En effet, les dernières histoires des personnes mortes dans les cellules du Boulevard Karl-Vogt à Genève, celle de la mort de Lamin Fatty à la Blécherette, celle encore plus récente d’un jeune détenu des Etablissements de la plaine de l’Orbe, laissé dans la douleur pendant sept mois avant de devoir être opéré d’urgence pour un cancer des testicules avec métastases ne sont qu’accessoirement le fait d’erreurs ponctuelles d’agent.e.s de l’État. Elles sont surtout les conséquences directes et logiques d’un système pénal qui criminalise celleux qui y sont jugé.e.x.s indésirables, à savoir en grande partie des personnes issues de la migration, des personnes racisées, des personnes présentant des troubles psychiques et des personnes précarisé.e.x.s. Ces quelques exemples mentionnés ici - auxquels nous pouvons ajouter les mises à morts par la police de Mike Ben Peter, Roger Nzoy, Hervé Mandundu et du preneur d’otages à Yverdon - ne constituent que la partie émergée de l’iceberg, celle relayée pas les médias, alors que le plus grand nombre de violences d’État se passe quotidiennement dans les rues ou dans les prisons et zones carcérales de Suisse et du Canton de Vaud, dans l’indifférence générale.
Elle dénnonce aussi que "trop souvent, des personnes sont détenues au-delà de 48 heures dans les locaux de la police, ce qui est contraire à la l’article 27 de loi vaudoise d’introduction du Code de procédure pénale suisse
Pourtant, tous les maillons de la chaîne de ce système pénal suisse sont largement pointés du doigt. A l’international d’une part, avec récemment (le 20 février 2024) une double condamnation par la Cour Européenne des Droits humains pour profilage racial [1] et condition de détention illicite [2], mais aussi, d’autre part, au niveau cantonal avec une Commission vaudoise des Visiteurs.euses des prisons qui déplore depuis plus de 15 ans des pratiques totalement illégales au sein des institutions pénitentiaires vaudoises et des conditions de détention complètement inadaptées qui péjorent la santé des personnes détenues. Cette dernière dénnonce aussi que “trop souvent, des personnes sont détenues au-delà de 48 heures dans les locaux de la police, ce qui est contraire à la l’article 27 de loi vaudoise d’introduction du Code de procédure pénale suisse (LVCPP)”.
Un des arguments en faveur du CCS avancé par la Commandante de la Police Cantonale Vaudoise Sylvie Bula - retranscrit dans le rapport de la commission chargée d’examiner le financement du CCS - avance que la “concentration de plusieurs milliers de personnes qui passent par la gare de Lausanne chaque jour” attirerait “une criminalité qui amène la police à agir[...]” et que “par conséquent, la Polcant a besoin d’une zone à partir de laquelle elle peut se déployer, tant pour les activités courantes, que pour les manifestations.” Le rapport avance aussi que la Commandante “connait les limites à ne pas dépasser”, et qu’il est “certain que la Police ne va pas créer un lieu supplémentaire dans lequel la durée trop longue de détention est générée”.
De telles déclarations de principe relèvent de la pure hypocrise, aucune mesure de controle concret n’étant envisagée. Or, cette hypocrise a des conséquences gravissimes ; elle rend possible de l’atteinte aux droits fondamentaux et l’intégrité des personnes jusqu’à leur mort.
Alors pourquoi la majorité de “la gauche” ne s’oppose-t-elle pas à un tel projet sécuritaire et participe ainsi à armer et outiller les bras répressifs de l’Etat qui ont pourtant tant de comptes à rendre sur leur défaillances et sur leur pratiques illicites ?
Les politiques sécuritaires ne sont pas des réponses à la criminalité, mais c'est bien la criminalisation qui est un outil pour justifier les politiques sécuritaires racistes.
Au-delà des cellules et salles sans lumière ni aération naturelles, ce centre de compétences n’est rien d’autre qu’un générateur de criminalisation comme outil de construction des réalité sociales. Il est évident que les personnes qui viendront à être interpellées puis enmenées dans ce CCS seront majoritairement non-blanche, sans papier et/ou sans-abris. Nous savons que les taux de criminalité sont facilement manipulables par les personnes qui les publient dans l’intérêt des politiques sécuritaires et que le plus grand danger de la criminalité aujourd’hui n’est pas la criminalité elle-même mais la lutte contre celle-ci qui pousse les sociétés sur la pente du totalitarisme. Les politiques sécuritaires ne sont pas des réponses à la criminalité, mais c’est bien la criminalisation qui est un outil pour justifier les politiques sécuritaires racistes. Ce projet de centre sécuritaire pourra donc se vanter, dès son premier rapport, d’avoir répondu à la criminalité qu’elle aura elle-même créé et ce au prix d’un nombre de violences toujours plus élevées faisant toujours plus de victimes de l’État et de ses institutions racistes.
Nous serons présentexs devant le parlement vaudois le 7 mai pour faire entendre notre opposition au Centre de Compétences Sécuritaires.
Mobilisons-nous !
Collectif Gare À TOI
Collectif Kiboko
Droit de rester Lausanne
Outrage Collectif
Parlons Prisons Vaud
Collectif Sud Global
La Néo-Martine
Groupe antirep Vaud
Contre-attaque et autonomie
Espace Autogéré
AFA Lausanne
Grondements des terres
La Hache
Collectif de la Grève Féministe Vaud
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