Pourquoi l’Avenue Jean-Marie Musy ? Les activistes, dont nous partageons ici le communiqué de presse, rappellent que l’ancien conseiller fédéral a collaboré de manière étroite avec le régime nazi et tissé des liens personnels avec Himmler. Ne désirant ni effacer, ni réécrire l’histoire, iels exigent que les autorités communales prennent leurs responsabilités au regard de l’histoire et renomment cette rue. Et nous ne pouvons qu’ajouter notre voix à la leur : pas de quartier pour l’extrême-droite !
"Représentant·e·s·x des autorités communales, de la presse et des médias,
Le 30 avril a eu lieu une action visant à recouvrir certains panneaux de l’Avenue Jean-Marie Musy. Nous souhaitons par le présent courrier expliquer les raisons derrière notre démarche.
En premier lieu, nous mentionnerons la fascination, qui n’est plus à démontrer, de Jean-Marie Musy avec le fascisme italien ainsi que sa proximité factuelle avec le nazisme. Il est intolérable qu’une rue fribourgeoise porte le nom d’un proche ami de Himmler, principal artisan du meurtre de masse national-socialiste. Le nom de cette rue constitue une insulte pour toutes les personnes y vivant, en particulier pour les personnes issues de la migration, les personnes LGBTQIA+ ou en situation de handicap, toutes directement visées par les actions des proches amis de Jean-Marie Musy. Nous ne souhaitons pas « réécrire l’Histoire », ni l’effacer. Au contraire, nous exigeons que les autorités communales prennent leurs responsabilités au regard de l’Histoire et qu’elles renomment cette rue. En effet, il s’agit aujourd’hui de réparer l’erreur qui a été commise en attribuant le nom de cette rue à Jean-Marie Musy. Un nom de rue, au même titre qu’une statue ou monument érigé dans l’espace public est un honneur rendu à la personne. La Ville de Fribourg est-elle si fière de cet ancien Conseiller fédéral qu’elle peut, en 2023, faire fi des valeurs de Jean-Marie Musy qui l’ont rapproché des pires bourreaux de l’Histoire ? Nous en sommes convaincu·e·s·x, la population fribourgeoise mérite mieux.
En second lieu, le Conseil communal a récemment décidé de rendre réponse négative au postulat demandant une meilleure représentation des femmes dans le noms de rues, et d’en renommer certaines, invoquant une « action intrusive pouvant créer du mécontentement auprès des habitantes et habitants, car touchant aux sentiments d’identité et d’appartenance », comme l’argumente un élu prétendument de gauche. Et d’ajouter que l’opération serait « coûteuse ». Ce faisant, le Conseil communal a décidé, par fainéantise, de nier la nécessité démocratique non seulement de se débarrasser de l’embarrassante rue Jean-Marie Musy, mais également que 14 % de rues portant le nom d’une femme était suffisant. Par son attitude méprisante – et méprisable – le Conseil communal affirme se soucier davantage de considérations financières et logistiques que de représentativité. Nous refusons catégoriquement ce déni de démocratie.
Compte tenu des éléments précédents, compte tenu de l’immobilisme paresseux des autorités, qui préfèrent assumer les honneurs donnés à un ami du nazisme que d’assumer les responsabilités historiques et financières qui lui incombent, nous avons décidé de prendre les devants. Ainsi, par notre action, nous souhaitons exprimer notre révolte face à la tolérance des élu·e·s·x – supposé·e·s·x nous représenter – face à une idéologie mortifère et détestable, mais aussi restaurer une démocratie bafouée.
Loin de se cantonner à un acte de vulgaire vandalisme, notre action s’inscrit dans une démarche démocratique et participative. C’est dans ce sens que nous avons, en plus de coller des affiches dans la rue, distribuer des flyers expliquant notre démarche aux habitant.esx de la rue. Les autorités flemmardes faisant la sourde oreille face aux revendications institutionnelles, nous proposons que les habitant·e·s·x de la Ville puissent s’exprimer sur le nom que porte leur rue, via le QR code que nous avons mis en place, afin de permettre une libre expression aux habitant·e·s·x de Jean-Marie Musy.
À qui appartiennent les rues ? Nous sommes convaincu·e·s·x qu’elles appartiennent aux personnes qui y vivent, et qui sont en conséquence légitimes à s’exprimer sur le nom de leur lieu d’habitation."