Luttes paysannes OGM

Saboter l’entreprise Delley, saboter l’agrobusiness et ses OGM

Il y a quelques semaines, nous avons saboté des machines agricoles de Delley Semences et Plantes SA (DSP) en versant du sable fin dans les réservoirs d’essence et mélangé différentes variétés de leurs semences préparées pour la multiplication dans leur hangar, parce que Delley est l’un des principaux partenaires de Agroscope (centre de compétence de la Confédération pour la recherche agricole) qui porte l’introduction des OGM en suisse avec son Protected Site à Zurich, et parce que Delley est un important développeur de semences hybrides, que les paysan.ne.s ne peuvent pas reproduire eux/elles-mêmes.

Fribourg |

-Pourquoi s’en prendre à Delley-

Delley entretient une collaboration étroite et routinière avec Agroscope, qui collabore par ailleurs avec des entreprises impliquées dans les pesticides et les OGM. Delley participe également à des programmes internationaux de sélection variétale sur les hybrides, pour pousser encore les rendements dans une logique productiviste. Par exemple, pour le développement des maïs hybrides, DSP et l’entreprise espagnole Semillas Fitó ont créé DEFI genetics SA, qui est aussi basée à Delley. DSP est un établissement multiplicateur de semences en Suisse, qui a un rôle de planification et d’organisation de la production des semences, de formation des contrôleur.euse.s et du personnel technique, et qui est co-détenteur des brevets et des certificats d’obtention (COV) sur les variétés sélectionnées par Agroscope. En sabotant le travail et les outils de Delley, nous dénonçons leur collaboration avec Agroscope et leur participation à un modèle agricole qui manipule et marchandise le vivant, et qui arrache leur autonomie aux paysan·ne·s et aux autres plus petits sélectionneur.euse.s.

Nous refusons d’accepter et de les laisser faire.

-Marchandisation du vivant et main-mise de quelques grands cartels-

L’industrie a besoin d’une uniformité des marchandises. L’industrialisation de l’agriculture a transformé le travail de sélection en une recherche d’homogénéité et de stabilité des variétés, où le rôle des semencier.e.s est de créer des plantes identiques, qui sont inscrites aux catalogues des variétés autorisées à la circulation dans un pays. Inventer des organismes génétiquement modifiés (OGM) - “améliorer les plantes”, dans leur jargon -, c’est poursuivre ce même but : créer des clones (ainsi que les pesticides qui vont avec), les autoriser (c’est-à-dire interdire la culture de toutes les autres variétés), les breveter (c’est-à-dire en faire la propriété de quelqu’un.e), les vendre, et empêcher les paysan.e.s de pouvoir s’en passer. C’est une logique de marchandisation du vivant, où les brevets et les COV sont le monopole de cartels de grosses entreprises semencières (semences, pesticides et médicaments), et où l’autonomie paysanne est minée.

-La recherche publique prépare le terrain-

Sur le plan de l’expérimentation, les OGM cohabitent déjà avec d’autres formes de cultures, dans les laboratoires mais aussi dans le site ultra-sécurisé (Protected Site) mis en place par Agroscope. Ces recherches visent officiellement à l’acceptation et à la commercialisation des OGM en suisse. Delley Semences et Plantes SA est une entreprise privée qui profite déjà, et profitera encore plus, des avancées de la recherche publique menée sur les biotechnologies - à l’heure actuelle, plus de la moitié de ses revenus provient des brevets qu’elle (co-)détient. Agroscope utilise des techniques dont les principes sont très proches des OGM, mais sur d’autres moments d’intervention et de modification (impossible de savoir sur la plante ainsi produite de quelle manière elle a été modifiée). Cela leur permet de donner d’autres appellations (pas encore légiférées) aux variétés développées qui sont, elles, légalement autorisées à la circulation et à la culture. De plus, le salaire des “experts” scientifiques en génie génétique, à qui la population est priée de faire confiance, dépend d’une collaboration étroite avec des entreprises qui font du profit sur la commercialisation de ces variétés modifiées...

-Vers une agriculture biologique et autonome sans compromis !-

Nous dénonçons la vision d’une agriculture biologique qui pourrait cohabiter avec des monocultures industrielles d’OGM, car nous voulons un changement radical maintenant ! Ces entreprises et ces institutions travaillent à maintenir la structure de la société industrielle en place.

Nous savons que d’autres formes d’agriculture ont la capacité de s’étendre à large échelle et permettre aux paysan·ne·s de gagner en autonomie, ainsi que d’assurer une nourriture saine dans un environnement vivable. Mais cela n’est possible que si les options industrielles et les destructions qui les accompagnent cessent ! Qu’on arrête de les financer, de collaborer avec les entreprises qui mettent en pratique la manipulation et la domination du vivant, des êtres humains et de leur nourriture pour leur propre profit. Qu’on les empêche d’écraser la diversité biologique et la liberté !

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