Mais quel rapport entre la Zad et un vieux bloc de béton, fossile de l’ancienne voie ferrée desservant la gare des Eaux-Vives ?
Pour bien voir, il faut regarder plus loin, en direction par exemple du trou béant que cachent des kilomètres de palissades de chantier. La ville, ou plutôt, Vinci, à travers sa filiale de construction Eaux-Vives Infra, construit pour nous le CEVA, à grand renforts de milliers de "briques" de verres à 30’000 francs pièce, et autres dépassements de budgets effarants, financés, à terme par les impôts de celles et ceux qui en paient.
Même le Courrier le dit : "pour éviter un dépassement de crédit de 45 millions de francs par rapport au budget, il va être nécessaire de renoncer à environ un quart des quelque 1500 « briques » de verre, des panneaux de 5,4 mètres sur 2,7 mètres et profonds de 45 centimètres dont la fonction est d’amener la lumière dans les gares souterraines. Il aurait fallu multiplier ce budget par 5, initalement 7.5 millions." L’infâme TDG craint elle aussi les dépassements de budgets et lamentables échecs urbanistiques.
Vinci construit pour nous une ville “verte” déversant des tonnes de béton dans les gigantesques balaffres préalablement creusées dans les sous-sols ou les quelques interstices du tissu urbain telles les falaises du bord de l’Arve. Vinci construit pour nous une ville “douce”, mais probablement pas pour les requérant.e.s d’asile qui vivent dans les containers du foyer Frank Thomas, à 15 mètres du silo à béton du Chantier de la Gare des Eaux-vives.
Vinci construit pour nous une autoroute, l’axe Annemasse Thonon, accaparant là encore les terres agricoles, tout en promettant “la réduction au maximum des impacts sur le milieu humain et naturel avec des continuités biologiques maintenues, des protections phoniques et de la reconstitution des lisières et du paysage” (Le Temps 29.04.2015).
Vinci est partout, allié des gouvernements à travers la privatisation des services publiques, ce groupe de BTP (batiment et travaux publics) participe, comme tant d’autres à la création de nouveaux besoins, à l’accélération du rythme de vie des habitant.e.s, aux fluidification des allers-retour entre travail et domicile. Trajets forcés mais payants évidemment car non content de se voir mandatés par les pouvoirs publics pour construire ces grands projets, Vinci gère aussi leur exploitation.
La liaison ferroviaire “Cornavin-Eaux-Vives-Annemasse” n’a pas pour intérêt de faciliter les relations sociales entre les différents points de l’agglomération “franco-valdo-genevoise”. Mais plutôt de faciliter la captation par le “Grand Genève” des flux de travailleu.r.se.s dont le fait de vivre de l’autre côté de la frontière permet de moins les payer. Le Ceva participe de la banlieuisation de la région frontalière, permettant à Genève de profiter de main d’oeuvre sans devoir assumer la mise en place d’infrastructures telles que des logements, écoles, crèches, hôpitaux, EMS, centres sociaux etc.
Les politiques du Grand Genève construisent pour nous un gros mensonge, qui, sous couvert d’améliorer notre qualité de vie, sert les intérêts privés de grands groupes de construction et d’exploitation d’infrastructures ; d’entreprises profitant de la plus grande fexibilité des travailleu.r.se.s ; et des nombreux commerces qui s’implanteront dans les nouveaux espaces créés de toutes pièces en lieu et place des pelouses, terrains vagues et vieux bouts de bitume, abandonnés à la merci de nos imaginations.