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Affaire Nzoy, dernières nouvelles et conférence de presse

Rappel des faits : Le 30 août 2021 Roger Nzoy Wilhelm, un homme noir de 38 ans résidant à Zurich était tué de trois balles par un agent de police sur un quai de la gare de Morges. Les policiers présents le laissent couché sur le ventre pendant 6 minutes sans prodiguer les premiers soins.

Il y a quelques mois le procureur en charge de l’affaire annonçait qu’il ne poursuivrait pas les autres policiers présents pour omission de prêter secours. Il y a environ un mois il a finalement prévenu l’avocat de la famille de Nzoy que sans nouveaux éléments au dossier d’ici au 10 novembre il classerait l’affaire.

Lausanne |

La conférence de presse qui a eu lieu aujourd’hui au théatre de Vidy concerne le travail d’experts réuni dans une commission indépendante visant à enquêter sur les circonstances médicales, juridiques et socio-politiques de ce décès. Le travail du groupe Border Forensics, ayant également travaillé à fournir une contre expertise a été présenté. Ces deux entités sont intervenues sur le dossier parce qu’il n’existe pas en Suisse d’institution indépendante pour les cas de violences policières. L’ensemble des frais liés aux contre expertises a donc dû être pris en charge par les proches de Nzoy et les militant.es qui les soutiennent.

Une vidéo reconstituée par Border Forensics a été projetée et décrite par un des chercheurs du groupe, Elio Panese, on y voit les dernières minutes de la vie de Nzoy. Elle a ensuite été commentée par l’avocat de la famille et des experts de la commission.

Il apparaît ici de manière absolument évidente que la police ne tente à aucun moment de porter secours à la victime pendant 4 minutes et 30 secondes, jusqu'à ce qu'un infirmier qui se trouvait dans un train arrive et prodigue les premiers soins, trop tard. Les seuls gestes entrepris par les policiers sont des gestes de sécurité, jamais de soin.

Le film a été réalisé à partir de différentes vidéos prises par des témoins de la scène, les communications radios des policiers, les dépositions qu’ils ont données et des observations des médecins de la commission indépendantes. Elle se concentre sur la réaction des agents après les coups de feu. Il apparaît ici de manière absolument évidente que la police ne tente à aucun moment de porter secours à la victime pendant 4 minutes et 30 secondes, jusqu’à ce qu’un infirmier qui se trouvait dans un train arrive et prodigue les premiers soins, trop tard. Les seuls gestes entrepris par les policiers sont des gestes de sécurité, jamais de soin. Cette vidéo a été transmise au procureur hier et l’avocat espère qu’elle permettra d’éviter le classement de l’affaire.

Le docteur de Martin Hermann, chirurgien membre de la commission, a ensuite décrypté la vidéo et relevé que la formation des policiers doit leur avoir donné les connaissances nécessaires pour savoir que ne pas prodiguer les premiers soins peut conduire à des dommages irréparables après 5 minutes et, plus tard, à la mort. Il relève par ailleurs que tout devrait indiquer aux policiers que Nzoy ne représentait pas un danger pour eux lorsqu’il était au sol.

Udo Rauchfleisch, psychologue, a ensuite expliqué que toutes les personnes ayant parlé à Nzoy à la gare de Morges ont identifié qu’il traversait un moment de crise psychologique. Dès lors la manière dont la police est intervenue est contraire à ce qui est transmis à la police concernant la prise en charge de personnes en situation de détresse psychologique ou de confusion. Il explique que la façon dont les policiers de Morges ont agi avec Nzoy a conduit à l’escalation de la situation.

On sait que dans près de 100% des cas les victimes sont des personnes afrodescendantes ou non blanches et que dans tous les cas connus au cours de ces dix dernières années les enquêtes et procédures ont été menées "avec peu de conviction". Ces observations concernent particulièrement le canton de Vaud qui a connu un nombre disproportionné de cas dans les dernières années.

Maitre Brigitte Lembwadio, explique que la Suisse interdit les statistiques ethniques, comme elles sont pratiquées aux Etats Unis par exemple. Ce qui conduit à ce que seules la couverture médiatique des affaires et le travail de collectifs et associations nous informent sur qui est touché par les crimes policiers. On sait que dans près de 100% des cas les victimes sont des personnes afrodescendantes ou non blanches et que dans tous les cas connus au cours de ces dix dernières années les enquêtes et procédures ont été menées “avec peu de conviction”. Ces observations concernent particulièrement le canton de Vaud qui a connu un nombre disproportionné de cas dans les dernières années.

Philip Stolkin, avocat, à ensuite affirmé que le classement et la non-entrée en matière prématurés font naître “de sérieux doutes quant à la conformité de l’enquête avec l’Etat de droit.” Il cite également le traitement de l’affaire de Mike Ben Peter comme un exemple fortement inquiétant de ce point de vue.

David Mühlemann, juriste, a quant à lui expliqué que la Cour Européenne des droits de l’homme exige dans des cas tels que celui de Nzoy une enquête minutieuse, objective et indépendante. Le classement de l’affaire représente selon lui une violation claire des ce devoir d’enquête.

Lors des questions aux journalistes, on a retenu des réponses aux questions posées que l’avocat et les proches de Nzoy sont déterminés à faire recours à l’ordonnance de classement si il devait y en avoir une et qu’ils useront de tous les recours nécessaires, jusqu’à la Cour Européenne des droits de l’homme à Strasbourg.

Chose intéressante à noter, alors que les médias suisses alémaniques présents s’interrogent sur la validité de l’enquête, la plupart des médias romands semblent beaucoup plus conciliants vis à vis du procureur voire assez hostile à ce qui est présenté aujourd’hui (à l’exception du journal le courrier).

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