La propriété pour certains, la précarité pour le reste
De grandes sociétés immobilières – c’est-à-dire des assurances, des banques, des fonds de pension – et des propriétaires privés possèdent les logements de la population. Ils génèrent des profits sur le prix des loyers et augmentent ces derniers dès qu’ils en ont la possibilité, par exemple lors de changements de locataires.
La propriété privée est plus protégée que le droit des personnes à avoir un toit et un espace où vivre : ces décisions sont politiques, et elles ne nous conviennent pas ! Cette situation ne découle pas d’un état de fait, qui irait de soi et qui serait inévitable ou même nécessaire : elle est activement entretenue par les milieux immobiliers et par l’État. C’est de l’exploitation, qui permet à certains de vivre sur le dos d’autres.
Tenons pour responsables les personnes qui maintiennent ces lois en place et ceux qui en profitent !
Bureaux vides et locaux commerciaux
Les propriétaires spéculent sur les locaux commerciaux et les bureaux vides ! Même sans locataires, ces espaces sont profitables pour les propriétaires. Ils se servent des immeubles comme de placements financiers.
Des immeubles entiers de bureaux continuent de pousser comme des champignons et continueront de se multiplier, alors même qu’ils restent vides : ce sont des placements financiers de grandes sociétés immobilières ou multinationales qui rapportent gros. Les locaux commerciaux des nouveaux quartiers flambants neufs aux loyers faramineux sont aussi accaparés par les chaînes et grosses enseignes.
Garder des bureaux et des arcades commerciales vides, ca reste profitable pour les propriétaires. C’est la spéculation immobilière, les bâtiments et locaux prennent de la valeur avec le temps : ils coûteront plus cher demain qu’aujourd’hui. Acheter un immeuble aujourd’hui, le garder vide, et le revendre demain pour une somme plus élevée, ça revient à se faire du bénéfice, même sans personne pour y habiter et payer de loyer. Pensons par exemple à l’immeuble du 8 rue Royaume !
La ville ne doit pas être un objet de spéculation !
Droit d’usage et autogestion
Habiter quelque part, prendre soin d’une maison, l’investir, la réparer, devrait donner le droit d’y rester, plus qu’un bout de papier ou un certificat de propriété. Nous revendiquons le droit d’usage, plutôt que le droit à la propriété.
Fonctionner en autogestion veut dire que les espaces de vie et de sociabilisation sont organisés par les personnes qui les utilisent. C’est considérer que seules ces personnes sont à même de choisir ce qui est bien pour elles, c’est refuser une gestion par le haut. C’est pouvoir décider de vivre en famille ou en colocation, d’agrandir des pièces communes en fonction des besoins, de transformer une cour intérieure non utilisée en jardin partagé, c’est rénover les bâtiments en fonction des besoins des habitantexs et non pour augmenter les loyers… Il est aberrant que les proprios puissent avoir autant de contrôle sur nos vies. Le titre de propriété est un droit d’exploitation des habitantexs : le proprio encaisse sous les yeux bienveillants de l’État qui orchestre ce racket.
Le logement à celleux qui y vivent !
Soutenons l’organisation collective des locataires et habitantexs face à leurs bailleurs !
Se loger est un droit
Avoir un logement devrait être plus que simplement avoir un endroit où dormir et manger entre deux journées de travail. Être bien logéex, c’est avoir une stabilité, un lieu de confort et de repos, un espace à soi, pas centré sur la productivité, où peuvent s’exprimer notre créativité, nos idées, notre humanité. Un logement ne devrait être ni un témoin de notre statut social ni une récompense.
Non à la gentrification
La gentrification, c’est le processus lent et vicieux de modification d’un quartier et de ses habitantexs. C’est l’accaparement des espaces urbains par et pour les riches. Les personnes précarisées sont contraintes de quitter leur quartier, qui devient de plus en plus branché, chic et cher, rempli de commerces et d’établissements que les habitantexs de toujours ne peuvent pas fréquenter car ils sont au dessus de leurs moyens. A Genève, on le voit très bien à la Jonction, aux Charmilles, aux Pâquis, aux Augustins…
Non seulement les locataires ne peuvent plus payer leur loyer ou leurs courses et doivent déménager, mais les rues aussi changent : c’est une véritable guerre contre les pauvres. Plus de surveillance, plus de caméras, parfois plus de police ou d’agents de sécurité privés, au nom du combat contre l’insécurité… Qui est le plus visé ? Les personnes pauvres et/ou racisées, les personnes qui travaillent dans la rue, bien sûr.
Pas de luttes urbaines sans luttes des classes !
La ville en tant qu’espace de lutte antiraciste, féministe, écologiste : convergence des luttes
Les mécanismes de domination de la société sont traduits concrètement dans la ville, qui les amplifie et les permet. La ville se construit sur ces inégalités en réservant l’espace et son aménagement à la poursuite des intérêts des classes sociales les plus aisées. Seuls les plus riches et les entreprises peuvent obtenir des appartements et des locaux au centre ville ou dans les « meilleurs » quartiers (c’est-à-dire les mieux desservis par les transports, avec le plus d’espaces vert, le moins de nuisance sonore, etc).
On exige une transformation de l’espace public, des rues sans flics qui exercent impunément des violences racistes.
On veut des logements accessibles, qui permettent facilement aux personnes sexisées de quitter le domicile conjugal quand elles en ont besoin, lieu central des violences sexistes et sexuelles.
On revendique la fin de la ville aux voitures, on veut des parcs de quartiers, des espaces de rencontres, de partage, de sport, d’ombrage et d’air frais.
La ville capitaliste est axée autour de l’efficacité, de la rapidité et de la fonctionnalité. En produisant l’espace à partir de ces idées, elle isole et sépare les individus. La ville fonctionnaliste, aseptisée, ne prend pas en considération nos désirs, nos aspirations et nos différences. Fabriquer la ville, c’est l’affaire de touxtes, ça ne devrait pas être réservé aux élites. Soyons créatifvexs collectivement, imaginons nos modes de fonctionnement et d’organisation. Occupons des maisons, partageons nos repas et rêvons ensemble nos utopies !
Une ville par nous, pour nous !
Pour que le logement soit un droit et pas une marchandise !
Aucune personne sans logement, aucun logement sans personne !
Faisons converger les luttes dans la ville et dans la rue !
Coordination Ripostes urbaines