon, less spectacular than unsanitary campsites as in France or Italy, it is a terrifying form of police control by the use of blackmail to social benefits.

In Geneva, this blackmail consists in forcing the people to get a signature on their “white paper” in Bandol (OCPM) to get barely enough to survive. Since March 1, 2018, with the goal of facilitating referrals and better control of people in exile, this controle of the white paper will also take place until the premises of the police at the airport !

Don’t agonize, organize !

The state isolates everyone and his power falls in a differentiated way on each one. Only a collective response based on the needs of the people involved can change things ! The protest of associations and collectives against the new procedure at the airport police is a strong signal, but it will not be enough if it does not fit into a larger balance of power.

In 2015, an autonomous group of migrants under emergency assistance and their supporters had occupied the Grütli theater (No Bunkers !). For nearly two months, the state was put in jeopardy by the intensity and visibility of this mobilization. A peculiarity of this movement s that it is part of a collective refusal formulated by people in exile themselves, without the first impetus coming from the institutional circles of defense of people in exile.

In 2018, a broad front is gathered around the issue of “right to the city” that has the strength and visibility for social change. Here again, one of the characteristics of this movement is that it starts from an autonomous refusal to have a hostile city imposed.

Let us enlarge this front further, by continuing to unite on the principle of those who “take the city” / “prenons la ville”, that is to say who organize themselves autonomously and starting from their needs. Let us build alliances within this movement. Let’s demand not only the end of the check at the airport or elsewhere, but also the right to social assistance and finally, a good life for all !

Against all the blackmail of the State,
against racist segregation,
Take the City ! / Prenons la ville !

Notes

DANS LA MÊME THÉMATIQUE

À L'ACTUALITÉ

Publiez !

Comment publier sur Renversé?

Renversé est ouvert à la publication. La proposition d'article se fait à travers l’interface privée du site. Si vous rencontrez le moindre problème ou que vous avez des questions, n’hésitez pas à nous le faire savoir
par e-mail: contact@renverse.co