Présentation : Editée pour la première fois par Présence Africaine en 1968, la pièce d’Aimé Césaire, Une Tempête, réécrit et par là-même réinvente doublement La Tempête de Shakespeare : d’abord en réélaborant le rapport colonisé/colon (Caliban/Prospéro) à l’aune de l’histoire de la colonisation des Amériques, ensuite en reformulant le récit shakespearien depuis les luttes des mouvements noirs américains. Les figures de Malcom X et Martin Luther King imprègnent grandement sa « dramaturgie de la décolonisation », et Césaire se pose alors la question suivante : comment le souffle du langage peut-il être un lieu de libération ?
Hourya Bentouhami est professeure des universités en philosophie sociale et politique à l’Université de Toulouse Jean Jaurès, et membre honoraire de l’Institut Universitaire de France. Ses travaux portent sur les critiques de la violence et les processus de libération formulées depuis les théories et les épistémologies féministes de l’histoire et de la mémoire des esclavages transatlantiques et des colonisations africaines. Son dernier ouvrage publié est Judith Butler, Race, genre et mélancolie, paru aux Editions Amsterdam en 2022.
En 2024 et 2025, le Groupe Genevois de Philosophie propose une nouvelle formule de conférences et rencontres philosophiques en partenariat avec des théâtres et institutions culturelles genevoises (théâtre du Galpon, théâtre du Poche, Comédie de Genève, Bibliothèque de Genève). Ce cycle a pour ambition de penser ces scènes de l’émancipation avec, dans et par le théâtre et il mettra en rapport la philosophie avec d’autres pratiques théoriques et artistiques. Nous nous poserons des questions telles que : comment la performance théâtrale contribue-t-elle à articuler nos notions de liberté individuelle et collective ? En quel(s) sens le théâtre peut-il être "politique" ? Comment la tradition critique contribue-t-elle à notre compréhension contemporaine de la liberté ? Comment l’expérience de la colonisation et de l’esclavage transatlantique ont-t-elles récusé ou réécrit le grand récit occidental de l’émancipation ? Comment théoriser la révolte articulée dans et par le féminisme ? Les concepts de « scène », « théâtre », « performance » et « drame », entre autres, seront utilisés comme points d’accès à cette problématique dans une perspective multiple.
