PREMIER EXEMPLE :
Deux tableaux et deux univers se complètent et s’excluent dans le montage de l’affiche ci-haut :
- D’un côté, une noirceur stigmatisée : c’est sombre, ténébreux, répugnant, terrifiant, sans
horizon. Aucune présence blanche. - De l’autre côté, une blancheur magnifiée : c’est radieux, lumineux, attirant, rassurant, l’horizon dégagé. Aucune présence noire. A l’exception du chien …
Indéniablement, l’approche est raciste. Le choix des deux images n’est pas fortuit. Illustrant les affiches placardées dans toute la Suisse par l’Union démocratique du Centre (UDC), parti qui gouverne la Suisse aux côtés de trois autres formations (Socialistes, Libéraux-Radicaux et Centre), elles figurent également sur le tout-ménage déversé dans toutes les boîtes aux lettres. Ce qui y est dénoncé se réduit exclusivement à l’immigration noire. Photographiés à leur débarquement en Italie, ces migrants sont abusivement assimilés par l’UDC à des personnes présentes en Suisse.
Car, il faut frapper les imaginations au moyen d’une imagerie choc porteuse d’un phantasme terrifiant (la démographie africaine) et antinomique des rêves suisses.
Voilà comment l’UDC met en perspective sa vision de la diversité humaine de la Suisse. En exhortant à voter en sa faveur, ce parti oriente ses électeurs vers l’exclusion sociale des noirs, voire leur effacement symbolisé par le « X » rouge posé sur eux (voir photo).
Par ailleurs, la blanchité menacée par ces non-désirables noirs est préservée. Dans sa volonté de truquer les enjeux, l’UDC va dès lors énumérer sur ses affiches, pêle-mêle, les « conséquences » d’une immigration noire devenue le bouc-émissaire de tous les maux de la Suisse :
- « Presque aucun logement à un prix abordable »
- « Les enfants suisses minoritaires dans les écoles »
- « Encore plus de criminalité importée »
- « Des coûts de plusieurs milliards de francs à cause du chaos de l’asile »
- « Toujours plus de constructions et de bétonnage »
- « Toujours plus d’embouteillages sur les routes »
- « Explosion des primes d’assurance maladie »
- « Bagarres violentes entre groupes d’étrangers rivaux »
Ingrédients d’un programme politique, les noirs sont livrés en pâture à des blancs menacés prétendument par leur seule présence. L’UDC s’est ainsi assurée au premier tour des élections fédérales du 22 octobre 2023 un score historique : près de 30% de voix, très loin devant... le Parti socialiste (17%).
la classe politique a brillé par un assourdissant silence devant les saillies racistes de l’UDC. Normal ? Rien de surprenant : On fait rarement des gains électoraux en Europe en défendant publiquement la dignité humaine des noirs.
Ainsi donc, attiser la haine raciale pour des gains électoraux reste payant pour ce parti politique, le plus riche et le plus puissant du pays.
Quasi assurée d’une impunité totale, l’UDC a réussi à banaliser dans l’opinion publique et politique une identité haineuse anti-Noire et pleinement assumée. Certes, la Commission fédérale contre le racisme s’est alarmée. A Genève, à l’initiative de la Fédération des associations d’Ascendants africains et Noirs de Genève (FAANG), un communiqué a été publié. La justice a été saisie. Mais, force est de retenir que l’atteinte à la dignité humaine des noirs n’a pas fait grand débat dans le pays. Une fois de plus.
Autres chefs d’oeuvre de l’UDC en matière de marketing publique
A PARTIR DE CES CONSTATS :
• Le CRAN dénonce avec vigueur la volonté de l’UDC de torpiller la cohésion sociale nationale en opposant avec récurrence Blancs et Noirs et en appelant à l’effaçage de l’immigration Noire, a priori présumée coupable d’œuvrer à une « Suisse à dix millions d’habitants » et soupçonnés de vouloir anéantir la Blancheur par le déferlement de leur Noirceur, selon la Théorie du Grand Remplacement, dernier délire des extrêmes-droites européennes [1].
• Le CRAN exhorte la classe politique anti-UDC à cesser de paraître tétanisée et complice. Incapable de contrer ce parti sur son terrain haineux, elle gagnerait à s’inspirer notamment de l’artiste et écrivain national, Friedrich Dürrenmatt (1921-1990). Antiraciste dans l’âme, ce Suisse universel a su imaginer, pour mettre fin à l’Apartheid en Afrique du Sud, une cinglante et définitive réplique opposable aux exclusionistes de l’UDC, dans un petit récit [2]
• Le CRAN exige de l’UDC RESPECT de la Dignité humaine des Noirs. Ce parti doit cesser de propager impunément sa haine de la minorité Noire du pays en vue de gains électoraux faciles. Le refus farouche de l’UDC à l’entrée de la Suisse dans l’Union européenne ne l’a jamais amené à produire de manière aussi obsessionnelle des affiches bafouant la Dignité humaine d’innombrables immigrants français et allemands frontaliers ou vivant en Suisse.
• Le CRAN appelle les représentants politiques africains, en Suisse ou en Afrique, à mettre en place des mécanismes permanents de monitoring des multiples manifestations multiformes du racisme anti-Noir en Suisse en particulier et dans le monde entier en général. Le CRAN, avec son Observatoire, est tout à fait prêt à contribuer à ce genre de mécanisme.
• Le CRAN s’interroge enfin, gagné par la perplexité et le doute : Jusqu’à quand l’électorat suisse va-t-il continuer à certifier conforme la « Qualité Suisse » abusivement auto-décernée par l’UDC à ses campagnes d’affichages violant en toute impunité le principe du respect de la Dignité humaine inscrit en lettres d’or dans la Constitution suisse à l’article 12 ?
Pour le Conseil de gestion du CRAN,
Les Porte-paroles :
• André LOEMBE, Vice-Président
• MUTOMBO Kanyana, Secrétaire général
