Écologie - Antiindustriel Répression

Arsenal répressif anti-terroriste déployé par l’État français à l’encontre d’un militant écologiste suisse

Le 24 mars dernier, dans le cadre de la mobilisation contre les méga-bassines, un ressortissant suisse a été arrêté puis expulsé, après cinq nuits de privation de liberté. C’est lors d’un contrôle de police, au sortir d’une conférence sur l’eau à Melle (Deux-Sèvres), qu’il a appris son interdiction administrative du territoire pour cause de menace à la sécurité nationale.

Une interdiction administrative du territoire français incompréhensible
Du rassemblement co-organisé par les Soulèvements de la Terre à Sainte-Soline, Lou*, militant écologiste suisse, n’aura vu qu’une conférence. Arrêté sur la route le vendredi 24 mars lors d’un contrôle d’identité, la police l’informe qu’il est sous le coup d’une interdiction administrative du territoire français et le place en retenue administrative. N’ayant jamais été notifié de cette décision, c’est au commissariat qu’on lui annonce qu’il représenterait une menace imminente pour la sécurité de l’État : une mesure anti-terroriste ! Il passe 24 h à la gendarmerie, puis quatre nuits en CRA (Centre de Rétention Administrative) en attente de son renvoi en Suisse, menotté, par avion.

Lou*, étudiant et militant écologiste

Lou* a la vingtaine et étudie en Suisse romande. Comme beaucoup, il est préoccupé par les enjeux sociaux et environnementaux. Il participe depuis plusieurs années à des manifestations et des actions de désobéissance civile. Lors de la vague verte de 2019, Lou* fait partie des milliers de personnes à descendre dans les rues pour alerter sur l’urgence climatique. Comme de nombreux autres manifestant·es, il recevra une fois une ordonnance pénale pour avoir refusé de quitter la place sur laquelle il manifestait. Il se déplace régulièrement en Suisse et en France pour des conférences, des échanges et des mobilisations telles que celle sur l’eau dans les Deux-Sèvres.

Une criminalisation croissante des militant·es écologistes

Ces actions justifient-elles le fait que Lou* soit désormais perçu comme une « menace réelle, actuelle et suffisamment grave pour un intérêt fondamental de la nation » selon le ministère de l’intérieur français ?

L’ensemble des lois anti-terroristes mobilisées dans cette affaire, l’interdiction administrative de séjour prise unilatéralement et aveuglément par le ministre de l’Intérieur alors qu’il a des proches en France, et le traitement dont Lou* a fait l’objet par les forces de l’ordre, font directement écho à la notion d’« écoterrorisme » martelée dans les médias français. Depuis plusieurs mois, on assiste à la fois à un glissement de ces lois vers les militant·es écologistes et à un discours de plus en plus violent des représentant·es des autorités, à l’instar du ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin, à l’encontre de leurs opposant·es politiques. Par sa sémantique et son arsenal judiciaire anti-terroriste, le gouvernement français cherche ainsi à dépeindre le mouvement écologiste en ennemi intérieur à éradiquer.

Quel rôle joue la Suisse ?

S’il est évident que la France cherche à empêcher la venue de militant·es étranger·es sur son territoire, on peut s’interroger sur le rôle de la Suisse dans cette affaire. D’après les interlocuteur·rices de Lou* lors de sa détention, c’est le Service de renseignement de la Confédération (SRC) qui aurait fourni au service équivalent en France, la DGSI, une fiche de renseignement dont les informations sont manifestement erronées. Cette collaboration franco-suisse s’inscrit-elle dans la mise en application en Suisse de la Loi fédérale sur les mesures policières de lutte contre le terrorisme (MPT) votée par le peuple en 2021 ? Quoi qu’il en soit, participer à la criminalisation d’un militant soucieux de préserver la vie de cette planète – et par lui du mouvement écologiste dans son ensemble – fait le jeu de l’autoritarisme affiché d’un État voisin à la dérive.

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