Par exemple, dans le désordre : création d’un comité de soutien, manifestations et rassemblements pour les grévistes des EMS de Notre Dame et de Plantamour, manifestation anti-OMC dans le centre-ville, grande manifestation contre la hausses des primes d’assurance maladie, actions des étudiant-e-x-s à Uni-Mail pour dénoncer la hausse des taxes d’inscription à l’université, campagne anti-sexiste au sein de l’Université de Genève, et bien d’autres actions ont été entreprises, parfois spontanément, par différents collectifs et groupements. Plusieurs rassemblements, actions et conférences ont eu lieu pour dénoncer la guerre qui se déroule au Kurdistan et en solidarité avec le peuple kurde. Des rencontres et thés conviviaux ont été organisés devant foyers et bunkers.
La marche pour la journée internationale des luttes féministes de ce 8 mars s’est organisée et déroulée pour la première fois en mixité choisie sans hommes cis. Un événement qui aura donné de la force non seulement aux collectifs l’ayant organisé, mais aussi et surtout aux personnes qui subissent chaque jour le patriarcat.
Le mouvement pour le Droit à la ville, quant à lui, a pris de l’ampleur : il revendique la réappropriation de la ville par ses habitant-e-x-s et dénonce la crise du logement à Genève en organisant actions et manifestations : trois grandes manifestations accompagnées de festival, fête foraine ou occupation ont eu lieu en juillet, octobre et mars.
Toute l’année, des tags, des stickers et des affiches ont embelli les murs de la ville, laissant deviner la présence grandissante de nombreux collectifs qui s’organisent autours de sujets divers comme le logement, la gentrification, le sexisme et le racisme. Ce qu’il y a de remarquablement beau et fort cette année, ce sont ces groupes divers et variés qui se sont unis pour s’organiser ensemble, pour faire changer les choses et renverser cette société régie par des modèles capitalistes et patriarcaux, pour être plus fort-e-x-s face à la répression et mettre en commun leurs pratiques et connaissances. Ils ont aussi mis en place des espaces collectifs tel que le Silure afin de partager, se retrouver, s’organiser, tout-e-x-s ensemble.
Les mouvements révolutionnaires à Genève ont raremment été aussi forts et soudés qu’aujourd’hui, et ils le seront encore plus demain !
Même si l’on peut se réjouir de devenir de plus en plus fort-e-x-s, et de la diversité qui anime et enrichit nos luttes, il nous reste du chemin à parcourir avant que nous puissions tout-e-x-s voir la vie en rose à paillettes : les raisons de se révolter et de lutter restent encore nombreuses.
Les rapports marchands dominent toujours une grande part de nos vies, puisque nous sommes obligé-e-x-s de nous vendre au travail pour payer nos loyers, notre assurance maladie, nos charges sociales, notre nourriture et nos loisirs. Et si patrons, proprios et assureurs ne connaissent pas la crise, une part toujours plus grande de la population peine à boucler ses fins de mois, tandis qu’économistes et politiciens nous promettent - parfois - des jours meilleurs.
Pendant ce temps, le patriarcat et son cortège d’oppressions -sexisme, transphobie, homophobie, bipanphobie- continuent de peser de tous leurs poids sur nos existences.
Le racisme a toujours pignon sur rue : les campagnes de l’extrême droite populiste nous le mettent sous le nez tous les jours et il est perpétué à un niveau systémique par les institutions. La tendance de groupes néo-fascistes à réapparaitre, et à vouloir étendre leur réseau dans la région est préoccupante - même s’ils restent pour l’instant faibles et un peu risibles.
Les pratiques racistes de la police vont de la violence quotidienne des contrôles au faciès qui tombent “aléatoirement” toujours sur les mêmes - à l’assassinat : Mike et Lamine ont été tués par la police cette année. Pourtant on n’aperçoit pas de remise en question de la population, de l’Etat ou de la police à propos du racisme institutionnel présent en Suisse.
Racisme et répression s’unissent également dans le projet du Centre fédéral de renvoi des personnes en exil qui avance pas à pas au Grand-Saconnex, et dans le nombre de places de détentions administratives qui augmente chaque année. L’OCPM [1] continue à vouloir briser les requérant-e-x-s d’asile débouté-e-x-s en les obligeant à se rendre plusieurs fois par mois à l’aéroport pour obtenir une aide d’urgence dérisoire - quitte à risquer un renvoi au passage.
La répression policière, comme à son habitude, s’est abattue avec force sur les personnes qui s’organisent et contestent : celles jugées “dangereuses” ou “indésirables” dans la Genève propre et en ordre souhaitée par ceux qui gouvernent. Que ce soit par les coups, les stratégies d’intimidation -comme lors de l’occupation festive du 31 décembre- les perquisitions ou leur présence massive et aggressive dans les rues, les policiers du canton et d’ailleurs montrent un zèle particulier à défendre les intérêts des plus puissants.
La mascarade éléctorale du mois d’avril ne fait que confirmer ce que nous savons tout-e-x-s déjà : ce n’est pas par les urnes que nous nous émanciperons. La démocratie hélvétique et sa culture obssessionelle du consensus sont les plus sûrs garants d’un immobilisme que nous - comme beaucoup - ne supportons plus. Ce monde-là ne nous fait pas rêver.
Le 1er mai est, et doit rester, une date à laquelle nous célèbrons les luttes des travailleur-euse-xs contre leurs patrons et la machine capitaliste qui tente de les broyer. À l’heure où l’Etat collabore sans retenue ni honte avec cette machine, il est indispensable que les collectifs de politique non-institutionelle et leurs luttes soient présents dans ce défilé. C’est pour cette raison que chaque 1er mai depuis 4 ans, nous sommes plusieurs centaines à nous unir dans le bloc révolutionnaire. Un bloc qui nous ressemble, agité par nos cris de colères et notre joie de se retrouver, fort-e-x-s et déterminé-e-x-s derrière nos masques et nos nuages de fumées colorées, pour porter ensemble les luttes de tout-e-x-s. Nous ne marchons pas séparé-e-x-s par les drapeaux et les banderoles de nos organisations, nous sommes mélangé-e-x-s pour montrer un front uni. Un front qui cultive et partage ses diversités de pratiques, de points de vue et de luttes pour constituer une nouvelle force. Ce bloc continuera de grandir, de même que la force qu’il représente.
Pour être encore plus forte-x-s face à la police et aux discours lassants des politiciens véreux, pour être plus nombreu-se-x-s à prendre la ville et à la retourner, pour avoir de multiples opinions, évoluer et finalement, détruire toutes les oppressions et construire sur leurs cendres un avenir radieux pour tout-e-x-s :
Rejoins-nous dans le bloc révolutionnaire !