En 2008, elle est condamnée à 6 ans et 9 mois de prison. La condamnation se fonde presque exclusivement sur les « aveux » que Nekane aurait exprimé sous la torture, ce qui ne semble guère poser problème au Tribunal. Avant de connaître le jugement, Nekane a pris la fuite et depuis 6 ans, elle habite à Zürich où elle a continué à vivre sa vie, accompagnée de sa fille.
Le viol est une arme régulièrement utilisée contre les femmes, entre autre comme punition pour l’insoumission aux normes qui leur sont imposées. Femme et militante, voici sa première transgression. Les femmes ne sont pas censées lutter, elles ne sont pas censées avoir des revendications... Nekane est allée trop loin. Elle s’attaquait non seulement à l’Etat espagnol mais elle s’attaquait, de fait, également à la position de pouvoir des hommes car c’est sa voix, mais aussi celles de nombreuses autres femmes qui dénonçaient, critiquaient et attaquaient un État quasi exclusivement masculin, qu’elle a fait entendre. Nekane confie que lorsqu’elle a été violée, les flics de la Guardia civil lui ont dit que, comme ça, elle ne pourrait plus jamais avoir d’enfant. Mais le futur qu’ils ont voulu lui imposer - celui d’une femme qui se tait, qui ne revendique pas et à qui on ôte le choix de devenir mère ou non - elle s’en est défaite. Elle est mère d’une fille qui très certainement n’oubliera jamais ce qu’ils ont fait à sa mère et elle est femme. Femme qui parle et qui continuera encore et toujours à dénoncer les injustices.
Le 6 avril 2016 Nekane a été arrêtée, à Zürich par la police suisse suite à une demande d’extradition de l’Espagne. Elle est actuellement détenue à la prison de Dielsdorf. C’est maintenant au gouvernement suisse de faire le choix entre extrader Nekane vers l’Espagne ou lui octroyer l’asile en Suisse. En d’autres termes, la Suisse doit choisir de la renvoyer (ou pas) là où, parce qu’elle est militante on l’a torturée et où, parce qu’elle est femme on l’a violée.
C’est chacune de ces histoires qui permet chaque fois moins à la Suisse de mentir en se donnant une image de pays progressiste quant au droit des femmes. En effet, si extrader Nekane devait être la décision, le gouvernement suisse deviendrait solidaire et allié d’un Etat sexiste, violeur et tortionnaire. Bien que je ne pourrais jamais prétendre autre chose que : "la Suisse est un Etat violeur, sexiste, violent, etc." elle a aujourd’hui l’occasion de nous donner un argument de moins pour soutenir nos propos. Qu’elle le fasse. La Suisse dément chacune des accusations que nous lui portons, qu’elle nous prouve par ses actes que nous avons eu tort sur ce cas, en refusant l’extradition de Nekane et en octroyant l’asile à elle et à sa fille.
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Nekane Txapartegi
Gaqfängnis Dielsdorf
Spitalstrasse 5
Postfach 115
8157 Dielsdorf
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