Féminismes - Luttes Queer

Contre le fascisme et les Terfs, les Goudoux prennent la ville sans autor’

Avril c’est le mois des fiertés lesbiennes. Ce samedi,comme l’année passée, pour clore ce mois d’actions et de rencontres, une foule de goudoux et leurs allié.e.x.s ont parcouru les rues de genève sans en demander le droit à quiconque. On sais depuis longtemps que c’est pas les flics qui vont dire aux gouines ce qu’ielles ont le droit de faire dans l’espace public !

Genève |

Après les discours, la foule s’est engagée d’un bon pas sur l’avenue Henri Dunant. “touxtes les gouines soutiennent la palestine” “les Terfs au feu, l’extrême droite au millieu” “vénerxs, Déterxs, contre la famille nucléaire”.. Les nombreux slogans ont résonné sans cesse tout au long du parours. Les deux voitures de patrouille qui ont suivi la manif ne l’ont pas empêchée d’avancer dans une ambiance déterminée et joyeuse. Un beau moment de lutte qui donne de la force comme il faut. Vital, dans le contexte de montée des extrêmes droites qui met en danger les existence des personnes lgbtqia+ partout dans le monde.

Entre le 8 mars révolutionnaire et la Goudoux Manif, dans cette ville y’a vachement de manifs non autorisées qui sont organisées sans mec-cis. Badass oui, mais surtout important de maintenir et généraliser des manières de faire qui ont tendance a disparaitre face à la répression.

Bravo qui ? Les lesbiennes !

Voilà les discours qui ont été prononcés avant le départ de la manif :

Les lesbiennes détestent les TERFs et les fachos

Notre Premier discours est une urgence, une urgence à continuer à se mobiliser pour refuser catégoriquement l’idéologie TERF, dans nos milieux, dans notre ville, dans nos institutions politiques et décisionnaires !
L’idéologie terf repose sur le mythe du genre comme étant une réalité biologique binaire. Définir les femmes et les hommes par la génitalité et une conception bancale de la biologie. Sous un faux prétexte de protéger les femmes des violences patriarcales, incarnées par les femmes trans, et de sauver les mecs trans qui seraient en réalité des lesbiennes qui auraient transitionné pour se protéger de la lesbophobie, les TERF prétendent redéfinir les luttes féministes comme une lutte pour les personnes ayant un utérus.

Il est complètement aberrant de conceptualiser les violences patriarcales et lesbophobes à travers la seule question de la génitalité des individus car cela ne fait absolument aucun sens. Se dire féministe et définir les femmes uniquement à travers leur utérus est une insulte monumentale à tous les combats de celles qui nous ont précédées !

Ce mois-ci, la Cour Suprême du Royaume-Uni a statué sur le fait que dorénavant, les lois d’égalité femmes-hommes n’incluraient plus les femmes trans, sous prétexte que cela produit des problématiques notamment liées à la maternité ou au fait d’être enceinte. Cette décision crée un grave précédent, qui touche toutes les femmes et les lesbiennes et dont les premières victimes sont les femmes trans, un groupe social qui est déjà très précarisé et sujet à de nombreuses violences. Refuser aux femmes trans certaines protections légales, c’est activement mettre encore plus en danger une communauté qui vit statistiquement plus que les autres les violences sexistes, la précarité matérielle, le harcèlement sexuel et les féminicides. C’est tirer à bout portant des femmes, sous prétexte qu’elles ne peuvent pas faire d’enfant ou qu’elles n’ont pas la bonne forme d’organe génitaux ! En tant que féministes, en tant que lesbiennes, nous devrions toutes être extrêment choquées de cette décision et continuer à resserer nos liens de solidarité et nous organiser contre la montée de cette idéologie !

À Genève, ce 8 mars 2025, lors de la manifestation organisée par la Grève Féministe, un groupe de TERF a été identifié. Sur leur pancartes, on pouvait lire des aberrations comme « Sex based right now » et « Les lesbiennes n’aiment pas les pénis ». Grâce à la mobilisation de nombreuses personnes dans le cortège, elles ont été virées de la manifestation ! À la suite de cet événement et à l’occasion de cette Goudoux Manif, il nous est nécéssaire de marteler une nouvelle fois que les TERF ne sont pas et ne seront jamais les bienvenues chez les lesbiennes, dans nos manif et dans nos luttes, et que l’idéologie transmysogyne et transphobe des TERF constitue un pilier fort du fascisme.

Car oui le fascisme aime les TERF et vice versa !

La transphobie et la transmisogynie sont des pierres angulaires de l’idéologie fasciste et sont devenues ces dernières années un ressort théorique de l’extrême-droite pour diffuser ses idées, après la question de l’immigration. Inscrire dans la loi que le genre est immuable, comme le fait Trump, ou que les lois de l’égalité ne doivent concerner que les femmes qui peuvent se reproduire, comme le sous-entend la Cour Suprême du Royaume-Uni, voilà toutes des mesures qui visent à ré-inscrire une vision réactionnaire des femmes comme étant avant tout des « ventres sur pattes », comme si leur destin était d’enfanter. Et d’enfanter pour qui ? Pour des États aux politiques racistes et génocidaires, qui font actuellement ce qui est en leur pouvoir pour renforcer leurs politiques impérialistes, en passant par ce qu’eux-même appellent « un réarmement démographique ». Il n’est d’ailleurs pas anodin que si les femmes se doivent d’enfanter pour renforcer la nation, ce sont des femmes bien comme il faut, blanches et valides dont il s’agit. Car pour les autres, les femmes noires, les femmes des peuples autochtones des pays colonisés, les femmes handicapées, les femmes pauvres, les « déviantes », les travailleuses du sexe et les prisonnières, il existe une longue histoire de stérilisations forcées et dans nombre de pays, bien industrialisés, bien riches, bien puissances mondiales, elles se pratiquent encore !

Si des courants TERF existent chez les lesbiennes, il nous faut ici rappeler que leurs personnalités publiques sont presque toutes hétérosexuelles et cela n’est pas anodin ! Les TERF, sous prétexte de protéger les femmes, visent en réalité à promouvoir un retour à des valeurs traditionnelles réactionnaires qui sont des dangers pour toutes les lesbiennes ! Elles n’ont d’ailleurs aucun problème à s’afficher et à collaborer avec des personnalités d’extrême-droite et carrément de groupes néo-nazis, souvent composés d’hommes, dont le but est l’intimidation lorsqu’elles donnent des conférences publiques.

Les lesbiennes sont de fait dissidentexs du genre, parce qu’ielles refusent le système hétérosexuel et la domination qui lui est inhérente. Ielles sont femmes mais ielles sont aussi non-binaires, butchs, studs, trans, fems, bref autant d’identités déviantes et qui remettent en question les normes de genre et de domination patriarcale. Les lesbiennes, même si elles sont cis, ont tout à perdre face à la montée de l’idéologie terf et de l’extrême-droite !

En tant que lesbiennes, goudoux, gouines en tous genres, en tant que queer, que transpédébigouines, que LGBT, soyons nombreusexs et déterminéexs à ne pas laisser cette idéologie mortifère gagner du terrain !

EN CE JOUR DE VISIBILITE LESBIENNE, NOUS REAFFIRMONS NOTRE SOLIDARITE AVEC TOUTES LES FEMMES TRANS ! POUR UN LESBIANISME ANTIFASCISTE ET ANTI-TERF ! POUR LE DROIT A LA DIGNITÉ ET À L’AUTONOMIE POUR TOUXTES !!!

Visibilité

Le 7 janvier 2025, Meta annonce des nouvelles règles de modération sur ses réseaux sociaux, concernant les « conduites haineuses ». Il est explicitement mentionné que dorénavant le groupe autorise « les allégations de maladie mentale ou d’anormalité lorsqu’elles sont fondées sur le genre ou l’orientation sexuelle, compte tenu du discours politique et religieux sur le transgendérisme et l’homosexualité et de l’utilisation courante et non sérieuse de mots tels que ‘bizarre’ ».
Le groupe Meta annonce également ce même jour la suppression de son service de fact-checking (vérification de l’information). Jusqu’à présent, Meta disposait ainsi d’un programme de fact-checking dans plus de 26 langues, qui rémunérait plus de 80 médias à travers le monde. Tous les médias enrôlés dans le programme étaient certifiés par le Réseau international de vérification des informations. Mark Zuckerberg, le patron de Meta, explique alors que cette décision est motivée par le fait que les vérificateurs ont été trop orientés politiquement et ont plus participé à réduire la confiance qu’ils ne l’ont améliorée, en particulier aux Etats-Unis (FranceTVinfos, 8 janvier 2025).

Ces décisions sur les réseaux sociaux s’inscrivent dans un arsenal de décrets présidentiels avec effets immédiats, notamment celle officialisée par Trump qui définit les genres comme exclusivement masculin ou féminin, déterminés à la naissance et « non modifiables », ce qui interdit aux personnes trans* de mettre leurs papiers administratifs en conformité avec leur identité. Dans le même temps, Trump a également mis fin aux programmes fédéraux pour les soins de transition et a déclaré illégaux les programmes de diversité fédéraux. Et au-delà des administrations, les entreprises privées ont rapidement pris le pas et ont annoncé mettre fin à leurs propres programmes. On peut ainsi citer Meta et Amazon dans la tech, Target et Walmart dans la distribution, McDonald’s dans la restauration, ou encore Ford et Harley-Davidson, dans l’industrie.

Mais les marches des fiertés sont également durement impactées et parmi tout le territoire américain, de nombreuses Prides ont perdu des soutiens financiers significatifs (CNN 31 mars 2025). Une situation qui s’exporte même au Canada, où 3 des plus grands sponsors de la Pride de Toronto, des entreprises qui font des affaires aux USA et au Canada, ont retiré leurs financements, dans la foulée des décisions prises par Donald Trump (Journal de Montréal, 27 février 2025).

S’il nous paraît important de revenir sur ces événements et sur ces enjeux lors de la journée de visibilité lesbienne, bien qu’ils ne concernent pas - encore - directement notre territoire géographique, c’est qu’ils concernent par contre déjà directement notre réalité connectée, et qu’ils montrent bien comment cela a des répercussions bien réelles sur nos possibilités d’action.

Si les réseaux sociaux ont constitué, cette dernière décennie, un espace important où les queers et les lesbiennes ont pu se rendre visible, ont pu créer et recréer des réseaux de connaissance et de solidarité, cette visibilité reste conditionnée aux stratégies politiques de quelques multi-millionnaires, qui n’hésitent pas à se rallier avec l’extrême-droite dès que le vent tourne. Si ces quelques dernières années la queerness était un argument de vente pour les entreprises et que nous avons vu fleurir partout nombre de publicités mettant en scène des couples lesbiens et gays, cette ère semble bien révolue avec l’extrême-droite qui reprend le pouvoir un peu partout dans le monde. On peut nous traiter de malades mentales sur les réseaux ou de bizarres/dégueu, bref de « queers » OKLM. Le mot, un temps générateur de profit, revient à sa signification première, une insulte envers toutexs les dissidentexs du régime hétéro-normatif, une insulte sur les réseaux qui a des impacts sur nos vécus.

Cette année, nous avons eu toutes les peines du monde à utiliser les réseaux sociaux du groupe META, pour promouvoir les événements que nous avons organisés pendant tout le mois d’Avril mois des gouines. Nous ne voulions pas associer un compte instagram privé au compte du collectif, et nous utilisons des navigateurs et des adresses mails sécurisés. Déjà à cette étape, l’utilisation des réseaux sociaux est rendue difficile. Mais en plus, lorsque nous avons réussi à créer un compte Insta pour Avril mois des gouines, le premier a sauté directement et il n’a pas fallu attendre plus de 12h pour que le deuxième saute aussi et que nos adresses mails soient bloquées par Instagram. Nous n’avions pas du tout eu ce problème l’année dernière alors que cette année, cela a été immédiat !

Le système en place nous empêche concrètement d’être visibles, mais encore plus, nous empêche de plus en plus d’être visibles tout en se protégeant ! En effet, nous l’avions déjà dit l’année passée, de nombreux autres collectifs queers « de la sphère radicale » n’ont eu de cesse de le répéter, alors même que nous étions encore bankable : la visibilité en elle-même n’est pas un objectif politique en soi et dans de nombreux cas, elle ne fait que nous rendre plus vulnérables, si elle ne s’accompagne pas de mesures concrètes pour protéger nos droits fondamentaux !

C’est ce que nous revendiquons aujourd’hui ! Nous n’avons jamais voulu êre visibles pour servir à des intérêts capitalistes !

Aujourd’hui, en cette journée de la visibilité lesbienne, nous réaffirmons l’importance extrême de pouvoir revendiquer haut et fort notre lesbianisme, notre identité et nos valeurs antifascistes face à des montées réactionnaires qui œuvrent activement pour un retour à des valeurs traditionnelles délétères pour toutes les lesbiennes et pour toutes les femmes ! Nous voulons être visibles pour montrer que la résistance lesbienne contre les idées d’extrême-droite a toujours existé et existera toujours !

Nous voulons être visibles pour montrer à toutexs cellexs, coincées dans des schémas patriarcaux, que nous ne cesserons de lutter pour elles, sur le plan des idées mais aussi sur le plan mantériel, pour qu’elles puissent trouver les moyens de partir, de faire leur coming-out, de vivre comme elles l’entendent ! Nous voulons être visibles pour montrer qu’il existe d’autres formes de vivre, de baiser, de faire communauté que le système hétéro-normatif et que la famille nucléaire ! Nous voulons être visibles pour marteler que nous avons le droit de vivre dignement et en pleine autonomie de nos corps, que ce sont nos droits inaliénables ! Nous voulons être visibles pour faire front toutexs ensemble face aux attaques transphobes et transmisogynes ! Nous voulons être visibles pour appeler à une solidarité trans-pédé-bies-gouines, que nous chérissons et qui est et sera notre force ! Nous voulons être visibles pour montrer que les lesbiennes ne sont pas dupes du pinkwashing de l’Etat d’Israël et qu’ielles continueront de s’organiser et de crier pour une Palestine libre, de la Mer au Jourdain !!

Nous voulons être visibles selon nos propres règles et sans devoir ni nous respectabiliser pour être acceptées tant qu’on nous tolère ! Et nous voulons être visibles sans devoir demander la permission, ni à Meta, ni à l’Etat ! Et c’est pour cela que nous marchons touxtes ensembles aujourd’hui !!

P.S.

Terfs : féministes anti-trans, très appréciées par les fachos qui adorent légitimer la haine de la différence en s’appropriant à leur discours ultra-violents envers les personnes Trans.

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