Rue Royaume : c’est quoi les bails ?!
Au 8 rue Royaume, dans le quartier des Pâquis, un immeuble de 15 appartements est entièrement vide depuis plus de deux ans. C’est un cas intéressant de spéculation immobilière - terme qui désigne une opération menée par un propriétaire capitaliste qui vise à générer d’importants profits grâce à un bien immobilier. Les habitant·es de Royaume 8 ont été explusé·es en janvier 2021 suite à un incendie (le deuxième en un an). Ce sont Jean-Pierre Romy – le propriétaire – et le Comptoir Immobilier – la régie qui ont laissé l’immeuble se dégrader depuis 1996, date à laquelle BURVAL SA, la société de Romy, achète l’immeuble. Aucun travaux d’entretien, appartements sur-occupés, chambres louées illégalement à des personnes sans droits et donc sans possibilité de se défendre de ces abus... le coût de la spéculation immobilière a eu ici un effet direct sur les conditions de vie des habitant·es de l’immeuble, laissé dans une précarité extrême, jusqu’à la mise en danger de leur vie par un incendie. La thèse de l’incendie “accidentel” a permis au spéculateur de s’en tirer sans trop de dégât, en expulsant sans en avoir l’air les habitant·es de l’immeuble après avoir amassé des millions de francs suisses pendant presque vingt ans. Alors même que Jean-Pierre Romy - actuellement planqué au Portugal - est sous enquête du Ministère publique pour des agissements similaires dans d’autres appartements qu’il possède à Genève, les représentants de l’État n’ont pas condamné ses agissements et n’ont pris aucune mesures de protection concrètes vis à vis des habitant·es de l’immeuble qui ont payé des loyers abusifs pendant des années pour avoir un toit, au péril de leur vie.
La thèse de l'incendie "accidentel" a permis au spéculateur de s'en tirer sans trop de dégât, en expulsant sans en avoir l'air les habitant·es de l'immeuble après avoir amassé des millions de francs suisses pendant presque vingt ans.
Auto-organisation et entraide : une tentative d’occupation
Le 9 février 2023, un collectif tente d’occuper l’immeuble vide, pour le sortir de la spéculation immobilière et rendre son usage au quartier. Sans attendre, l’État envoie la police sur les lieux pour boucler le quartier et coincer dans l’immeuble 20 personnes qui en ressortent menottées et qui sont mises en garde-à-vue pendant plusieurs heures, puis poursuivies pénalement pour occupation illégale et atteinte à la propriété privée . “Atteinte à la propriété privée” : c’est bien cela dont il s’agit, un déploiement policier hors norme pour protéger un spéculateur (par ailleurs poursuivi par ce même État !). En faisant cela, l’État tente d’éradiquer toute forme d’auto-organisation, de résistance, de subsistance non-capitaliste. Ne le laissons pas y parvenir !
Qui fait les frais de la spéculation immobilière ?
La situation de la rue Royaume est une des manifestations les plus extrêmes d’une crise du logement flagrante et révoltante qui touche une grande partie des locataires de la ville. Cette crise n’est toutefois pas naturelle, ni inévitable ! Elle est au contraire le fruit d’une organisation capitaliste du logement, d’un rapport de force entre d’un côté les propriétaires (qui ici sont du bon côté et dont le profit n’est que bénef) et de l’autre les locataires (qui sont bien obligé.e.s de se loger à n’importe quel prix puisque se loger un besoin essentiel). Ce rapport inégal se traduit par l’exploitation des premiers sur les deuxièmes, en extorquant à chaque locataire un “loyer” bien au-delà des coûts que génèrent l’entretien de l’habitat. D’après une étude de l’Asloca, plus de 25% du loyer dû par les ménages locataires va directement dans la poche des propriétaires, sans autre justification qu’une pure rente injustifiée et gratuite perçue par ces derniers sur le dos des locataires. Ces loyers sont donc une façon pour des personnes (riches) qui détiennent des biens immobiliers de tirer profit sur des personnes (pauvres) qui n’ont d’autres choix que de se conformer à cette logique puisque leur propre survie est en jeu.
Ces loyers sont donc une façon pour des personnes (riches) qui détiennent des biens immobiliers de tirer profit sur des personnes (pauvres) qui n'ont d'autres choix que de se conformer à cette logique puisque leur propre survie est en jeu.
Raconter l’histoire des habitant·es de la rue Royaume en même temps que celle de milions de locataires qui souffrent du prix de leur logement n’est pas une façon de relativiser la gravité de ce que les premiers ont subit. Cette comparaison est faite pour montrer que toutes ces situations s’inscrivent dans une continuité générée par le fait que pour les capitalistes, nos maisons sont des marchandises comme les autres, qu’elles servent à générer du profit, peu importe les conséquences sur la vie de leurs habitant·es. À nous de créer de la solidarité autour de situations de vie différentes.
Que faire ?
Alors que faire ? Sans aucun doute, seule la résistance populaire permet de faire bouger les lignes et d’obtenir des victoires ! Contre une ville pour les riches, pour l’autogestion et l’autonomie : Ripostes urbaines !