Répression - Enfermement Critical Mass

Appel à soutien devant le tribunal de police lundi 13 décembre à 10:30

Le soir du 26 juin 2020, Matthias et Madeleine (noms d’emprunt) ont été pris.e.s en chasse par 2 fourgons de police alors qu’iels roulaient à vélo à Genève. Plus tôt dans la journée avait eu lieu une Critical Mass qui a été particulièrement surveillée et réprimée, avec une mobilisation de masse de la police que ce soit dans des voitures, des fourgons et à moto dans toute la ville.

Genève |

Voyant et entendant soudain que 2 fourgons se mettent à les poursuivre en pleine rue, Matthias et Madeleine ont continué à rouler, se sentant mis.e.s en danger. Ayant subi des violences policières par le passé, la crainte et le sentiment de peur étaient d’autant plus présents. Un policier essaie d’attraper Madeleine en mouvement par la porte latérale d’un des fourgons ce qui constitue clairement une mise en danger de sa personne. Pris.e de panique, leur reflexe a donc été de continuer à rouler, par instinct de survie. Finalement, Matthias et Madeleine décident de s’arrêter et sont interpellé.e.s.

Plusieurs policiers ont agi de manière violente, sexiste et raciste lors de cette interpellation : Matthias (personne non-blanche) a subi des violences policières lors de son interpellation, contre lesquelles il a porté plainte. « George Floyd, George Floyd, vous allez faire comme pour George Floyd ? La police assassine ! ». Voilà ce que hurle Matthias, terrifié par un policier qui répète, matraque à la main, qu’il va « prendre cher » entouré par d’autres de ses collègues. En descendant de son vélo (pour s’arrêter) il se fait violemment bousculer par ce même policier qui le menace avec sa matraque proche de son visage, le tout mélangé à des moqueries, du rabaissement et une bonne dose de virilisme. Lors de l’interpellation de Madeleine, le chef de la brigade de police l’ayant interpellée lui a parlé de manière irrespectueuse, paternaliste et lui a même dit qu’elle méritait d’être frappée au visage.
Madeleine et Matthias ne sont pas les seul.e.s à avoir été victimes d’une vague de violence de la part de la police et de la répression étatique dans divers mouvements, que ce soit dans le cadre d’une manifestation ou non. Le même jour, au moins une dizaine de personnes, peut-être même plus, sont concernées par la répression étatique lors de la Critical Mass du 26 juin 2020 et à d’autres dates à Genève. C’est donc loin d’être un événement isolé et on peut observer une présence et une activité grandissante et disproportionnée de la police en ville ces dernières années, que ce soit dans le cadre de manifestations politiques ou non.

Madeleine a été condamnée à 30 jours-amende de prison à 30CHF le jour (ce qui est la peine maximale pour le délit qui lui est reproché) et une amende 900chf en plus sans compter les centaines de francs de frais de procédures. On lui reproche d’avoir enfreint des règles du code de la route en circulant lors de la poursuite par la police et d’ "empêchement d’accomplir un acte officiel" (Art. 286^1 CP), un délit dont les activistes de désobéissance civile (et apparemment les personnes qui circulent tout simplement à vélo) sont souvent accusé.e.s car il est très vague et l’état apprécie le distribuer à toutes les sauces. Matthias a été condamné à une peine pécuniaire de 80 jours-amende à 30CHF le jour, son sursis lié à d’autres condamnations a été révoqué (actions politiques de désobéissance civile) plus une amende de 1’370 CHF. On l’accuse également d’empêchement d’accomplir un acte officiel (art. 286 al. 1cp), violation de règle de la circulation routière (art. 90 al. ALCR) et trouble à la tranquillité publique (art. 11D LPG).

Rappelons que la police est une institution d'Etat dont le but est de maintenir le status quo et le pouvoir hiérarchique qui est en place.

Matthias et Madeleine vont être jugé.e.s le 13 décembre 2021 à 10h30 au tribunal de police à Genève, et souhaitent visibiliser un maximum ces violences et cette répression totalement incompréhensibles. La police présente dans les rues cherchait clairement à arrêter des personnes à vélo au hasard alors que la Critical Mass était terminée. Il y a surtout des violences sexiste et raciste de la police qu’iels souhaitent mettre en lumière. Bien que la devise de la Fédération Suisse des Fonctionnaires de Police soit "en avant tous ensemble" (tous, mais qui ?), remettons les points sur les "i" et rappelons que la police est une institution d’Etat dont le but est de maintenir le status quo et le pouvoir hiérarchique qui est en place dans notre système politique et socio-économique. C’est donc par définition une institution capitaliste et patriarcale qui perpétue des inégalités de genre et de "race" entre autres dans une société et un système mondialisé marqué par une Histoire coloniale et sexiste qui fait encore partie du status quo actuel. Et oui, cela concerne aussi la Suisse : combien de femmes ont été harcelées et à combien de femmes des policiers ont manqué de respect ? Combien de femmes de policiers subissent des violences conjugales ? Des études ont montré que le taux de violences conjugales dans un couple ou l’homme est policier est supérieur à la moyenne des autres corps de métiers. Madeleine a elle-même déjà été victime de sexisme de la part de policiers par le passé. Ce qui est arrivé à Madeleine et Matthias et ce que certaines personnes ont subi en lien avec leur participation à la Critical Mass n’est rien en comparaison à d’autres qui très souvent sont la cible de la police. On ne compte plus les humiliations et les persécutions des personnes racisées, les mêmes qui ne peuvent par sortir sans subir un contrôle d’identité car apparemment elles avaient l’air « trop suspectes » ou celle qui se font assassiner par les forces de l’ordre. Une situation dont on ne doit pas s’étonner lorsqu’on « trempe dans des affaires pas nettes », voici les dire du policier qui a menacé Matthias avec sa matraque lors de son interpellation. En Suisse, la police s’est sentie légitime de tuer Lamine Fatty le 24 octobre 2017, d’assassiner Mike Ben Peter le 28 février 2018 et c’est sûrement pour cette même raison que Nzoy s’est fait tirer dessus le 30 août 2021 à la gare de Morges.

Personne ne s’engage dans une course-poursuite contre la police par "pure désinvolture vis-à-vis des règles instaurées par la loi fédérale sur la circulation routière" comme il est reproché à Madeleine dans sa condamnation. Il est temps de mettre en lumière l’oppression policière sur la population et particulièrement les groupes opprimés tels que les femmes ou les personnes non-blanches, et d’en finir avec la répression injustifiée des mouvements sociaux qui cherchent à faire passer les messages urgents de l’écologie, l’antispécisme, du féminisme et de l’antiracisme.

Vous pouvez soutenir Madeleine et Matthias ainsi que toutes les personnes subissant la répression étatique notamment lors de manifestations engagées le 13 décembre devant le tribunal de police à Genève, ou sur les réseaux sociaux en partageant ce communiqué.

Agenda

Appel à soutien devant le tribunal de police Lundi 13 décembre à 10:30

 lundi 13 décembre 2021  10h00 - 12h00
 lundi 13 décembre 2021
10h00 - 12h00
 Tribunal de police,

 

Rue des Chaudronniers 9
Bâtiment H
1204 Genève

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