Plusieurs dizaines de soutiens ont été violemment dispersés par la police à 13h causant plusieurs blessés. La police a cerné le bâtiment avant de procéder à l’arrestation des personnes encore à l’intérieur. Selon la Tribune de Genève, une plainte a été déposée par les propriétaires via le groupe M3, régie en charge de leur parc immobilier. À l’heure actuelle, elles sont toujours en garde à vue.
Durant toute la journée, les nombreuses sollicitations aux Conseillers d’Etat et aux partis gouvernementaux sont restées sans réponse.
Une occupation qui commence dans la bonne humeur et qui finit sous les coups de matraque
L’occupation allait bon train avant que la police décide d’intervenir brutalement. Les personnes rassemblées devant prenaient un repas chaud mérité, tandis que les personnes à l’intérieur s’attelaient à emménager et nettoyer le rez et le deuxième étage qui devaient servir de base au projet d’habitation et d’accueil du public.
Toute la matinée, la police a maintenu un climat de tension permanente par une présence démesurée et la proximité intrusive de la BRIC, police politique en civile destiné spécifiquement à la répression des mouvements sociaux.
Un peu avant 14h, la police commence l’évacuation. Une horde enragée de policiers anti-émeute se rue sur les soutiens présent.e.x.s. Alors même qu’à aucun moment les flics n’ont été menacés, ils n’hésitent pas à frapper brutalement tout ce qui passe devant eux, soutiens ou passant.e.x.s. Après de nombreux moments de tension tout au long de l’après-midi à travers le quartier, les flics ont cerné l’immeuble. Ils n’ont pas hésité à quadriller militairement plusieurs rues des Pâquis sans laisser les habitant.e.x.s rentrer chez elleux, afin de dissimuler aux yeux du public leur violente intervention.
Nous appelons toute personne ayant vu, subi, filmé ou photographié l’intervention à contacter le groupe anti-répression par mail à l’adresse suivante :antirep-ge@riseup.net.
Malgré cette répression féroce et démesurée, les soutiens ont conservé courage et ténacité pour faire entendre leur cris et leur révolte et ont été rejoints par de nombreux.se.s habitant.e.x.s du quartier.En évacuant immédiatement l’immeuble de la Rue Royaume, l’état empêche le déploiement d’un projet rassembleur, populaire, potentiellement subversif et avec comme valeur la solidarité plutôt que la spéculation et l’exploitation. Un projet qui lui fait peur !
Au-delà de la crise structurelle du logement, quels scandales dénonce cette occupation ?
L’histoire du 8 rue Royaume et plus généralement des stratégies de spéculation de Jean-Pierre et Alexandre Romy, avec leur société BURVAL SA, ont défrayé la chronique régulièrement depuis l’incendie de l’immeuble de la rue Royaume en janvier 2021. Rappelons rapidement ce qui caractérise leurs activités immobilières :
Des méthodes de marchand de sommeil qui profitent de la situation de détresse de personnes précaires, parfois sans papiers, en les logeant illégalement dans des appartements de leur parc immobilier. Privées de droits, ces personnes sont contraintes d’accepter des conditions d’habitation déplorables et à payer en cash des loyers exorbitants, sans passer par la régie.
Une stratégie spéculative qui consiste à faire signer des faux contrats de bail à des proches (souvent leurs propres employés), puis à augmenter les loyers de ces baux d’année en année afin de gonfler artificiellement la valeur locative du bâtiment, alors que les appartements restent vides.
Une gestion négligente de leur parc immobilier, qui relève du mépris envers leurs locataires : des immeubles qui se dégradent jusqu’au stade de l’insalubrité, des travaux effectués sans demande d’autorisation et sans prévenir les locataires alors qu’ils impliquent leur départ.
Jean-Pierre et Alexandre Romy possèdent une vingtaine d’immeubles en Suisse romande, presque tous ont fait l’objet de scandales. On peut citer l’immeuble de Lausanne Bel-air (désigné par le surnom la “Verrue”), l’immeuble de Grand-Rue 16 en Vieille-Ville de Genève, laissé à l’abandon depuis des années, tout comme ceux de la route de Malagnou 25, et de Sainte-Croix dans le canton de Vaud. Et finalement les appartements de l’avenue du Lignon 5-6-8 et de la rue Royaume 8, où des dizaines de personnes sans droits ont été logées illégalement.
Acheté pour deux millions en 1998, le bail de l’immeuble de la rue Royaume a été confié à une seule personne en 2016 qui a ensuite logé des dizaines de personnes illégalement. L’immeuble n’a jamais été entretenu, il tombait en ruine. Les appartements ont été modifiés pour y loger un maximum de personnes. Des installations électriques improvisées ont probablement généré une surcharge qui a débouché sur l’incendie de janvier 2021, causant l’expulsion de 46 personnes, dont 7 ont fini à l’hôpital.
Suite à l’incendie, les pratiques de marchand de sommeil ont été révélées au grand jour. Les pouvoirs publics ont exprimé leur surprise et leur effarement dans les médias, alors que le propriétaire était déjà sous le coup d’une enquête du Ministère public pour sous-location illicite. Pourtant, l’Etat persiste et signe en accordant une autorisation de construire pour rénovation de l’immeuble à l’été 2022. Les autorités savent pertinament ce qui est en cours dans toutes ces situations. C’est la même politique de démission de leur responsabilité qui les conduits à laisser se poursuivre des pratiques crimimelles de propriétaires et à se cacher derrière la défense propriété privée contre toute forme d’éthique et de politique sociale.
Au Conseil d’Etat, on n’a de gauche que le nom
Ce qui est légal n’est pas forcément légitime… et inversement ce qui est illégal n’est pas forcément illégitime. Les politiciens genevois ne connaissent visiblement pas cette simple leçon d’éthique. Nous sommes obligé.e.x.s de constater avec colère que ni le Conseil d’Etat à majorité de gauche, ni aucun parti au gouvernement n’a daigné répondre à nos sollicitations, ou prendre position quant à l’évacuation de l’immeuble occupé hier dans la matinée. La seule réponse à été la répression policière en dépit des scandales avérés qui entourent cet immeuble.
Nous constatons qu’à Genève l’unique réponse politique à la crise du logement est l’application d’une politique de droite. Le Conseil d’Etat se place du côté des intérêts financiers et spéculatifs de propriétaires qui laissent des marchands de sommeil prospérer dans leurs immeubles, puis les laissent à l’abandon. Cela s’oppose à ce qui est un droit constitutionnel, le droit au logement, c’est-à-dire avoir un toit, dormir au chaud et à l’abri ! L’immeuble au 8 rue royaume est vide et à l’abandon, celui du 16 grand rue également et celles et ceux qui cherchent à dénoncer ces faits sont en prison !
Une évacuation en plein hiver vient tristement rappeler le bilan désastreux du Conseil d’Etat en matière d’hébergement. En effet, l’action du Conseil d’État se caractérise par une politique générale d’urbanisme qui expulse les pauvres du centre et les relègue aux périphéries. Une absence totale d’action contre les hausses des loyers et son corolaire : l’enrichissement des promoteurs immobiliers. Cette politique à comme conséquences, un manque chronique d’hébergement d’urgence. La réouverture des abris PCI cet hiver malgré leur fermeture annoncée comme définitive en 2015. La surpopulation du foyer de l’Etoile et ses effets mortels.
Les immeubles vides n’ont pas besoin de propriétaire, ils appellent à être habités !
Liberté pour toutes les personnes incarcérées !
Expropriation des propriétaires véreux !
Que fleurissent les occupations et meure la spéculation !