Après des manifestations massives samedi passé à Genève et ce jeudi à Lausanne, la rue continue de se mobiliser pour la cause palestinienne.
Depuis le début de la guerre le 7 octobre, le gouvernement israélien mène une campagne de terreur sans précédent à Gaza, coupant toute nourriture, électricité, eau, carburant, fournitures médicales et médicaments à la population de 2,3 millions de Gazaouis. Il bloque l’entrée des médicaments envoyé par l’OMS. Ses militaires bombardent des maisons, des écoles, des ambulances, des marchés et des lieux de prières. Les écoles de l’UNWRA où les enfants cherchent la sécurité et les hôpitaux sont bombardés. L’ONU estime qu’il y a plus de 3’000 mort·e·s et 12’000 blessé·e·s à Gaza dont 70% de femmes et d’enfants.
En annonçant l’intensification des bombardements, Israël « ordonne » aux Palestinien·ne·s du nord de la bande de Gaza – plus d’un million de personnes – d’ « évacuer » leurs foyers. Les « corridors de sécurité » sont un mirage car Israël poursuit ses bombardements. Il n’y a nulle part où la population puisse se mettre à l’abri. La majorité des Gazaouis sont des réfugié·e·s, ils sont les descendant·e·s de ceux qui ont été chassé·e·s de leurs terres lors de la Nakba de 1948. En se dirigeant vers le sud, ils craignent avec raison une nouvelle Nakba, un nouveau nettoyage ethnique.
Parallèlement à sa campagne de terreur militaire à Gaza, Israël mène une guerre de propagande massive, soutenue par les pays occidentaux et les médias mainstream. Pour cela, Israël peut se servir de l’islamophobie ambiante et du racisme anti-arabe. Chaque Gazaoui est assimilé au Hamas. Plutôt que de parler des « écoles palestiniennes bombardées », les médias mainstream parlent « d’écoles du Hamas ». Ils parlent « d’hôpitaux du Hamas bombardés » comme si cela ne constituait un crime de guerre.
Les dirigeants israéliens ne sont pas les seuls à tenir de tels propos. Une personne interrogée sur la chaîne israélienne 14, pro-Netanyahou, a appelé Israël à "transformer Gaza en Dresde". Channel 12, la chaîne d’information la plus regardée d’Israël, a publié un reportage appelant à "danser sur ce qui était Gaza". Pendant ce temps, les termes génocidaires et les appels à "effacer" et à "aplatir" Gaza - sont devenus omniprésents sur les réseaux sociaux israéliens. À Tel-Aviv, une bannière indiquant « Zéro Gazaoui » était suspendue depuis un pont.
Avant même le massacre de plus de 500 Palestinien·ne·s à l’hôpital baptiste Al-Ahli de Gaza, et confirmant les analyses antérieures des principales organisations palestiniennes de défense des droits humains telles que Al Haq, plus de 800 universitaires internationaux ont déclaré : « En tant qu’universitaires et praticiens du droit international, des études sur les conflits et les génocides, nous sommes contraints de tirer la sonnette d’alarme quant à la possibilité que les forces israéliennes perpètrent un crime de génocide contre les Palestiniens de la bande de Gaza. »
Or le soutien des États-Unis et de l’Europe au génocide israélien en cours reste pour le moment solide : le 18 octobre, les Etats-Unis ont utilisé encore une fois leur droit de veto au Conseil de Sécurité pour rejeter un projet de résolution qui prévoyait, entre autres, l’établissement d’un couloir humanitaire vers la bande de Gaza. La Suisse, membre du Conseil de Sécurité s’est abstenu, prétextant que la résolution ne se référait pas clairement au droit international et au droit international humanitaire.
La Convention pour la prévention et la répression du crime de génocide, souligne non seulement l’impératif de prévenir ou d’arrêter un génocide en cours, mais précise également que l’inaction des États parties au traité, y compris les États tiers, constitue une complicité criminelle dans le génocide lui-même. L’encouragement et le soutien des États aux actions d’Israël, y compris le transfert forcé de civils, peuvent en outre engager la responsabilité juridique de ces États.
Face à la complicité des pays occidentaux et de leurs grands médias mainstream, face à leur silence quant aux crimes de guerre israéliens, la société civile s’est à nouveau mobilisée. Les grandes manifestations de soutien au peuple palestinien comme celle d’aujourd’hui et à travers le monde ont un impact. Nous l’avons fait aujourd’hui, dans l’urgence, pour protester contre le génocide en cours à Gaza et pour appuyer les demandes légitimes du peuple palestinien :
-* Un cessez-le-feu humanitaire immédiat, garanti par l’ONU.
- Une entrée immédiate à Gaza des besoins humanitaires vitaux (eau, nourriture, carburant, médicaments).
- La protection par l’ONU des 2,3 millions de civils palestiniens assiégés dans la bande de Gaza.
- Des prises de positions claires rejetant toute épuration ethnique.
- Un embargo militaire complet sur Israël, comme cela a été fait pour l’Afrique du Sud sous le régime de l’apartheid
- Une enquête complète et rapide de la Cour pénale internationale sur les crimes de guerre et les crimes contre l’humanité, y compris le crime de génocide et d’apartheid.
Nous continuerons à mettre la pression sur nos institutions, à mobiliser notre entourage afin de déconstruire la propagande israélienne et pour qu’un jour les enfants de Gaza puissent vivre une vie digne et que le peuple palestinien puisse connaître la liberté, l’égalité et la justice.
Crédit des photos : pecorini.ch (Creative Commons cc-by-nc-sa)