Depuis, aucune autre action n’a été menée ou revendiquée.
Depuis, dans les lieux culturels, on dirait que tout cela est déjà oublié.
Mais grâce à ces actions, les réseaux se connectent et les langues se délient.
Nous savons que depuis plusieurs années des témoignages circulent sur Karim Bel Kacem, les agressions qu’il a commises et qu’il continue à commettre.
Ce qui laisse entendre que des gens (responsables de lieux culturels et autres institutions publiques) savent, et que rien n’a été fait, que tout est mis en place pour taire ces accusations.
Aujourd’hui, il y a une volonté claire, affirmée et revendiquée que cela cesse. L’accusation écrite dans l’espace public montre bien un ras le bol de ce silence ainsi que le désir de révéler au grand jour les actes cachés de KBK, protégé par son aura de personnage public.
En effet, le fait d’effacer les tags montre une volonté claire d’invisibiliser les accusations, de ne pas les minimiser et de mettre KBK à l’abri. C’est du déni et une violence pour les personnes qui prennent le risque de prendre la parole et de s’exprimer sur une expérience déjà violente en soi.
Les institutions et lieux culturels refusent de prendre position ou d’agir face à ces témoignages sans plainte justifiée, sans preuve, sans décision judiciaire.
C’est scandaleux et effarant.
Pourquoi est-ce toujours aux victimes et aux survivant.x.e.s de devoir se justifier et d’apporter des preuves de ce qu’ils.elles ont subi ?
Tandis que le coupable est toujours protégé, voire célébré, invité, encensé ?
C’est pour cela qu’il nous a paru extrêmement important d’écrire cet article. Et si nous devons l’écrire de manière anonyme, ce n’est pas de bon coeur, ni parce que nous ne voulons pas assumer nos propos. C’est parce que nous vivons dans une société où il est plus simple de porter plainte pour diffamation que de porter plainte pour une aggression sexuelle. Où l’on encourt plus de risques à prendre la parole sur une aggression qu’à en perpétrer une. Les agresseurs, quand ils sont mis face à leurs agressions, sont défendus : par leur potes mais aussi des fois par nos potes, par leurs collègues de travail, par les lieux culturels où ils se produisent, par les discours médiatiques, par la justice, bref, tout semble vouloir les mettre à l’abri d’une quelconque conséquence. On préfère protéger la réputation d’un agresseur plutôt que de reconnaître et rendre justice à une personne aggressée.
Il est essentiel de rappeler que les personnes qui ont le plus à craindre pour leur réputation quand elles dénoncent des agressions sexuelles sont les victimes/survivantes elles-mêmes. Les accuser de calomnie c’est reproduire un rapport de pouvoir : celui qui est accusé reçoit du soutien et celleux qui accusent sont suspectées de mensonges et risquent, au final, gros. C’est pour cela que nous trouvons impératif de prendre au sérieux les témoignages, là où ils apparaissent, de les entendre et de se positionner.
On nous dira "Mais non mais c’est impossible que cet homme, connu et respecté dans le milieu, ait commis un viol, voyons".
Le viol n’est pas forcément ce que vous pensez, un viol est l’acte par lequel une personne est contrainte à un acte sexuel par la force, surprise, menace, ruse ou plus largement, sans son consentement.
Un viol n’est de loin pas toujours commis par un inconnu dans une ruelle sombre. Rappelons ici que 91% des victimes connaissent leur/s agresseur/s.
On nous demandera : "Mais pourquoi la victime/survivante n’a pas fait recours à la police alors ?"
Le parcours de reconnaissance d’une agressions sexuelles et ou d’un viol est long. Le fait de porter plainte est souvent subit comme « un deuxième viol », c’est un processus long et douloureux. Seules 9% de l’ensemble des victimes portent plainte. Sur ces plaintes, une plainte sur dix aboutit à une condamnation de l’agresseur.
On nous harcèlera avec les fameuses preuves du viol, parce que notre parole, et le fait de sortir du silence n’en est pas une.
Mais le viol se fait souvent sans témoins directs et il est rarement possible de produire une preuve juridique. Cela questionne notre système juridique, qui se trouve, face à ce cas-là, déficient. Cette justice là n’est pas la seule solution, nous devons d’une part l’améliorer tout en cherchant d’autres solutions pour se défendre. C’est toujours une prise de risque pour la victime de dénoncer un viol, c’est pourquoi il est primordial de croire les témoignages et d’encourager celles qui ont la force de le faire.
On nous accusera ensuite de faire ça en public et de ne pas régler nos affaires dans notre coin.
Mais ici l’agresseur est un personnage public, qui produit du contenu public, en l’occurence traitant de l’image des femmes et des fantasmes sexuels. La notoriété ne doit pas le protéger, c’est pourquoi il est important que ces témoignages sortent du silence. Libérons la parole des victimes !
Nous dénonçons le faux-semblant des lieux culturels qui ont accueillis et qui accueilleront encore Karim Bel Kacem et qui se cachent derrière la menace de la diffamation pour ne pas annuler sa venue !
Des lieux qui, de plus, se revendiquent de gauche et pour certains féministes – en tout cas engagés. Des lieux qui, soit ne font rien, soit effacent les actions menées par les victimes/survivantes, entreprises pour sortir ces aggressions de l’ombre ! Si les clauses du contrat sont respectées, qu’est-ce que cela vous coûte d’annuler la venue d’un artiste ? Personne ne vous demandait en plus de faire une prise de position publique. Vous vous cachez derrière des arguments de pacotille et ce faisant, vous vous rendez complices des agressions qui se sont commises et de celles qui risquent de se reproduire, car vous lui en laissez a possibilité.
NOUS EXIGEONS QUE :
- Le milieu culturel (Espaces de diffusion ou de formation) prenne ses responsabilités : Karim Bel Kacem ne doit plus être invité, ni se produire. Ainsi que tout autre artiste ou acteur culturel ayant été accusé de toute forme d’agression.
- Ces informations soient relayées afin que les personnes qui sont ou devraient être en contact avec lui dans le futur soient prévenues et puissent se protéger de lui
- La parole des victimes soit entendue. Que cesse enfin cette pratique de demander des preuves judiciaires, donc entendons-nous, non pas un dépôt de plainte, mais bel et bien un jugement (ce qui peut prendre des années rappelons-le) !
Pour finir, nous rappelons qu’il est hors de question que les violences sexistes et sexuelles à l’encontre des femmes et des personnes LGBTIQ soient récupérées pour faire le jeu des politiques racistes.
*Ensemble, solidairexs et vénèrexs*