Féminismes - Luttes Queer Travail

200 roses - exposition collective et événements

Le Collectif Occasionnel organise une exposition et des événements tout le long du mois de novembre sur le travail du sexe.

Nyon |

La question du travail du sexe et de ses représentations a été un sujet abordé de manière récurrente ces dernières années, que ce soient par des films, des publications de livres ou encore des expositions d’artistes également travailleur.e.x.s du sexe, en Suisse ou en France. Cet engouement ne peut être qu’une étape positive et nécessaire dans la déstigmatisation du métier - quand les oeuvres proposent ce regard - permettant à la fois à un public peu familier de ces problématiques de questionner son regard sur “le plus vieux métier du monde” mais encore aux personnes concernées de pouvoir s’exprimer publiquement, à la première personne, et sans que leurs voix soient confisquées par autrui. La pluralité de ces discours et les formes qu’ils ont produites permettent de dessiner un paysage plus complexe sur les réalités du travail du sexe, de montrer que celui-ci est source d’enseignement et d’apprentissage, mais aussi d’art et de littérature.

Pour autant, les droits effectifs des travailleur.e.x.s du sexe n’ont quasiment pas évolué. En Suisse, les restrictions quant à la pratique du tds restent les mêmes, et la crise sanitaire du Covid a fini de précariser les plus fragiles. En France, les discours abolitionnistes restent prédominants dans les instances gouvernementales, dont les lois entravent de plus en plus la liberté et la sécurité des tds. Dans ce tissu social complexe, se dressent en pare-feu les associations communautaires d’aide et de soutien aux TDS, dont le rôle est essentiel pour garantir un soutien légal, moral et matériel à un corps de métier précarisé et stigmatisé.

Dans ce nouveau projet d’exposition, c’est en collaborant directement avec les associations communautaires suisses et des régions francophones que nous avons souhaité être mis.e.x.s en contact avec des personnes à la fois travailleur.euse.x.s du sexe, et producteur.ice.x.s de récits sur leurs expérience, qui ne profitent pas d’une visibilité institutionnelle. Soutenir cette visibilité paraît être un atout essentiel à l’émancipation de ce corps de métiers précarisé et stigmatisé.
Les narrations et auto-narrations de travailleur.euse.x.s du sexe sont des outils pédagogiques dont nous aurions tout.e.x.s beaucoup à apprendre, qu’il s’agisse d’argent, d’amour, de sexualité et de travail.

Programme :
Jeudi 2 novembre, dès 18h, vernissage et performance de Joël Defrance.

Tous les événements ont lieu à l’espace Eeeeh ! à Nyon, VD, 3 place du Marché.

Dimanche 5 novembre
14h : Atelier décryptage sur le porno du collectif La Grande Horizontale
Cet atelier s’adresse notamment aux jeunes publics mais aussi à toute personne qui voudrait parler de porno de manière avertie. Il propose une lecture des manières de produire et de consommer le porno à la lumière du féminisme et de l’expérience de travailleur.euse.x.s du sexe.
Atelier d’une durée de 2h / ouvert à 40 personnes maximum / sur réservation à l’adresse occasionnel.collectif@gmail.com
18h : Lecture de Fanny Doucet d’extraits du recueil TDS de Tan
Fanny Doucet, membre de CRISSURES, veut porter les voix – et les cris, sûr ! – de celleux pour qui la vie est faite de moments qui crissent un peu, ou au moins crispent. Pour cette occasion, elle lira des extraits choisis de TDS, un recueil de témoignages de TDS, principalement basé.e.x.s en France, paru en 2022.
18h30 : Lecture de Judith d’un extrait de Ich Bin Sexarbeiterin
La partie alémanique de l’association ProCore (faîtière des associations de TDS en Suisse) a publié en 2020 le livre “Ich bin Sexarbeiterin”, qui regroupe des témoignages de personnes tds travaillant principalement en Suisse alémanique. Judith est l’une d’entre elle.eux, et viendra lire son propre témoignage, traduit de suisse-allemand vers le français.
19h : Repas prix libre
20h : Projection de Daspu., de Valentina Monti et du Kran Film Collective, 2010
Un groupe de TDS à Rio de Janeiro se bat pour obtenir des droits et lutte
contre la stigmatisation en créant une marque de vêtements qui gagne
rapidement les défilés de mode brésiliens.

Dimanche 12 novembre
17h : Table ronde “Quelle éthique pour la programmation culturelle autour du travail du sexe ?” avec Amar et Soraya de l’organisation des “Putains de Rencontres”.
Différents événements ont eu lieu ces derniers mois portant sur le TDS et ses représentations. Nous souhaitons aborder dans cette discussion les conséquences de cette visibilisation : si celle-ci est nécessaire pour faire connaître à un plus large public l’enjeu de l’acquisition de droits pour les travailleurleuses du sexe et la déstigmatisation de ce métier, qu’en est-il des imaginaires véhiculés par ces nouvelles formes de re-
présentations ?
Nous invitons Amar et Soraya qui organisent les “Putains de Ren- contres”, un festival par et pour les TDS ayant lieu chaque année dans une ville différente de France dans l’objectif de se donner des outils dans le cadre de l’exercice de leur travail. Ces personnes réfléchissent activement à la question des représentations des TDS au travers des programmations à destination du large public.
19h : Repas prix libre
20h : Projection des épisodes de la série Sorcière Lisa de Camille Ducellier, 2021. Suivi d’une discussion avec Camille Ducellier, metteuse en scène, et Lisa Granado, actrice et personnage principale.
Une série documentaire intimiste qui dévoile les multiples facettes de Lisa, tantôt voyante, strip-teaseuse, cagole ou sirène.

Dimanche 19 novembre
17h30 : Lecture de La Diabla d’extraits de son prochain livre.
Ponte en mis tacones, le premier livre de La Diabla a été édité en collaboration avec Aspasie et le Collectif Occasionnel, dans le cadre de l’exposition Argent facile. La Diabla revient avec un deuxième opus, en cours d’écriture, dont elle a choisi quelques extraits.
Ce livre mêle récit autobiographique et guide pratique, il aborde la question des frontières, du travail du sexe, de l’amour, de la liberté et de la solitude. « La Diabla, fácil de conocer, difícil de olvidar ».
19h : Repas prix libre
20h : projection du film La fiancée du pirate de Nelly Kaplan, 1969
Une vengeance sociale surréaliste, dans laquelle Marie, trop humiliée depuis des années, décide, à la mort de sa mère, de se venger sans vergogne. Elle commence alors une entreprise de séduction sur tout ce que le village de Tellier compte de notables.

Dimanche 26 novembre
17h : Table ronde : “Que faire de la police et de la justice lorsque l’on est travailleur.euse.x du sexe ?” avec des étudiant.e.x.s du séminaire LawClinic de l’Université de Genève et Piti Pietru, travailleuse du sexe basée à Genève.

Si le TDS peut être exercé en toute légalité en Suisse, il n’en reste pas moins que l’accès à des droits sociaux fondamentaux, tels que des soins adaptés, des aides sociales, l’ouverture d’un compte ou d’un prêt bancaire restent encore impossible, mais aussi que le stigma reste profondément ancré dans la perception que la société a des TDS. Ainsi les démarches pour rapporter une agression dans le cadre du travail deviennent par exemple des plus complexes.
En France la situation, liée à la loi de pénalisation des clients et à la loi contre le proxénétisme, relègue le TDS à l’illégalité la plus totale, créant des situations de grande précarité et de grande violence pour les concerné.e.x.s, en dehors de toute considération éthique. Dans une société qu’aucun pouvoir public ne défend ou ne protège, nous voudrions donc nous poser la question des tactiques qui se développent pour que cessent le déni de la justice et le harcèlement policier à l’encontre de cette communauté de travailleur.euse.x.s. Pour ce faire, nous inviteront les organisatrices du séminaire “Law Clinic sur les droits des personnes vulnérables de l’Université de Genève” et Piti Pietru, travailleuse du sexe basée à Genève, pour converser au sujet des rapports entretenus entre les TDS, les personnes et organisations qui les défendent, la police et la justice.
19 : Repas prix libre
20h : Projection du film Au coeur du bois de Claus Drexel, 2021
Dans le légendaire Bois de Boulogne, Samantha, Isidro, Geneviève et les
autres font le plus vieux métier du monde. Entre confidences, humour
et dignité, ils et elles nous emmènent au cœur du Bois.

© Photo issue de l’archive de Grisélidis Réal - Archives Littéraires Suisses - crédit inconnu.

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