Une politique suisse de gestion de la pandémie désastreuse
La politique suisse de gestion de la pandémie est un désastre complet et se résume à un appel à la responsabilité individuelle de chacun·e. L’un des pays les plus riches du monde est incapable de protéger correctement sa population contre le virus.
Le gouvernement suisse, entièrement au service des intérêts du capital, n’a pris aucune mesure pour briser les dernières vagues et mettre fin à la pandémie. Une stratégie cohérente de faible incidence d’infection virale aurait permis d’y parvenir. Dans ce contexte, alors que la cinquième vague est massive, le gouvernement maintient ses mesures totalement insuffisantes. Ces mesures sont là pour garantir que les employé·e·s des hôpitaux puissent encore traiter de justesse les personnes malades, que le système de santé ne s’effondre pas et qu’aucune résistance sociale trop importante ne soit provoquée à cette occasion. Le résultat de cette politique cynique est que, rien qu’en Suisse, plus de 11’000 personnes sont mortes depuis le début de la pandémie.
Depuis que les vaccins sont disponibles, cette approche technocratique est affinée, notamment avec le soutien tacite ou manifeste des partis de gauche et des syndicats. Depuis le printemps 2021, la stratégie du gouvernement mise sur une immunisation des personnes guéries ou une immunisation par la vaccination. Cette stratégie devait tout juste permettre de passer l’hiver sans trop de mort·e·s. Mais ce calcul a échoué. D’une part, moins de personnes se font vacciner que “prévu” et d’autre part, l’effet des vaccins s’estompe un peu plus rapidement qu’espéré en début d’épidémie. Cela vaut surtout pour les personnes de plus de 65 ans. On sait depuis juillet 2021 que la protection vaccinale diminue nettement après 6 mois dans ce groupe.
Il n’est donc pas surprenant que le gouvernement n’ait pas réussi à préparer et à protéger les gens contre la cinquième vague, prédite presque unanimement par les scientifiques. La campagne pour la troisième dose de vaccination a commencé bien trop tard.
Des mesures combinées et solidaires pour briser la circulation des capitaux et du virus
Rendre la vaccination obligatoire est une bonne chose, mais c’est insuffisant face à la vague massive que connaît la Suisse. Pour maîtriser la catastrophe, différentes mesures doivent être prises simultanément. Pour réduire la circulation du virus dans la population, il serait nécessaire d’adopter une stratégie de vaccination cohérente (le cas échéant, obligatoire). En outre, nous avons besoin d’un lockdown radical mais solidaire. Même à long terme, la vaccination seule ne mettra pas fin à la pandémie. Pour cela, il faut une stratégie de faible incidence organisée à l’échelle mondiale combinée à une stratégie vaccinale, car la pandémie ne sévit pas seulement parce que le système de santé est insuffisamment développé, mais aussi parce que les contaminations ne sont pas enrayées. Une politique de gestion efficace et judicieuse de la pandémie mise donc en premier lieu sur la prévention.
Outre le gouvernement, les représentant·e·s des intérêts du grand capital et de l’industrie sont également responsables du désastre actuel. Au cours des vagues précédentes, iels se sont opposé·e·s à plusieurs reprises et de toutes leurs forces à un shutdown necessaire de larges pans de l’économie. Aujourd’hui encore, iels s’opposent aux mesures d’urgence qui s’imposent pour protéger la santé et la vie de la population. Après tout, le capital doit bien circuler et aspirer la main-d’oeuvre pour produire de la valeur ajoutée. Le capital doit se déplacer, il ne connaît pas l’immobilité, du moins pas de son plein gré. Le capitalisme organise donc le métabolisme entre l’Homme et la nature selon la logique du profit, soit de manière totalement déraisonnable et dangereuse pour la vie. La catastrophe climatique, de même que les épidémies de plus en plus fréquentes, en sont l’expression visible.
De plus, les syndicats ne remplissent pas non plus leur mission la plus élémentaire, à savoir s’engager sans condition pour l’intégrité physique et la santé de leurs membres et de toustes les salarié·e·s. Dans une situation sanitaire aussi dramatique, ils auraient pour mission de mettre à l’arrêt les secteurs de l’économie dans lesquels les gens sont contaminés, mais qui ne sont pas d’une importance immédiate pour l’approvisionnement de la population. Si cela n’est pas possible ou judicieux, ils devraient au moins imposer des mesures de protection complètes.
Avec le nouveau variant du virus “Omicron”, encore plus contagieux, la pandémie va probablement prendre une nouvelle dimension. Les débats sociaux et politiques sur la lutte contre celle-ci devraient donc s’intensifier, tant au sein des sociétés qu’au niveau international.
Tant que 90% de la population ne sera pas immunisée par la vaccination ou la contagion, la pandémie se poursuivra. Il ne sera pas possible de parvenir à une situation endémique contrôlée. La politique vaccinale actuelle, qui repose sur la démarche individuelle où la population doit aller chercher le vaccin, est un échec. De plus, si le taux de vaccination est trop faible et que de nombreuses personnes sont contaminées (c’est-à-dire exactement la situation dans laquelle nous nous trouvons actuellement en Suisse et dans toute l’Europe), la probabilité que le virus mute ici aussi augmente. L’état sain ou malade du corps de chacun·e dépend d’abord de l’état sain ou malade du corps social dans son ensemble, tributaire, lui des conditions socio-économiques dans lesquelles nous vivons. L’état de santé de chacun·e dépend d’abord de celui de tous·tes les autres.
Il s’agit donc maintenant d’offrir au virus le moins d’occasions possible de se propager et de continuer à muter. Cela n’est possible qu’avec une stratégie radicale de faible incidence, associée à une vaccination large, qui doit avoir pour objectif d’empêcher totalement la propagation du virus. Ce n’est qu’avec la réalisation de ces deux objectifs que la pandémie pourra être stoppée.
Des revendications solidaires pour sortir de la pandémie
Nous devons reprendre le contrôle d’une situation extrêmement précaire afin d’éviter une catastrophe. Nous demandons comme réponse politique à la situation actuelle :
2) Renforcement des capacités de test. Les tests doivent être disponibles partout et gratuitement, surtout dans les secteurs économiques qui ne peuvent pas être fermés en raison de la nécessité d’approvisionner la population.
3) Mise en place d’une campagne nationale de vaccination (éventuellement obligatoire), dans toutes les langues nécessaires, qui donne une information complète sur la vaccination et en souligne le caractère solidaire. Les autorités doivent inviter tous les habitants à un premier, un deuxième et un troisième rendez-vous de vaccination à proximité de leur domicile ou de leur lieu de travail.
4) Développer un système de santé qui réponde aux besoins de la population et qui ait la capacité d’accueillir des patient·e·s en grand nombre. Améliorer globalement les conditions de travail dans le secteur de la santé.
5) Tous les pays fortement touchés ont besoin de toute urgence d’un soutien international - une pandémie ne peut être stoppée qu’au niveau international et collectivement. Les brevets sur les vaccins doivent être abolis. Les pays à la pointe de la technologie doivent être contraints de procéder à un transfert de technologie en matière de production de vaccins et de médicaments vers les pays pauvres.