Depuis trois mois, la Critical Mass de Genève fait l’objet d’une répression politique d’envergure. Le dernier vendredi du mois de mai, la police a tout simplement empêché les cyclistes de se rassembler, bloquant l’ensemble des accès à l’île Rousseau et ses abords. Fin juin, 23 interpellations à l’encontre des personnes participantes ont été opérées, avec promesses d’amendes par courrier recommandé. En juillet, au moins 9 personnes ont été interpellées, la police prenant littéralement en chasse les cyclistes (plus de 300 personnes) sur la plaine de Plainpalais, à la manière d’un rodéo. À chaque fois, le dispositif policier est impressionnant ; le 31 juillet, pas moins de 12 fourgons de police étaient mobilisés, en plus d’une brigade entière en scooter : au total plus d’une centaine de policiers et policières.
La répression de la critical mass s’inscrit dans une tendance plus large de restriction des libertés publiques de la part de la police dont la lutte contre la pandémie a été le prétexte.
Se déroulant depuis mai 1998 à Genève le dernier vendredi de chaque mois à 18h, la Critical Mass est une des formes d’expression d’un mouvement plus général, Reclaim the Streets, pour lequel la rue ne doit pas être monopolisée par le trafic motorisé, mais être largement ouverte à d’autres modes de mobilité, plus respectueux de l’environnement (transports publics, cycles, skates, trottinettes, la marche…), et, de ce fait, plus légitimes. La rue doit également avoir pour vocation d’être un lieu de rencontre et d’expression de nos droits politiques.
La Critical Mass n’est par essence ni violente ni dangereuse, se bornant à promouvoir une autre vision du rôle de la rue. Alors qu’elle est de mieux en mieux comprise par la population, elle est aujourd’hui en danger. Le harcèlement dont elle est victime depuis trois mois de la part de la police, à coup d’amendes injustifiées (une pour l’instant) et d’intimidations répétées a clairement pour but sa disparition de l’espace public genevois. La répression de ce mouvement, toléré depuis des années par les autorités, s’inscrit dans une restriction générale des libertés publiques de la part de la police dont la lutte contre la pandémie a été le prétexte. Citons pêle-mêle les amendes de 750 francs infligées aux personnes qui ont, par groupes de cinq, délimité autour d’elles des espaces de quatre mètres carrés pour alerter sur la gravité des changements climatiques durant la période de semi-confinement, la dispersion par la force du rassemblement prévu dans le même but par Extinction Rebellion devant l’aéroport lors de sa réouverture le 15 juin… et la liste n’est pas exhaustive !
LA SOCIETE CIVILE SE DOIT DE REAGIR
En défendant l’usage généralisé du vélo comme une alternative crédible et saine aux véhicules à moteur privés dans la crise climatique que nous traversons, la Critical Mass est un élément constitutif d’un monde meilleur auquel nous aspirons. De plus, les sommes considérables affectées à sa répression seraient certainement mieux utilisées, par exemple, en les consacrant aux énergies renouvelables et à venir en aide à celles et ceux qui subissent la crise actuelle de plein fouet.
- Parce que nous refusons les méthodes brutales contre la Critical Mass et les mouvements alertant la population sur le réchauffement climatique utilisées par la police, dont la mission est d’assurer la paix et la tranquillité publiques, et non de servir les objectifs politiques d’une minorité dont l’attitude idéologique est largement responsable de la crise que nous traversons ;
- Parce que nous revendiquons le droit à une ville où le trafic motorisé sera réservé à celles et ceux pour qui il est indispensable (transports publics, véhicules d’urgence, taxis et livraisons… ;
- Parce que la rue appartient à toutes et à tous et non à une minorité motorisée ;
SOYONS NOMBREUX.SE.S A LA PROCHAINE CRITICAL MASS, VENDREDI 28 AOÛT, 18H, ÎLE ROUSSEAU