Logement - Squat Migration Malagnou Droit à la Ville

Soutenons Malagnou contre les manœuvres des autorités !

L’État genevois, appuyé par l’Hospice général en charge de l’hébergement des personnes en exil dans le canton, s’acharne depuis bientôt un an à expulser une maison d’habitation pour y loger des familles migrantes. Entre promesses piétinées, mise en concurrence des populations précarisées, mépris du droit au logement, le cas du 154 route de Malagnou rappelle tristement le rapport des autorités aux personnes en exil.

Genève |

La politique du prétexte

Que cache donc la volonté d’expulsion de la maison du 154 route de Malagnou ? Éliminons d’entrée la plus improbable des possibilités : une attention particulière au bien-être des personnes en exil et à leurs conditions de vie. Voilà plus de deux ans que les enterrés des bunkers dénoncent leurs conditions, bientôt autant que le collectif No Bunkers a arraché la promesse des autorités de fermer les abris PCi pour 2016 en occupant le Grütli. Et le bilan du Conseil d’Etat est misérable. Seuls deux bâtiments importants ont été affectés à l’hébergement, l’un (Appia) obtenu par le mouvement No Bunkers, l’autre (Frank-Thomas) sauvé de la destruction par ses habitant.e.s. D’ailleurs, pour avoir refusé d’accepter passivement la disparition de leur foyer, ces derniers subissent la vengeance de l’Hospice qui leur avait promis un retour après rénovation et qui ne s’y est pas tenu. Aujourd’hui, les constructions prévues et une fermeture enfin annoncées des bunkers – que nous attendons sans illusion – rendent d’autant plus suspecte la volonté inébranlable de mettre à la rue les habitant.e.s de Malagnou.

« Heureusement, il y a moins d’arrivées », Christophe Girod, directeur de l’Hospice général, 12 juin 2015)

Si on entend l’Hospice général se vanter dans la presse d’un prochain abandon de l’hébergement sous-terrain, restons conscient.e.s de sa véritable cause : une réduction importante des nouveaux arrivant.e.s sur le territoire suisse. Traiter les migrant.e.s comme un problème, une maladie invasive, est devenu le discours communément admis. Plutôt que de chercher des remèdes à ce système malade qui broie des milliers de vies et où le mot « asile » perd tout son sens, on se réjouit aujourd’hui de l’éradication progressive de la prétendue source du mal : les personnes en exil. 

Saluons malgré tout le travail indéniable des autorités

Leur empressement à accompagner et favoriser la transition vers un accueil carcéral des migrant.e.s au travers du futur centre fédéral au Grand-Saconnex en lieu et place du foyer des Tilleuls. Leur ambition de faire de Genève la tête de pont de ce système mortifère. Leurs mépris des familles renvoyées, comme les Musa, par l’utilisation des accords de Dublin. Leur déni de responsabilité concernant l’état déplorable des foyers du canton, qui a conduit à la mort d’une personne en exil et à de nombreux blessés dans un terrible incendie en 2014 aux Tattes, le plus grand foyer de Suisse. Leur zèle à couvrir les tabassages policiers des migrant.e.s dans les postes de police. 

Mettre en concurrence les populations précarisées et punir la solidarité

Des procédés comparables sont à l’œuvre quand il s’agit de « gérer » les personnes précarisées. Comme avec les personnes en exil, l’État méprise ses promesses envers les habitant.e.s de Malagnou, en brandissant un contrat de 4 ans avant de se rétracter. Une fois de plus, lorsque nous lui rappelons ses engagements, l’État oppose pour seules réponses des mensonges et la répression, comme avec la perquisition récente de la maison par une armée de policiers. Ce que nous refusons pour les personnes en exil, nous ne l’accepterons pas pour Malagnou. Une maison qui, tout au long de deux années de luttes, a accueilli des oublié.e.s de « l’accueil » de l’Hospice général et dont de nombreux.ses habitant.e.s sont engagé.e.s aux côtés des personnes en exil. Celles-ci ne sont d’ailleurs pas dupes, puisqu’elles ont soutenu les habitant.e.s contre leur expulsion.

Le collectif Perce-Frontières rejoindra la manifestation du 1er juillet

Pour toutes ces raisons, et parce que la politique du logement à Genève est tout aussi ignoble que celle dite de l’asile, le collectif Perce-Frontières sera aux côtés des habitant.e.s de Malagnou et de tou.te.s les mal-logé.e.s le 1er juillet 2017 pour prendre la rue. Car même si la loi est avant tout l’arme du pouvoir, un logement digne est un droit, qu’on ait ou non des papiers ou de l’argent. Nous ne laisserons pas les créatures de la Chambre immobilière genevoise élues au Conseil d’État détruire des territoires qui leur résistent, ni de faux prétextes justifier leur politique.

Toutes et tous dans la rue le samedi 1er juillet !
L’Hospice, l’Etat hors de nos vies, Malagnou restera !
Pas de frontières entre les précaires !

Le Collectif Perce-Frontières
perce-frontieres@noborders.ch

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