Féminismes - Luttes Queer

[Suisse] Non à l’abolition du statut d’artiste de cabaret et manifestation féministe !

Le terme "cabaret" désigne aujourd’hui en Suisse un type de performance, dans laquelle une personne danse sur de la musique et se déshabille partiellement ou entièrement. En Suisse, une grande partie des artistes de cabaret sont des femmes venant de l’étranger. Jusqu’au 31 décembre 2015, il était possible pour toutes les femmes étrangères d’obtenir une "attestation de travail“ (avant 2009, cette attestation s’appelait le permis L) permettant de travailler 8 mois par an en tant qu’artiste de cabaret. Pour des femmes non ressortissantes de l’UE/AELE, cette "attestation de travail" était la seule autre possibilité de travailler légalement en Suisse à part le mariage. En moyenne, 1 200 [1] femmes par mois travaillaient avec une “attestation de travail” en tant qu’artistes de cabaret.

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En 2014, le Conseil fédéral a décidé de supprimer le statut d’artiste de cabaret dès le 1er janvier 2016, ceci malgré que Procore (réseau national défendant les intérêts des travailleuses et travailleurs du sexe en Suisse) et la FIZ (Service spécialisé en trafic de femmes et migration féminine) se soient positionnés contre cette abolition dans le groupe d’experts qui était mandaté par le Conseil fédéral [2]. À part ces deux "organisations de défense des femmes", le groupe était composé de syndicats (Travail.Suisse, Union syndicale suisse), du patronat (Union suisse des arts et métiers, Union patronale suisse), des services fédéraux (Office fédéral des migrations, Secrétariat d’État à l’économie, Service de coordination contre la traite d’êtres humains et le trafic de migrants, Office fédéral de la justice, Département fédéral des affaires étrangères) et de cantons (Association des services cantonaux de migration, Association des offices suisses de travail).
Sur la première page d’un dépliant, le Secrétariat d’État aux migrations (SEM) annonce la suppression du statut d’artiste de cabaret pour les motifs suivants : "le statut n’offre qu’une protection insuffisante contre l’exploitation ; le statut favorise le trafic d’êtres humains ; le statut s’accompagne de mauvaises conditions de travail ; le statut ne garantit pas le versement d’un salaire en bonne et due forme ; le statut n’est d’ores et déjà plus appliqué par la moitié des cantons". Cette conclusion est appuyée sur "diverses enquêtes policières".

Il n’est dès lors plus possible de travailler dans le domaine du travail du sexe légalement pour des non européennes. Il est d’une violence, devenue banale, de remarquer que le SEM répond aux problèmes tels que "le statut ne garantit pas le versement d’un salaire en bonne et due forme" ou les autres cités ci-dessus par la criminalisation du métier d’artiste de cabaret alors que c’est précisément ceci qui pousse des femmes à vivre clandestinement en Suisse et les prive de nombreuses protections et droits tels que d’une assurance maladie ou de prestations sociales. Le dépôt de plainte à la police pour une personne travaillant clandestinement en Suisse est quasiment impossible, vu que toute plainte demande qu’on se rende visible et qu’on s’inscrit, tôt ou tard, à l’Office Cantonale de la Population et des Migrations. Une fois inscrit, on est punissable et renvoyable. Le SEM explique sur la deuxième page de son dépliant : „quiconque travaille en Suisse sans être muni d’une autorisation de travail est punissable (peine pécuniaire ou peine privative de liberté jusqu’à un an) » et "Les personnes qui séjournent illégalement en Suisse encourent un renvoi assorti d’une interdiction d’entrée dans l’espace Schengen.". En 2012, une femme sans papier s’était vue notifier d’une expulsion de territoire après avoir porté plainte pour viol, un article traitant ce sujet se trouve dans l’excellente revue Esquive, p. 7].

L’abolition du statut d’artiste de cabaret signifie que dès 2016, pour une femme migrante non qualifiée et originaire d’un État tiers, le seul moyen de travailler légalement en Suisse est de se marier avec un Suisse — il est donc impossible pour une femme non qualifiée et non européenne que son permis de séjour soit indépendant du bon vouloir de son époux.

À Zurich, le "l’alliance féministe du 8 mars" (8. März Frauenbündnis), appelle à une manifestation féministe. Dans le dépliant qui se trouve sur leur site internet, plusieurs collectifs de femmes* ont écrit des textes sur des sujets très différents et entre autres sur l’abolition du statut d’artiste de cabaret.

Sortons dans la rue pour la journée internationale des luttes féministes

Samedi 12 mars 2016, 13.30 Hechtplatz, Zureich

Le féminisme et les luttes des femmes signifient aussi :

  • Attaquer les profiteurs de la guerre
  • Lutter ensemble avec des personnes exilées
  • Développer des pratiques d’autogestion et d’autodéfense

Le féminisme et les luttes de femmes signifient aussi :

  • Attaquer le patriarcat et le capital
  • Faire la grève des emplois précaires
  • Construire un monde sans dominations
    Depuis des décennies, la manifestation du 8 mars se fait sans autorisation officielle et en absence solidaire d’hommes. Elle est un événement important et est organisée par une alliance féminine diverse, gauchiste et révolutionnaire. L’alliance couvre un grand spectre de la gauche non parlementaire et de réseaux féministes de gauche.
    Dans cet espace que nous nous prenons une fois par année pour quelques heures, nous nous exprimons de manière claire sur les luttes politiques et sociales menées ici et ailleurs dans le monde. Nous montrons notre solidarité et thématisons l’actualité et l’histoire. Car de toutes ces belles choses que sont l’égalité des droits et du salaire, la division du travail juste et le droit de séjour pour toutes les femmes, nous sommes bien éloignées. C’est ainsi que nous nous battons durant la journée internationale féministe - et tous les autres jours – contre les violences commises aux femmes, pour la collectivisation du travail ménager, contre le sexisme, contre l’illégalisation de migrantes, pour plus de salaire et de temps libre, et beaucoup plus... En bref, nous luttons pour une vie sur un pied d’égalité et autodéterminée, dans une société sans exploitations et oppressions.

L’alliance féministe du 8 mars Zurich - 8. März Frauenbündnis Zürich

P.S.

Pour voir le site de l’alliance féministe de Zurich : http://www.frauenbuendnis-zueri.ch/

Agenda

[Zurich] Manifestation non-mixte pour la journée internationale des luttes féministes

 samedi 12 mars 2016  13h30 - 15h30
 samedi 12 mars 2016
13h30 - 15h30

 

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